Pourquoi agit-on comme on agit ? Que ce soit pour accomplir une tâche quotidienne, faire un choix important ou commettre un acte répréhensible, nos comportements ne surgissent pas de nulle part. Ils prennent racine dans un processus mental complexe, où la manière dont on perçoit la réalité, les objectifs que l'on se fixe et nos croyances personnelles jouent un rôle central.
Percevoir et interpréter sa réalité
Chaque individu perçoit le monde à travers ses propres filtres : son histoire, ses valeurs, ses émotions, sa morale. Deux personnes confrontées à une même situation peuvent s’en faire des représentations très différentes. C’est cette interprétation personnelle qui influencera les réactions futures.
Donner un sens, anticiper, agir
À partir de cette perception, on construit une idée de ce que l’on pourrait faire : c’est l’intention (la place CENTRALE de mes recherches, lectures, articles). Une intention, c’est une image mentale d’une action qu’on envisage sans l’avoir encore réalisée. Elle agit comme un engagement personnel vers un objectif. En ce sens, nous sommes des acteurs de nos propres vies – ou comme le dit le psychologue Albert Bandura, des agents actifs.
Ce qui guide nos actions, ce ne sont pas uniquement des impulsions ou des réactions immédiates, mais aussi des objectifs que nous projetons dans l’avenir. Cette capacité à se projeter et à s’auto-influencer permet d’anticiper les résultats possibles, et oriente nos décisions dans le présent.
Nos propres règles comme boussole
Quand une personne adopte ses propres normes morales ou règles de conduite, elle commence à évaluer ses comportements à travers son propre regard intérieur : est-ce que ce que je fais est en accord avec ce que je pense être juste ? Ces évaluations internes peuvent parfois être plus fortes que les récompenses ou punitions extérieures.
La pensée sur soi-même : moteur de changement
Ce que les psychologues appellent métacognition – penser à ses propres pensées – est essentiel dans ce processus. C’est cette capacité à se regarder agir, à réfléchir à la justesse de ses choix, qui permet à l’être humain de s’adapter, d’apprendre et de se corriger.
Le rôle des objectifs
Avoir un but clair augmente la motivation et l’engagement. Les objectifs proches dans le temps (ex. : « Je finis ce dossier ce soir ») aident à guider nos actions immédiates. Les objectifs lointains (ex. : « Je veux changer de carrière ») sont plus difficiles à maintenir seuls, car ils sont influencés par trop de facteurs externes. C’est pourquoi les chercheurs recommandent une organisation en paliers : des petits objectifs à court terme pour soutenir les grandes ambitions.
Motivation et intention : deux moteurs complémentaires
La motivation répond à la question : « Pourquoi est-ce que je fais cela ? » Elle s’enracine dans des besoins personnels (Maslow), des désirs internes ou des récompenses extérieures (Deci et Ryan), ou encore dans le sentiment de pouvoir agir (Bandura).
L’intention, elle, s’intéresse au « Comment vais-je m’y prendre ? » Elle est au cœur de théories comme celle du comportement planifié (Ajzen) ou de la fixation de buts (Locke et Latham). C’est ce passage à l’action qui donne corps à la motivation.
En résumé, le passage à l’acte, qu’il soit banal ou transgressif, résulte rarement d’un simple réflexe. Il s’appuie sur un enchaînement psychique : percevoir, interpréter, planifier, décider… et agir. Ce processus mental est influencé par nos croyances, nos objectifs, et notre capacité à penser sur nos propres pensées. Comprendre ce mécanisme, c’est mieux comprendre nos comportements — et ceux des autres.
À retenir : le chemin de la pensée à l’action
Perception : Nous interprétons la réalité selon nos filtres personnels (valeurs, émotions, expériences).
Intention : Avant d’agir, nous formons une image mentale de ce que nous allons faire.
Motivation : Nos actions sont guidées par le « pourquoi » (besoins, désirs, valeurs).
Objectifs : Des buts clairs et proches dans le temps renforcent l’engagement.
Auto-influence : Nous régulons nos comportements en fonction de nos propres normes.
Métacognition : Réfléchir à nos pensées et à nos actes nous permet d’ajuster notre conduite.
Comprendre ce processus, c’est mieux saisir comment une idée devient une action — qu’elle soit banale, constructive… ou déviante.