communication

L'importance du contexte

Le 26/12/2020

Observer un groupe d’individus c’est prendre de la hauteur sur la situation, sur les interactions mais sans faire de focus sur une seule personne. 
Axer son observation sur une personne serait une erreur car l’acte intentionnel n’est qu’une partie du comportement, ce n’est pas la cause.

Il est donc nécessaire d’analyser l’environnement (symbolique, imposé, choisi de Bandura), le contexte pour apprendre à prévoir les comportements sur la base des informations qui fournissent le contexte et non à partir de l’intention inférée des individus.

C’est ce que fait d’ailleurs, de façon inconsciente, chaque membre d’un même groupe d’individus. Il analyse l’interaction (théorie triarchique de Sternberg) au regard des règles sociales induites de ce même groupe de façon à prévoir à très court terme de l’interaction le prochain mouvement, la prochaine parole, geste, réaction… Chacun vient donc avec sa propre histoire et en tant qu’analyste du comportement, il est primordial de l’avoir à l’esprit.

Une interaction ne se résume pas à un échange d’actions et de réactions entre deux ou plusieurs personnes, c’est aussi un moment d’échange de règles sociales et chacun vient avec les règles qu’il a apprises, avec toutes les différences que cela induit également (culturelles, statut socio-économique, familiales…). Ce moment d’échange revêt un aspect subliminal et “seule l’information de faits nouveaux fait l’objet d’un processus autoréflexif” (apprentissage vicariant).


Références : Goffman, Birdwhistell, Hymes, Bandura, Winkin16089838082731068744537623035563

 

Comprendre et traiter l'inhibition

Le 07/04/2024

Comprendre l’inhibition et ses mécanismes

L'inhibition, en psychologie, fait référence à un processus mental qui consiste à supprimer ou à restreindre une pensée, un comportement ou une émotion. Cela peut se produire de différentes manières, telles que l'inhibition cognitive, émotionnelle ou comportementale. L'inhibition peut être à la fois bénéfique et nuisible, en fonction du contexte et de la manière dont elle est utilisée.

L'inhibition cognitive, par exemple, peut être utile pour se concentrer sur une tâche spécifique en ignorant les distractions. Cependant, une inhibition excessive peut également entraver la créativité et la flexibilité mentale. De même, l'inhibition émotionnelle peut être nécessaire pour contrôler ses réactions dans des situations sociales, mais elle peut également conduire à une suppression excessive des émotions, ce qui peut être préjudiciable à long terme.

En psychologie, l'étude de l'inhibition est importante pour comprendre comment les individus régulent leur comportement et leurs émotions. Les chercheurs s'intéressent également à la manière dont l'inhibition peut être perturbée dans des troubles tels que l'anxiété, la dépression ou le trouble de stress post-traumatique.

 

Comment l'inhibition, en psychologie, peut-elle être perturbée par des troubles comme l'anxiété et la dépression ?

L'inhibition peut être perturbée par des troubles tels que l'anxiété et la dépression de plusieurs manières.

Dans le cas de l'anxiété, une inhibition excessive peut se produire en raison d'une hyperactivation du système de réponse au stress. Cela peut entraîner une inhibition cognitive, où les pensées négatives et les préoccupations anxieuses dominent l'esprit, entravant la capacité à se concentrer sur des tâches importantes.

De plus, l'anxiété peut également entraîner une inhibition émotionnelle, où les émotions sont refoulées ou supprimées pour éviter les situations stressantes, ce qui peut conduire à une détresse émotionnelle accrue à long terme.

En ce qui concerne la dépression, l'inhibition peut être perturbée par une diminution de la motivation et de l'énergie, ce qui peut entraîner une inhibition comportementale. Les individus déprimés peuvent avoir du mal à initier des actions ou à s'engager dans des activités sociales, ce qui peut renforcer le sentiment de désespoir et d'isolement.

De plus, la dépression peut également entraîner une inhibition émotionnelle, où les émotions positives sont supprimées ou atténuées, ce qui peut contribuer à un sentiment général de vide et de détachement.

En conclusion, l'inhibition est un processus complexe et multifacette qui joue un rôle crucial dans la régulation du comportement et des émotions. L'anxiété et la dépression peuvent perturber l'inhibition en modifiant la manière dont les individus régulent leurs pensées, leurs émotions et leurs comportements.

Comprendre ces mécanismes peut être crucial pour développer des interventions efficaces pour traiter ces troubles et améliorer le bien-être mental des individus concernés.

Une distance analytique

Le 23/07/2023

Un certain nombre de personnes m’ont souvent reproché d’être peu investi émotionnellement, d’être trop froid, de ne pas pouvoir « être lu », d’être trop distant. Alors au-delà du fait qu’il est difficile pour ces personnes d’échanger avec des arguments et de manière contradictoire, au-delà de ma particularité de « haut potentiel » teinté d’un trait autistique (C'est quoi un zèbre ? - Suivez le Zèbre (suivezlezebre.com), je me suis posé cette question :

Que signifie prendre de la distance par rapport aux évènements, à une situation ? Que ce soit dans un contexte familial ou professionnel en tant que psy par exemple.

Prendre de la distance c’est analyser froidement la situation, l’enchaînement des faits, des réactions, en mettant de côté les émotions. C’est imaginer toutes les options possibles sans se mettre de barrières. Barrières relatives à notre vécu, notre expérience qui nous a confrontés aux mêmes situations. C’est appliquer de la distanciation entre soi et la réalité afin d’aborder les choses avec objectivité, dénué d’affect, c’est considéré avec détachement pour apprécier de façon impartiale.

Sauf que nous n’avons vécu que NOS situations en relation avec NOTRE environnement direct, notre foyer, nos parents, nos amis… ce sont donc nos références, pas celles des autres. Notre expérience ne signifie rien chez l’autre qui a ses propres valeurs, qui a fait ses propres expériences. Ses réactions peuvent donc être totalement différentes des nôtres dans un même contexte, elles peuvent même être contradictoires avec les nôtres.

C’est ça qu’il faut garder à l’esprit, être ouvert et se dire que tout est possible, que la nature humaine peut être très créative en matière de fonctionnement et de réactions aux situations rencontrées.

Cette compétence de distanciation peut être consciente ou inconsciente mais elle est plus prégnante chez certains. C’est de l’empathie cognitive (Economie du sadisme ordinaire (ds2c.fr)), de la tempérance (Vers la tempérance... (ds2c.fr)), une lecture purement analytique et comportementaliste, dénué de jugement de valeur. C’est avoir la capacité de relativiser et de replacer toute chose dans son contexte. Mais c’est aussi vouloir se protéger de l’afflux d’informations, des émotions parce qu’on les perçoit plus finement que les autres.  C’est rester dans un équilibre émotionnel qui donne la possibilité d’analyser la situation de façon plus distanciée et de pouvoir décider de façon plus efficiente.

Après tout ça, je suis un pur produit de John Broadus Watson, un neo behavioriste freudien !

 

Distanciation

La mimésis vocale comme stratégie comportementale

Le 01/03/2023

Définir ce qu’est une stratégie comportementale 

Les stratégies comportementales (…) regroupent l’ensemble des comportements observables utilisés par l’espèce pour s’adapter aux conditions d’un environnement afin d’assurer sa survie et sa reproduction. Cette définition réfère à celle des principes d’adaptation et d’évolution tels qu’observés, documentés et décrits par Darwin et se rattache également à la biologie comportementale.

Les stratégies comportementales humaines deviennent psychosociales lorsqu’elles sont plus spécifiques à leur induction par la société. L’espèce humaine est adaptée à son environnement social et y développe des comportements pour s’y adapter et y survivre en interaction avec les autres individus et en fonction des concepts et mécanismes en place dans cet environnement.

Lorsque nous sommes confrontés à des demandes intenses, tant sur le plan physique que psychologique, nous devons y répondre par des stratégies comportementales et cognitives qui nous impliquent, en nous confrontant à la situation ou en la fuyant. Ces stratégies répondent donc à un besoin et ont des objectifs différents selon la nécessité et les individus.

L’objectif peut être l’inclusion dans un groupe, la recherche de reconnaissance, le besoin d’opulence, la séduction… et les moyens mis en œuvre peuvent être cognitifs ou gestuels.

Plus globalement, dans toute interaction avec un ou des autres individus, il y a un dialogue vocal qui se crée dans notre tête qui va nous permettre d’intégrer les informations liées à l’environnement et à la personne, de les interpréter et de réaliser le passage à l’acte.

Ce dialogue vocal est appelé la mimésis vocale, elle fait partie intégrante du discours et concerne chacun d’entre nous. Nous entendons tous des voix dans notre tête et ce n’est pas pathologique pour autant que nous ne perdions pas pieds avec la réalité. « Dans le concert des voix orchestrées dans le langage (Perrin 2006) d’où émane le sens, les voix que tout énoncé rencontre inévitablement dans son processus de production ne sont pas que des métaphores des discours autres, ces voix ont également une consistance matérielle » (Barkat-Defradas, Dufour, 2007). C’est ce que Demers (2003) appelle la « voix sociale. » Elle a comme caractéristiques la voix physiologique en tant que tel, mais aussi la hauteur de voix, la modulation, l’intensité, le timbre et chacun de ces éléments apportent des informations quant au genre, à l’appartenance sociale, à la culture, l’origine géographique… la voix constitue notre identité sociale et identifie notre endogroupe.

Quel rapport avec une quelconque stratégie ?

Avec un dialogue vocal, être conscient de cette mimésis vocale intérieure nous permet de moduler notre voix, notre façon de parler, notre façon d’être tel que nous voulons être perçus, reconnus.

Une mère interagit avec son bébé, ses enfants, en adoptant une voix enfantine, maternelle. Un parent va recadrer son enfant en prenant une voix affirmée, sèche, lorsqu’on veut amadouer l’autre... Ainsi, nous adoptons certains éléments phoniques marqués à des fins de soumission, de dominance ou de marquage identitaire.

Quelques exemples de stratégies comportementales vocales ?

L’imitation est un bon exemple de mimésis vocale dans la mesure où l’imitateur intègre toutes les caractéristiques de la personne qu’il souhaite imiter. Il se crée alors un dialogue intérieur en amont de l’imitation proprement dite. Dans cette production parodique, il est facile de discerner les deux voix différentes.

L’échoïsation ou convergence vocale qui correspond à l’alignement progressif des éléments vocaux au cours d’une conversation (théorie d’accommodation communicative, Giles & Coupland 1991). « Dans une étude s’intéressant à ce phénomène au niveau segmental (consonnes et voyelles) et supra-segmental (prosodie et intonation), Pardo (2006) observe que la similarité phonétique augmente au fur et à mesure du déroulement des interactions. » Cet effet s’observe également dans un groupe ou, plus ou moins consciemment, une et/ou plusieurs personnes vont adapter leur façon de parler en fonction de celle du groupe dominant à des fins d’inclusion (Labov, 1966). « La parole du locuteur socialement inférieur va s’adapter à celle du locuteur socialement supérieur » (Gregory et al. 2001 : 39). J’ai, à titre personnel, très souvent constaté ce phénomène à l’école (collège, lycée), où certaines personnes désireuses d’appartenir à un clan plus affirmé, se sont mises à parler de la même façon, c’est-à-dire avec un accent de banlieue qu’ils n’avaient évidemment pas à l’origine.

« En 1992, Smith a mis en évidence que les femmes japonaises en position d’autorité troquent leur voix naturelle pour une voix sociale claquée sur le modèle masculin. »

Quelles en sont les limites ?

L’effet négatif est la limitation de la créativité, de l’innovation et de la diversité. Cette stratégie peut renforcer les écarts (rétroaction positive en cybernétique).

Imitation 

Sources :

IRASD / SSARI « Institut de recherche en architecture de société durable / Sustainable Society Architecture Research Institute (wordpress.com)

Smith, J. S. – 1992, « women in charge: politeness and directives in the speech of Japanese women”, Language and Society, vol. 21, 59-82.

M. Barkat-Defradas, F. Dufour – 2007, “la mimésis vocale : un phénomène dialogique ? », Cahiers de praxématique [En ligne], 49, document 2 – DOI : 10.4000/praxématique.934

 

La pyramide de l'esprit critique

Le 19/09/2022

 

A plus d’un titre, il est intéressant d’identifier le profil d’une personne, de savoir comment elle fonctionne. Est-elle active ? Est-elle réfléchie ? A-t-elle confiance en elle ? Est-t-elle créative, sociale, dominante ou analytique ? Quelles sont ses forces et ses limites et ainsi ajuster sa communication et faire en sorte que la personne puisse donner le meilleur d’elle-même que ce soit en individuel ou au sein d’une équipe.

Identifier comment une personne fonctionne cognitivement peut permettre également de connaître son degré de compétence en termes d’esprit critique.

Pour le Larousse, l’esprit critique se définit comme étant une méthode qui a pour objet de discerner les qualités et les défauts d’une œuvre, la valeur, l’exactitude ou l’authenticité d’un texte, d’une déclaration, d’un fait, etc…

Avoir cette compétence permet de s’extraire de tous les complots faciles, d’être factuel, pragmatique et de ne pas être dans la réaction. A coup sûr, notre décision est biaisée par nos croyances, nos projections et encore plus par les innombrables biais cognitifs qui existent.

Pour y voir plus clair, John A. List (Université de Chicago et économiste américain spécialiste d’économie expérimentale, chercheur associé au National Bureau of Economic Research) a créé une classification très simple mais logique inspirée de la pyramide de Maslow.

Cette classification aide clairement à structurer notre analyse et la voici :  

Au 4ème degré, le plus abouti, les grands penseurs : des penseurs de haut niveau qui comprennent et corrigent leurs propres préjugés et lacunes ainsi que ceux des autres ; l’égocentrisme est complètement mis à l’écart et ils ont une théorie de l’esprit supérieure ; ils réexaminent constamment les hypothèses de pensées et de méthodes pour détecter les faiblesses de la logique ou les préjugés ; ils ne se soucient pas et ils apprécient même la confrontation intellectuelle parce qu’ils sont leur pire critique.

Au 3ème degré, les penseurs habiles : ils commencent à remettre en question de manière critique ; ils comprennent que leur propre pensée a des angles morts et développent des compétences pour y remédier ; ils mettent la plupart de l’égocentrisme sur la touche ; ils comprennent la causalité et divers biais cognitifs et essayent de les éviter ; comprennent la théorie de l’esprit mais ils font quelques erreurs dans son application et ils cherchent à améliorer leur propre théorie de l’esprit.

Au 2nd degré, les penseurs néophytes : ils comprennent l’importance de la pensée mais ils remettent en question les incohérences les plus évidentes ; ils commencent à apprécier la valeur de l’empirisme mais confondent souvent corrélation et causalité ; ils restent largement égocentriques, sujets à divers biais de recherche et de pensée, ils ont peu ou pas de théorie de l’esprit.

Au 1er degré, les penseurs modal : ils font des choix et ils ont des opinions basés sur des idées préconçues, des préjugés, non basés sur la raison ou des faits. Les préjugés et leurs croyances imprègnent leurs recherches (biais du statu quo, biais de confirmation…) car ils acceptent volontiers ce qui est conforme à leurs idées fausses sans poser de questions. 

Mais comment passer d’un état mental à un autre ? Pour certain(e) ça ne se fera jamais parce qu’il faut une bonne dose de remise en question et avoir un ego bien placé. 

Pour les autres, il est nécessaire de procéder de manière “scientifique”.

Kahneman décrit dans son livre “Thinking fast and slow” l’importance de prendre le temps de penser. Nous évitons ainsi les nombreux biais cognitifs qui se glissent dans nos prises de décisions.

John A. List a créé une formation dans laquelle il a listé 6 principes de bases à appliquer pour privilégier une pensée plus efficiente. Il dispense ces principes à ses étudiants afin qu’ils développent leur esprit critique :

  1. Énoncer, expliquer et clarifier la ou les questions,
  2. Réfléchir à la ou aux questions à partir de plusieurs points de vue, en exprimant leurs propres a priori et en utilisant la pensée logique,
  3. Rassembler, organiser, assimiler des informations et des données,
  4. Identifier les hypothèses, les lacunes et les implications du processus de génération de données,
  5. Mettre à jour les priorités et considérer comment les différents points de vue des autres pourraient changer,
  6. Expliquer et appliquer ce qu’ils apprennent, en reliant ce qu’ils viennent d’apprendre à d’autres concepts et/ou à leur vie quotidienne.

Pour info, la théorie de l’esprit est la capacité cognitive qui permet de se représenter les états mentaux d’autres personnes et d’utiliser ces représentations afin d’expliquer ou de prédire leurs comportements. L’émotion n’entre pas en jeu, sinon ce serait de l’empathie.

 

Critical thinking hierarchy

Source : “Enhancing Critical Thinking Skill Formation : Getting Fast Thinkers to Slow Down”, John A. List, 2021.

 

Le port du masque et la lecture des émotions

Le 11/08/2022

Le port de masques faciaux a été l'un des moyens essentiels pour prévenir la transmission du COVID. Il est évident que ça a affecté nos interactions sociales que ce soit dans le cercle privé, public et professionnel. Tout comme il a affecté les enfants qui ont eu du mal à lire les émotions sur le visage de leurs parents.

Nos visages fournissent des informations clés de notre identité, des informations socialement importantes comme la fiabilité, l'attractivité, l'âge et le sexe, des informations qui soutiennent la compréhension du discours, ainsi que des informations détaillées qui permettent de lire l'état émotionnel de l'autre via l'analyse de l'expression. La qualification des émotions par la lecture des expressions faciales est prépondérante pour pouvoir ajuster sa communication. C’est particulièrement vrai en entretien de recrutement en face à face, pire en visio, tout comme c’était le cas en réunion d’équipe où chacun doit redoubler d’attention et de concentration afin de ne pas faire de mauvaises interprétations. 

 

Des chercheurs de l’Université de Bamberg (Allemagne) ont mené une expérience pour tester l'impact des masques faciaux sur la lisibilité des émotions. Les participants (N=41, calculé par un test de puissance a priori ; échantillon aléatoire ; personnes en bonne santé d'âges différents, 18-87 ans) ont évalué les expressions émotionnelles affichées par 12 visages différents. Chaque visage a été présenté au hasard avec six expressions différentes (en colère, dégoûté, craintif, heureux, neutre et triste) tout en étant entièrement visible ou partiellement couvert par un masque facial. Les résultats ont fait ressortir une précision moindre et une confiance moindre dans sa propre évaluation des émotions affichées. 

 

La  lecture émotionnelle était rendue très compliquée à cause de la présence du  masque. Les chercheurs ont en outre identifié des schémas de confusion spécifiques, principalement dans le cas de l’expression du dégoût, de la colère, de la tristesse à l’exception des visages craintifs ou neutres.

 

Déjà que nous ne sommes pas forcément très bons pour qualifier correctement les émotions…

 

“En ce qui concerne l'analyse de l'expression, différentes études ont montré que nous sommes loin d'être parfaits dans l'évaluation de l'état émotionnel de notre vis-à-vis. C'est particulièrement le cas lorsque nous nous appuyons uniquement sur des informations faciales pures sans connaître le contexte d'une scène. Un autre facteur qui diminue notre performance à lire correctement les émotions des visages est la vue statique sur les visages sans aucune information sur la progression dynamique de l'expression vue ou une occlusion partielle du visage.”

 

Mais alors quelles actions compensatoires peuvent maintenir l'interaction sociale efficace (par exemple, le langage corporel, les gestes et la communication verbale), même lorsque les informations visuelles pertinentes sont considérablement réduites ?

 

C’est oublier un peu vite que nous disposons d’autres options tout à fait efficaces, comme observer le langage corporel… la personne a-t-elle recours inconsciemment à des micro démangeaisons, sur quelle zone ? La posture, les épaules sont-elles voûtées, tombantes, l’une plus haute que l’autre ? Le ton de la voix, l’inclinaison de la tête, vers la droite qui trahirait une certaine rigidité dans l’écoute, vers la gauche qui indiquerait une certaine confiance ? La gestuelle des mains qui accompagne le discours est-elle ample, contenue au niveau du tronc, inexistante, rigide, souple ? Est-ce que les mains tiennent un stylo, sont-elles posées sur la table, se raccrochent-elles à la table ?

 

Tous ces marqueurs gestuels (mi)-conscients permettent de qualifier l’état émotionnel de la personne. Votre expérience et la connaissance du contexte viendront valider votre analyse.  



Visage masque

Frontiers | Wearing Face Masks Strongly Confuses Counterparts in Reading Emotions (frontiersin.org)

Bruce, V., and Young, A. (1986). Understanding face recognition. Br. J. Psychol. 77, 305–327. doi: 10.1111/j.2044-8295.1986.tb02199.x

Derntl, B., Seidel, E. M., Kainz, E., and Carbon, C. C. (2009). Recognition of emotional expressions is affected by inversion and presentation time. Perception 38, 1849–1862. doi: 10.1068/P6448

Aviezer, H., Hassin, R. R., Ryan, J., Grady, C., Susskind, J., Anderson, A., et al. (2008). Angry, disgusted, or afraid? Studies on the malleability of emotion perception. Psychol. Sci. 19, 724–732. doi: 10.1111/j.1467-9280.2008.02148.x

Bassili, J. N. (1979). Emotion recognition: the role of facial movement and the relative importance of upper and lower areas of the face. J. Pers. Soc. Psychol. 37, 2049–2058. doi: 10.1037/0022-3514.37.11.2049

Blais, C., Roy, C., Fiset, D., Arguin, M., and Gosselin, F. (2012). The eyes are not the window to basic emotions. Neuropsychologia 50, 2830–2838. doi: 10.1016/j.neuropsychologia.2012.08.010

Blais, C., Fiset, D., Roy, C., Saumure Régimbald, C., and Gosselin, F. (2017). Eye fixation patterns for categorizing static and dynamic facial expressions. Emotion 17, 1107–1119. doi: 10.1037/emo0000283

Do Masks Impair Children's Social and Emotional Development? | Psychology Today

 

Pourquoi je mens ?

Le 23/06/2022

Sherri papini

 

 

Le 24 novembre 2016, dans la nuit, Sherri Papini est retrouvée au bord d’une route de Californie. Cette jeune femme est portée disparue depuis plus de 20 jours. Nez cassé, cheveux coupés, marquée par des brûlures, portant une camisole de force. Sherri Papini dit avoir été enfermée dans un placard durant tout ce temps et battue quotidiennement par deux femmes de type sud américain. 

On est à Redding, Californie, USA.

Au cours de l’enquête, des doutes apparaissent dans le récit de la jeune femme. Mère de famille, mariée, deux enfants, elle part faire un jogging le 2 novembre et disparaît. Son mari, parti à sa recherche, ne retrouve que son téléphone avec ses oreillettes, des cheveux posés à côté. 

Les enquêteurs ont l’intime conviction qu’il s’agit d’une mise en scène. 

Une cagnotte en ligne est ouverte pour aider à trouver une piste qui permettrait de mener jusqu’à la jeune femme. Un site internet est ouvert et 24h après sa fermeture, Sherri Papini réapparaît. Elle ne donnera pas l’ombre d’une explication ce qui augmentera la suspicion. 

Internet est un outil puissant et il existe une grande communauté d’internautes qui savent en tirer partie pour creuser, pour enquêter bien plus rapidement que les autorités. 

Certains éléments vont desservir la jeune femme comme le fait que statistiquement, les enlèvements réalisés par des femmes sont rarissimes. On apprend que la mère de Sherri a décrit sa fille, lors d’un appel passé aux autorités en 2003, comme une mythomane qui a besoin d’être hospitalisée. A l’époque, elle se mutilait pour faire chanter sa mère. 

En 2017, une nouvelle analyse ADN sur ses vêtements portées lors de l’enlèvement révèle un profil masculin, qui  s’avèrera être le complice de Sherri Papini. 

Le scénario machiavélique est avoué par la jeune femme, ses blessures elle se les ait infligées avec son complice... Son procès se tiendra cet été. 

Après investigation auprès d’un expert psychiatrique - Dr Ian Lamoureux - Sherri Papini s’avère souffrir d’un désordre de la personnalité narcissique.

Pourquoi inventer des mensonges aussi énormes ? Le mensonge est un signe de détresse qu’envoie le menteur à celui qu’il veut berner. Mais pour quelles raisons ? 

Le mensonge participe à l’organisation psychologique de l’enfant, ça le structure et il contribue (c’est contre intuitif) à faire le lien entre l’enfant et l’autre. Selon Winnicott, les enfants qui s’attendent à être persécutés tentent de résoudre leur problème par un mensonge subtil consistant à se plaindre sans que cette plainte soit l’objectif réel. 

Lorsque l’enfant n’a pas pleinement profité du stade transitionnel, c’est-à-dire qu’il n’a pas su construire efficacement un espace psychique entre le dedans et le dehors. Cet espace transitionnel est là pour rappeler à l’enfant que la personne qui prend soin de lui est près de lui, quelque part, et ça le rassure. Ça fonctionne très bien avec le fameux ours en peluche, le doudou…

Sans cet espace transitionnel efficient, l’enfant conçoit le mensonge comme un facteur d’espoir. En mentant, il oblige l’environnement à le prendre en main pour le rassurer, lui montrer tout l’amour qu’il en attend, dont il a besoin impérieusement. Le mensonge a pour objectif de reconstruire l’aire transitionnelle. Le fait que l’autre tombe dans le panneau va créer le lien narcissique réparateur, ça va rassurer l’enfant menteur (ou l’adulte).

En réalité, c’est un jeu très enfantin comme Winnicott le décrit. C’est la nécessité paradoxale de se cacher pour être trouvé. 

La question qui reste en suspens pour ma part est : quelle enfance Sherri Papini a-t-elle eue ?

 

Macron vraiment méprisant ?

Le 24/04/2022

“Posture familière, (...) surprenante, très sage du bon élève, (...) son attitude révèle un certain mépris pour la candidate, (...) cette position se mue en celle d’un professeur, (...) l’index sur sa bouche intime l’ordre de se taire, (...) désinvolture” sont autant de qualificatifs qui teintent, qui confèrent à l’analyse de la gestuelle d’Emmanuel Macron une certaine subjectivité.

Les quelques analyses que j’ai lues et entendues à propos de la gestuelle d’Emmanuel Macron, suite à son débat face à Marine Le Pen, m’interpellent. Soit elles sont très évasives, dans le ressenti, soit elles vont dans le sens du ressenti commun et retranscrites par les médias c’est-à-dire qu’Emmanuel Macron affichait une attitude méprisante. Mais c’est omettre un peu facilement le contexte, le profil et l’histoire de chacun. Il est nécessaire de qualifier les gestes avec des mots suffisamment précis et neutres pour ne pas céder au ressenti.

Dans ce que j’ai vu durant les trois heures de débat et en tenant compte du contexte… Emmanuel Macron a de l’expérience dans l’exercice du pouvoir. Il a du gérer la crise des gilets jaunes, le COVID, la guerre en Ukraine. Il connaît donc très bien les rouages et la technicité de son statut, que ce soit au niveau national qu’à l’international. Qu’il ait été très précis et très technique dans ses propos ne peut être qu’une évidence. Emmanuel Macron a un profil de dominant, analytique, pragmatique. Il a largement démontré qu’il aimait les échanges avec des personnes partageant ses opinions mais également ceux qui viennent l’interpeller de façon plus âpre. C’est un lettré, il connaît très bien l’économie, il aime expliquer, démontrer, convaincre. Il a été l’ami et l’assistant de Paul Ricoeur (!) ce qui lui donne une assise intellectuelle qui n’est pas à omettre.

Marine Le Pen quant à elle vient avec toute la charge psychologique qu’à imprimé son précédent débat avec Emmanuel Macron. Elle a envie de plaire, elle a un profil plus politique, elle est influente, démonstrative, instinctive, expansive mais elle est aussi la fille de Jean-Marie Le Pen… une personne dominante, imposante, envahissante, impulsive, égotique avec laquelle Marine Le Pen a dû se construire. Il est évident qu’elle ne possède pas les mêmes connaissances opérationnelles qu’Emmanuel Macron. Donc il est aussi normal qu’elle fut plus hésitante, plus approximative.

Durant le débat, le retrait du buste d’Emmanuel Macron avec les bras croisés et les gestes d’auto-contacts ont été largement commentés et phantasmés alors qu’ils participaient à une gestuelle analytique. Il écoutait et analysait les propos de Marine Le Pen et avancait à nouveau son buste pour contre-argumenter. 

Je rejoins l’analyse d’Elodie Mielczarek (cf interview d’Apolline de Malherbe) pour qui, Marine Le Pen était comme prostrée face au danger, incapable de réagir. Elle avait une gestuelle de stress de fuite, bougeant beaucoup sur sa chaise, coupant la parole avec une voix montant dans les aigus. Elle a subi à la fois au niveau de la posture mais également dans la syntaxe de ses phrases. 

L’arrogance est brandie en accusation devant l’impossibilité de réfuter des arguments difficilement opposables par la raison. Il y a un glissement sémantique de la réflexion vers l’émotion. Le contexte et l’histoire de chacun sont des éléments sur lesquels il faut compter et à ne surtout pas oublier tant ils sont la base d’une interprétation plus froide et plus juste.

 

Lepen macron 2
Crédits : Charles Platiau, Julien de Rosa - AFP

Pourquoi favoriser l'intention dans les actes ?

Le 17/04/2022

Vouloir c'est décider en raison, se mouvoir physiquement et consentir moralement.

L'intentionnalité c'est penser à une chose, à un objet, dans son entièreté et à l'ensemble des sensations/images qu'elle suscite en nous et surtout, tout en étant conscient de ce processus (phénoménologie selon Husserl).

Mettre de l’intention dans ses actes c’est s’investir dans ceux-ci, c’est être volontaire, c’est montrer aux autres qu’on se donne les moyens de faire, c’est être dans l’action, c’est être actif.

Décryptons ce mécanisme psychologique. Vous manifestez une volonté de réaliser un acte, une action, un mouvement. Le cerveau crée une intention préalable pour la traduire en intention motrice ensuite. Pour cela, il crée une copie neuronale de l’intention qu’on appelle une “copie d’efférence”. Sur cette base, il anticipe les résultats de l’action souhaitée avant même que les muscles ne se mettent en mouvement. C’est exactement ce que font les élites des groupes d’interventions de la gendarmerie, du raid, des pilotes d’avion ou de voiture. Ils mentalisent l’action avant la mise en place.

La “copie d'efférence” remplit trois rôles indissociables : d'abord, elle permet à l’agent d’une action de corriger son mouvement en cours s’il constate la moindre erreur. Ensuite, elle est la source du sentiment dit d’”agentivité” qu’éprouve l’agent d’être l’acteur des mouvements qui composent son action. Enfin, grâce à la copie d’efférence de son intention motrice d’agir, un agent, à la différence d’un observateur de l’action, peut prévoir les conséquences sensorielles de son acte (Pierre Jacob).

Lorsque l’acte est réalisé de façon involontaire, le cerveau n’anticipe pas les conséquences,  il a donc besoin d’un temps pour s’ajuster en live.

L’intention, la volonté est prépondérante dans la mesure où elle introduit un lien causal entre l’action et les conséquences. L’effet d’anticipation ainsi généré permet au cerveau de s’approprier ses actes. C’est le propre de l’agentivité. C’est ce qui permet d’être plus efficient, plus efficace, de sortir d’un mode attentiste/victimaire pour un mode plus actif où on se donne les moyens de nos ambitions. 

A contrario, tout comportement est automatique s’il est réalisé sans se baser sur l’expérience et sans conscience. Agir de façon automatique, sans réfléchir, c’est se priver d’esprit critique, apporter une vision différente qui se confronte à celle en cours avec une argumentation réfléchie, documentée, sourcée.

Agir de façon automatique, hors actions simples qui ne requiert pas de concentration ni d’attention particulière, c’est afficher sa volonté de ne pas s’investir dans l’action, dans l’activité. C’est éviter de se remettre en question, d’accepter une autre façon de faire peut être plus efficiente. C’est ce en quoi il faut lutter dans une équipe quelle qu’elle soit.

 

L’absence de volonté peut se rencontrer en dépression. 

L'aboulie se caractérise par un manque de volonté. Il faut distinguer le manque d'entrain occasionnel d'une personne qui est fatiguée ou surmenée et qui n'arrive pas à faire face à ses obligations de façon momentanée, de la pathologie qui s'étend dans le temps, entraîne un manque de volonté et une incapacité permanente à prendre des décisions et à se fixer des objectifs.

Le sujet est dans l’incapacité à faire et en a plus ou moins conscience mais ne peut rien y faire. Il a tendance à la procrastination, il n'arrive pas à se fixer des objectifs ou à prendre des décisions. Il est également difficile pour lui d'avoir une vie sociale et professionnelle équilibrée, car il n'arrive pas à se fixer d’horaire. La moindre action étant pour lui source de pénibilité, il mettra par exemple un temps fou à se préparer le matin et il arrivera systématiquement en retard. Il est souvent submergé de toutes sortes de pensées parasitaires et ne peut passer à l'action même lorsque cela est nécessaire. 

Pierre Janet définit l'aboulie comme « une altération de tous les phénomènes qui dépendent de la volonté : les résolutions, les actes volontaires, les efforts d'attention ».

L’absence de volonté se rencontre également dans la psychasthénie ou l’apragmatisme. Il s’agit d’une incapacité à effectuer complètement des actions nécessitant une certaine coordination, alors qu'elles peuvent être conçues et qu'aucune lésion neurologique n'est décelée. Ce trouble majeur de l'activité volontaire réalise une inertie dans les conduites sociales avec désintérêt pour les nécessités quotidiennes et potentiellement d’une désinsertion socioprofessionnelle. Il s'observe fréquemment dans les états schizophréniques (source : cilf.fr).

La psychasthénie est un trouble de la personnalité qui se traduit par une appréhension forte et une intense fatigue. Elle est parfois appelée névrose obsessionnelle et se caractérise par une baisse importante de la volonté, elle a des retentissements dans tous les domaines de la vie quotidienne. 

 

Depuis des années, je travaille à comprendre et à développer l’intentionnalité parce que je suis convaincu qu’être conscient de ses actes permet de favoriser l’atteinte de ses objectifs, de lutter contre l’obscurantisme, de développer la curiosité et l’esprit critique. 

Pourquoi certaines personnes sont plus volontaires et conscientes que d’autres ? Est-il possible d’en identifier la frontière ? Peut-on aider une personne à être dans cette dynamique afin qu’elle puisse se donner toutes les chances de réussir ? Dans un monde professionnel et personnel si changeants aujourd’hui, il est juste primordial de s’inscrire dans cette démarche agile !

 

Faire un pas

 

De l''intentionnalité, s'il vous plaît.

Le 07/03/2022

Lorsque j'ai modélisé mon process d'analyse comportementale il y a quelques années, je l'avais développé autour d'un axe pluridisciplinaire.

J'y abordais l'agentivité, les défenses archaïques, les théories qui portent l'auto réflexion et la construction de la pensée. 

Dans mon management au quotidien et l'animation de mon équipe, les deux valeurs totems que je porte sont l'esprit d'équipe qui doit prévaloir, et l'intentionnalité qui permet de travailler sur l'individu et ses motivations. Ces deux valeurs sont développées dans la contruction de la pensée de mon modèle mais je dois m'arrêter un instant sur cette notion d'intentionnalité qu'Husserl a porté avec la phénoménologie. C'est une pierre angulaire de l'Etre conscient et pour vous définir ce qu'est ce totem, je dois emprunter à Christine Leroy ("La phénoménologie", Ellipses).

"L'acte du sensible et celui du sens sont un seul et même acte, mais leur quiddité n'est pas la même."

Lorsque je perçois un objet, cet objet existe bien sur le plan physique et matériel, mais la sensation que j'en ai n'est pas l'objet lui-même. Ce que j'éprouve de ma sensation de l'objet n'est pas l'objet, c'est ma perception que j'ai de celui-ci en faisant appel à mes sens.

Lorsque nous "intelligeons" un objet, lorsque nous l'intégrons intellectuellement, psychologiquement, nous en saisissons la forme de tel sorte que nous pouvons toujours penser cet objet même en son absence. C'est l'aire transitionnelle de Donald Winnicott, c'est le "noème" de Husserl, qui est l'objet tel qu'on le pense et le phénomène, la forme de l'objet tel qu'il nous apparaît.

Le mot intentionnalité signifie que la conscience est toujours dirigée vers une chose (au sens psychologique, philosophique), elle donne accès à l'objet pour soi.

"En faisant varier, ne serait-ce qu'en imagination, les diverses manières qu'à l'objet de se donner sous la forme de phénomènes, c'est à dire en le considérant sous différentes perspectives, (...) on cherche le dévoilement progressif du processus intentionnel de la conscience" : c'est la variation déictique.

L'intentionnalité de la conscience semble atteindre sa forme la plus élaborée dans le concept de volonté par son faisceau spécifique d'intentionnalités fondé en raison et engageant corporellement autant que moralement. 

Vouloir c'est décider en raison, se mouvoir physiquement et consentir moralement.

L'intentionnalité c'est donc penser la chose, l'objet, dans son entièreté et l'ensemble des sensations/images qu'elle suscite en nous et surtout, c'est être conscient de ce processus.

 

Infographie analyse comportementale

 

 

Les clignements de paupières : un élément gestuel important

Le 01/02/2022

En 1965, Jeremiah Denton, officier dans la Navy, est capturé par les nord-vietnamiens. Un an plus tard, il est forcé de participer à une interview de propagande destinée à être diffusée aux Etats-Unis.

Lors de cette interview, il prétexte les lumières aveuglantes pour cligner des paupières de façon anormale. Lors de la diffusion, la Navy comprend rapidement que ses prisonniers détenus au Vietnam sont torturés. Jeremiah Denton, par ses clignements de paupières, avait transmis un message en morse : T.O.R.T.U.R.E. 

Le clignement des paupières est un élément essentiel pour confirmer qu'une personne ressent effectivement une émotion, positive ou négative. Son intensité sera plus grande encore si l'émotion est spontanée que celle liée à un souvenir.

Il a plusieurs fonctions :

Spontané, la fermeture est fugace et ne gène pas la vision. Elle assure la redistribution du film lacrymal et débarasse le film des impuretés.

- Réflexe, il s'agit de protéger l'oeil. On distingue le réflexe sensitif, à la percussion, optico-palpébral, auriculo-palpébral.

- Volontaire, plus long que le clignement réflexe, les causes sont variables selon les personnes et le contexte (A. Faucher - Univ. Sherbrooke).

Ce dernier est intéressant à observer. Dans un environnement relativement neutre, dénué de toute charge émotionnelle, il est admis qu'une personne cligne en moyenne 15 à 20 fois par minute (Univ. College of London - Current Biology, 2005).

Etre attentif à cet élément gestuel permet d'adapter notre communication pour apaiser l'interlocuteur, lui permettre de se recentrer pour retrouver ses moyens. Cela peut également nous permettre de postuler que notre interlocuteur masque ou modifie une partie de la véracité de son discours. Dans ce cas, il clignera moins parce que cela nécessite beaucoup de ressources cognitives. La personne sera donc concentrée à travestir son discours et l'absence, ou une baisse du nombre de clignements, l'isole du monde extérieur lui permettant ainsi de se focaliser sur son discours.

Lien : 

Jeremiah Denton — Wikipédia (wikipedia.org)

Le saviez-vous ? Un prisonnier a transmis un message codé en morse lors d’une interview (dailygeekshow.com)

Jeremiah denton

 

 

Economie du sadisme ordinaire

Le 15/08/2021

En lien avec mon dernier article, il m’apparaît intéressant d’aborder sommairement la façon de fonctionner d’un sadique ordinaire. L’éducation et la préoccupation parentale peuvent ne pas suffire à l’adaptation efficiente et morale de l’enfant à son environnement. Certaines caractéristiques comportementales sont innées et sont très bien expliquées par la médecine (structures corticales, systèmes neurophysiologiques).

Blair (1995) éclaire les mécanismes d’inhibition de la violence par son modèle neurocognitif. Ces mécanismes seraient la base du développement de la moralité et de l’empathie. Ils trouvent écho dans l’éthologie canine et la psychologie évolutionniste et ils passent par la reconnaissance faciale des expressions émotionnelles. 

La reconnaissance des expressions faciales a pour rôle d’être un déclencheur à s’engager dans certains comportements, consécutivement à un passage à l’acte, à la défense d’une ressource ou d’un espace.

Par exemple, 2 chiens qui se battent pour un os ou pour un jouet. Lorsque l’un des deux adopte une position de soumission, cela entraîne l’arrêt immédiat du combat.

De même lorsque vous souhaitez faire savoir à votre chien qu’il n’est pas bien de vous sauter dessus pour vous accueillir, tournez-vous afin de lui présenter votre dos… 

Dans ce cas, qui peut être translaté à l’homme, la reconnaissance de l’émotion de peur et de tristesse opère comme un stimulus positif de renforcement aversif et enclenche l’inhibition du comportement agressif. Plus particulièrement, la peur indique à l’observateur qu’un comportement doit être évité alors que la tristesse entraîne/incite au développement de comportements prosociaux/réparateurs.

Cependant, dans certains cas, ce mécanisme évolutif ne fonctionne pas à cause d’un dysfonctionnement du développement de l’empathie et d’un développement de comportements antisociaux.

Le modèle de Newman et de Lorenz (2003) suggère qu’en plus, la modulation de la réponse doit se faire en prenant en compte les différents éléments contextuels et environnementaux.

Ce qui pourrait sembler contre intuitif, c’est que les traits de sadisme ont une capacité d’empathie intacte.

“Les recherches contemporaines se sont intéressées à la nature même du phénomène d’empathie, tentant d’identifier les mécanismes perceptifs, émotionnels et cognitifs impliqués. Certains auteurs se sont focalisés sur les mécanismes émotionnels, (...) d’autres auteurs se sont focalisés, comme Piaget , sur le processus cognitif de décentration : pour comprendre les émotions d’autrui, l’observateur se met à la place, il adopte son point de vue. Cette dernière conception n’est pas sans rappeler la définition de la théorie de l’esprit, capacité à comprendre les actions d’autrui en inférant ses états mentaux. 

(...) L’empathie implique à la fois des composants émotionnels et cognitifs : l’empathie émotionnelle désignant les réponses affectives de l’observateur face à l’émotion d’autrui ; l’empathie cognitive référant à la capacité d’adopter la perspective d’autrui ainsi qu’à des processus de régulation” (Cairn).

La capacité d’empathie cognitive doit effectivement être intacte pour permettre au sadique de prendre du plaisir à faire souffrir les autres (Baumeister, 1997 ; O’Meara et al., 2011). Les déficits affectifs associés au sadisme se situeraient au niveau de la réponse émotionnelle inadéquate à la souffrance des autres (Bateson et al., 1987 ; Kirsch et Becker, 2007). Les sadiques possèdent une capacité émotionnelle similaire à un individu normal, mais ils seraient incapables de ressentir des émotions négatives à la souffrance des autres versus aux leurs. Les signaux de détresse perçus chez les autres agissent comme des renforçateurs positifs pour les sadiques. 



Sadisme

Réf. : 

“Sadisme commun et traits psychopathiques : Leur association avec la reconnaissance émotionnelle faciale”, V. Germain Chartrand, 2020, mémoire École de criminologie - Faculté des arts et des sciences

Narme Pauline, Mouras Harold, Loas Gwénolé et al., « Vers une approche neuropsychologique de l'empathie », Revue de neuropsychologie, 2010/4 (Volume 2), p. 292-298. DOI : 10.3917/rne.024.0292. URL : https://www.cairn.info/revue-de-neuropsychologie-2010-4-page-292.htm

 

Vers la tempérance...

Le 17/01/2021

La tempérance. 

Peu en parle mais grande est cette vertue. C’est l’aptitude à contenir les émotions excessives. 

Dans le prolongement de Darwin, pour être efficace il est nécessaire d’adapter son comportement au contexte, et non le contraire. Mais ça ne se fait pas aisément, c’est selon la capacité de chaque personne. 

L’intelligence émotionnelle, entre autres formes d’intelligences (8 selon Gardner), permet de développer cette capacité d’adaptation.

Solvay (1990) la définit comme suit :

  • La connaissance des émotions. Elle se développe grâce à la granularité. Bien identifier ses émotions aide à les maîtriser et à comprendre les répercussions de ses propres décisions.
  • La maîtrise de ses émotions permet d’abaisser sa charge émotionnelle à un niveau acceptable pour faire face aux évènements.
  • L’automotivation parce que savoir canaliser ses émotions permet de mieux se concentrer.
  • La perception des émotions des autres, c’est l’empathie, qu’elle soit cognitive ou émotionnelle.
  • La maîtrise des relations humaines c’est cette capacité de savoir entretenir de bonnes relations, c’est savoir gérer les émotions des autres.

Lorsque vous ressentez de la colère suite à un événement, à une dispute ou une critique, vous pouvez l’apaiser en rompant le contact, en sortant, en vous extrayant de la situation. 

Ensuite vous pouvez vous distraire mais je vous recommande d’aller marcher quelques minutes. L’action permet de relativiser, de trouver des solutions et de faire redescendre l’émotion à un niveau satisfaisant. 

Tout en marchant, prenez le temps de bien respirer. Inspirez sur 4 temps, expirez sur 6 temps. Votre rythme cardiaque va retrouver très rapidement son niveau habituel. 

Enfin, une étude de Dolf Zillman a montré que coucher sur papier les pensées hostiles au moment où elles apparaissent permet de les capter, de les identifier, de les contester et de les évaluer.



 

Références : 

“L’intelligence émotionnelle (intégrale)”, Daniel Goleman, éd. J’ai Lu

“Mental Control of Angry Aggression”, Dolf Zillman, in Daniel Wegner et James Pennebaker, Handbook of Mental Control, op; cit.

  

 

Violences policières ou débat tronqué ?

Le 22/11/2020

La cristallisation médiatique d’une part, et d’une partie de la population d’autre part sur les violences policières, n’est-elle pas une forme de fascination ?

Comment expliquer une contestation si significative, une remise en question des méthodes employées par la police pour rétablir l’ordre social ? Pourquoi une telle ambiguïté entre le “je t’aime moi non plus” alors que les forces de l’ordre ont œuvré non sans mal pour déjouer les attentats de Paris ? Pourquoi certains individus en viennent-ils à scander, lors de manifestations sur les Champs Elysées : “suicidez-vous !” ? Entre amour et haine, soutien aux forces de l’ordre et contestation, pourquoi une telle fascination ? Pourquoi une telle passion ? Cela ne dépend-il pas d’un certain point de vue ?

C’est le même processus psychologique qui se produit lorsqu’un accident de la route survient et que les automobilistes ralentissent par curiosité. Lorsqu’un fait saillant survient mais qu’il ne concerne en réalité que peu de personnes, d’autres individus viennent forcément se greffer pour observer voire y participer d’une quelconque façon que ce soit. Bien évidemment, que ce soit avec leur téléphone ou avec leur voix, ces mêmes individus vont rapporter leur propre vision de l’évènement à leurs proches, à leurs amis, à leur groupe social, et la diffuser sur les réseaux sociaux avec les conséquences qui peuvent être désastreuses. Leur réalité est-elle d’ailleurs partagée par d’autres qui ont également assisté à la scène ? 

Les contes de Perrault exploitent ce processus psychologique de fascination, de même que les séries à succès The Walking Dead, Viking, The Punisher et autres… C’est cette notion de plaisir/déplaisir , identification/différenciation qui entre en jeu simultanément dans votre psychisme qui est exploitée. Ces contes et ces séries sont produits par l’inconscient collectif et contiennent des images très fortes en sensations comme peuvent l’être les images volées d’une manifestation. Les contes évoquent des histoires qui peuvent arriver à n’importe qui, n’importe quand et n’importe où. Ils n’indiquent aucune date, il n’y a pas de repère temporel et les protagonistes n’ont pas de nom.

Face à l’horreur, nous ressentons de l’empathie ou de l’antipathie (théorie de l’esprit) cependant, nous sommes extérieurs à la situation, ce qui contribue à emprunter une voie de décharge pour les angoisses générées. Parler de la situation, de ce qu’on a vu, de ce qu’on a ressenti, échanger des images nous permet de nous rassurer. Pour certains, il y a là un feedback possible de leur groupe social qui va exciter leur point de vue, leurs valeurs et les renforcer. Ces mêmes personnes peuvent ensuite vouloir rechercher des sensations identiques en participant à nouveau à ce même type d’évènements. En échangeant encore et encore sur les faits, nous renforçons notre sentiment d’appartenance à notre communauté, notre inclusion, nous nous rassurons sur notre normalité et peut être convertissons-nous des esprits dont l’adhésion est encore trop hésitante.

Regarder des faits violents et trouver des coupables, sans se remettre en question nous aide à comprendre et à maîtriser nos angoisses.

Cependant, ce qui est gênant dans ces images diffusées sans recontextualisation, c’est le point de vue qui se veut être celui de l’observateur. Il est généralement à charge. Force est de constater que même ceux qui devraient se positionner en tant qu’observateur sont surtout à l'affût d’un dérapage parce que cela va générer un certain public, une audience, de la publicité, des milliers d’euros à la clé… c’est le nerf de la guerre ! Pour d’autres, cela renforcera leur rôle social, leur ego, leur narcissisme.

Ainsi, ces observateurs vont traiter l’image avec un angle de vue biaisé. 

Violences policieres

Comme l’a démontré Yannick Bressan (“La particule fondamentale de l'Être", 2019,  MJW-Fédition) les personnes qui vont visionner ces images vont en avoir une certaine perception qui correspond ou pas à leurs valeurs (empathie ou antipathie). Des images mentales vont être introjectées, c’est-à-dire que la perception de la situation va “créer une représentation mentale de la réalité à laquelle (l’individu) a immédiatement accès par ses sens et qui est ponctuée par son éducation, ses souvenirs et affects. Ce processus transforme une réalité objective en une réalité subjective”. 

Ces images mentales peuvent également induire une dissonance cognitive, d’autant plus si la source de ces images a été manipulée, tronquée, scénarisée. Il s’agira alors d’une réalité fantasmée induite et prosélyte. Cette nouvelle réalité émergente va ainsi remplacer, se substituer à la réalité de l’individu. Celui-ci va l’intégrer si profondément que son attitude et ses valeurs actualisées en seront modifiées, qu’il adhère ou qu’il n’adhère pas à la situation perçue, pour retrouver enfin son homéostasie.

Selon le rapport de 2019 de l’IGPN, il y a eu +23% d’enquêtes judiciaires entre 2018 et 2019, +38 000 plaintes uniquement liées aux violences volontaires. Le Parquet de Paris ayant demandé à l’IGPN d’enquêter pour toutes plaintes relatives à l’usage de la force, quelque soit la gravité des faits (je n’ai pas réussi à obtenir le nombre de plaintes déposées par les policiers à l’encontre de citoyens, cependant elles existent).

En 2018, il y a eu 10 790 policiers et gendarmes blessés en mission (+15%), selon l’Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales, 25 morts soit 10 de plus qu’en 2017, 54 suicides dans la Police Nationale en 2019, 33 militaires en 2018 (source : Sicop et Sirpa).

N’est-il pas possible d’adopter un point de vue de réel observateur afin de relayer les violences de l’une et l’autre des parties, pour que la réponse judiciaire soit transparente et le débat dépassionné ?




 

Importer un comportement virtuel dans la vie réelle ?

Le 03/10/2020

L’utilisation quotidienne d’internet, que ce soit depuis un ordinateur, un téléphone ou une tablette, fait que nous avons tous créés des identifiants personnels sur des sites marchands, des blogs… Notre navigation dans ce monde virtuel met en lumière des comportements récurrents que nous n’avons pas forcément dans la vie réelle. 

Pour certaines personnes, la navigation, l’utilisation d’internet se fait dans un objectif de développement personnel et pour d’autres dans un but malveillant voire criminel. Pour tous, notre comportement dans la vie réelle est affecté par celui du monde virtuel, à différents degrés et cela peut également modifier certains traits de caractère.

Comment est-il possible d’importer un comportement virtuel dans la vie réelle ?

Si nous considérons internet comme un monde parallèle à part entière, alors la création d’avatars est symboliquement une nouvelle naissance.

Dans la vie réelle, Henri Wallon a théorisé le stade du miroir qui est le stade formateur de l’identité pour l’enfant âgé de 6 à 18 mois. 

“L’image du corps passe par celle imaginée dans le regard de l’autre.” Le regard de l’autre est donc capital pour le narcissisme de chacun et c’est la capture de son image spéculaire dans le miroir qui permet à l’enfant d’appréhender ce qu’il pense être.

Cette perception se maintiendra si la mère/le groupe/l’autre confirme l’enfant dans cette reconnaissance imaginaire. Ainsi, notre comportement virtuel est perçu par les autres internautes qui interagissent avec nous. Leurs feedbacks vont renforcer ou affaiblir  certains de nos comportements virtuels.

Pour Françoise Dolto, la surface du miroir est une surface psychique omni réfléchissante faisant du miroir une image mais aussi possiblement la voix ou tout autre forme sensible comme peut l’être le comportement. 

Également, dans son concept d’image inconsciente du corps, “le stade du miroir est un structurant symbolique, réel et imaginaire, mais il est surtout l’inscription définitive du sujet dans son corps biologique, une fin et non un début.”

C’est l’autre qui vous reconnaît et c’est la relation avec l’autre qui va faire que nous allons nous exprimer, nous isoler, nous faire sentir confortable, développer notre confiance. Et c’est possible parce que l’autre se projette en nous dans ce qu’il est, ce qu’il n’est pas et ce qu’il voudrait être.

Charles Horton Cooley a développé le concept de “looking-glass self” par lequel les individus construisent leur “self” (leur façon d’être - qui peut être authentique ou feint, dans ce cas nous parlons de “faux self”) en observant comment ils sont perçus par les autres. 

Cooley met en ainsi en avant le côté social de notre construction psychologique en 3 étapes : dans une situation sociale, l’individu imagine comment les autres le voit, comment ils jugent son apparence et comment ce même individu développe des sensations en fonction et répond aux sollicitations.

Mais la multiplicité des surfaces réfléchissantes peut poser question quant au développement du “self”. Être renforcé dans son comportement virtuel par les autres permet de se voir plus confiant, plus fort, de développer son estime de soi et nécessité faisant loi, ces nouveaux traits de caractère sont testés dans le monde réel, que ce soit pour faire le bien... ou le mal.

 

Crapaud boeuf

Ely-Killeuse : analyse des gestes 2 ans après

Le 05/08/2020

 

En août 2018, j’analysais une vidéo d’Ely Killeuse : “la force d’un témoignage investi et authentique”. Ely Killeuse est une blogueuse ambassadrice du Body Positive.

L’objectif de mon analyse était d’identifier les marqueurs gestuels qui illustrent la véracité d’un témoignage. En l’occurrence, la blogueuse s’exprimait pour un trouble du comportement alimentaire. Au cours de ce témoignage, j’ai mis en évidence l’évocation inconsciente d’une information connexe : le lien mère-fille dans l’enfance.

Dans sa gestuelle, la blogueuse montrait une certaine rigidité liée à elle, à son histoire mais également une gêne, un mélange de peur et de dégoût que j’interprétais comme une répulsion ressentie face à sa maladie et un sentiment de culpabilité qui imposait de ne pas en dire davantage.

Aujourd’hui, Ely Killeuse témoigne pour Brut des tabous autour de la grossesse. 

 

Depuis 2 ans, quel a été son parcours personnel ? Est-ce que son cheminement a été bénéfique ? Est-elle parvenue à passer outre son sentiment de culpabilité ?

Globalement et sans rentrer dans les détails, la blogueuse est toujours aussi authentique, le regard alternant entre passé et futur émotionnel, les sourcils sont mobiles et viennent ponctuer certains mots ou phrases. Ely Killeuse est dans le lien mais avec un esprit analytique, son axe de tête en témoigne et c’est tout à fait logique vu le contexte.

Cela étant, ce qui est intéressant à l’analyse de cette nouvelle vidéo ce sont les gestes parasites et les “non” qu’elle fait de la tête alors que les propos qu’elle tient ne sont pas négatifs. Pourquoi son corps dit “non” alors que ses propos parlent de choses positives ? Pourquoi des gestes qui viennent contrarier son discours ?

 

“La question que tout le monde te pose quand tu es enceinte : combien t’as pris ?” ; “on va se peser : sujet qui fâche”

A 1 min. 51, son index gauche vient micro-démanger l’arc de Cupidon : “la Yasmine d’avant, j’ai eu beaucoup de témoignages, elle n’aurait jamais voulu être enceinte en étant grosse.” Ce geste illustre la relation de dépendance qui existe entre elle et ses followers. Une relation d’influence sans laquelle elle n’aurait pu faire ce travail sur elle. Mais comme toute influence, c’est aussi un signe d’addiction à l’autre dont on se sert pour nourrir son narcissisme blessé.

A 3 min. 04, “(mon corps) il est juste en train de remplir sa fonction” et sa tête fait “non”. Cette sentence n’implique pas de forme négative pourtant...

A 3 min. 10, “j’ai fait une fausse couche avant cette grossesse et aujourd’hui tout ce qui m’importe, c’est que mon bébé aille bien” et sa tête fait “non”. Là non plus, aucune raison pour que son corps dise “non”. 

A 3 min. 36, son index gauche vient micro-démanger sa narine gauche, ce qui illustre que quelque chose dans son image lui est encore dérangeante. Il s’agit bien évidemment de son rapport à son corps et par extension, l’image qu’elle véhicule auprès des autres et celle qu’ils lui renvoient. Il y a bel et bien une distorsion dont elle semble toujours sensible.

La question aurait mérité d’être posée au moment même où elle a fait ces gestes. A quoi pensait-elle à ce moment là ? Ce qui se passe réellement mais dont elle n’a pas conscience, c’est que son corps réagit à ces 2 propos précédents : “combien t’as pris ?” et “Sujet qui fâche !”

Finalement, le corps d’Ely Killeuse ne fait que répondre à ces 2 questions qui ont été posées 2 minutes avant. Son esprit conscient verbalise et construit un discours pour la caméra, il est bien présent alors que son corps ne l’est plus depuis qu’il est resté bloqué sur ces 2 sujets. 

Pourquoi ? Parce que ça la dérange toujours, parce qu’elle n’est pas d’accord, parce que ça la touche encore, parce que c’est un sujet… tabou. Un parallèle est possible entre les troubles des conduites alimentaires (qu’Ely Killeuse a vécu) et le sadomasochisme qui ont de nombreux points communs. Notamment dans la description symptomatique du recours à un rituel avec investissement du geste et de l’objet. Toutes les étapes du rituel doivent être respectées pour se dégager de la tension créée par l’angoisse et l’excitation. Ce sont des rituels obsessionnels et immuables qui revêtent une nécessité pour accéder à un plaisir dominé par l’autoérotisme et la relation d’emprise sous-jacente. Le corps devient le fétiche mais la compulsion de répétition perd ses effets de maîtrise et de réparation narcissique. Le corps est vu comme un objet d’excitation et persécuteur et à ce titre, il doit être puni. L’objet est la cible des attaques et dans le cas des troubles du comportement alimentaire, c’est le corps lui-même et c’est en cela qu’il y a une analogie avec la structure perverse et la destruction de l’autre comme sujet désirant.

Tout cela a construit et façonné Ely Killeuse, ça fait partie de son histoire. Donc, la blogueuse a fait et elle a réussi en partie un travail personnel de longue haleine mais elle n’en a pas tout à fait terminé avec l’image d’elle-même et celle que les autres lui renvoient. Image dont le symbole, le vecteur est son corps. Le jugement de cette image ne devrait plus lui importer mais on ne se débarrasse pas d’une addiction comme ça, surtout lorsqu’on ne l’a pas supprimé totalement de sa vie, de sa façon de fonctionner… le rituel se perpétue par la proxémie créée et entretenue avec son public.

 

Pour conclure, le corps d'une femme ne devrait être un sujet pour personne. Personne ne devrait poser une main sur le ventre d'une femme enceinte sans son approbation.

Tout le monde devrait faire montre d'un peu de psychologie, d'empathie mais malheureusement, l'empathie (cognitive et émotionnelle) a été mise au second plan depuis très/trop longtemps. Mais ça, c'est un autre débat...

 

Ely killeuse 1

 

Le lien vers la vidéo pour cette nouvelle analyse : https://www.brut.media/fr/health/elykilleuse-brise-les-tabous-autour-de-la-grossesse-205b0c2b-0c3a-4f95-89df-78e1b40eaaf8

Lien vers le site d’Ely Killeuse : http://elykilleuse.fr/ (dernière mise à jour en 12/2018)

Lien vers mon analyse : http://www.ds2c.fr/blog/la-force-d-un-temoignage-investi-et-authentique.html

Photo : profil instagram ely-killeuse

 

Comment identifier la couleur d'un échange ?

Le 18/05/2020

Comment identifier la couleur d’une conversation ?

 

L’appel à l’aide de Thierry Beccaro pour les enfants victimes de violences

Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=PNiXy_uCDLM&t=18s

Le sujet de la communication est passionnant et il concerne chacun d’entre nous. Que ce soit dans la sphère professionnelle ou personnelle, nous sommes amenés à échanger avec des personnes avec lesquelles nous avons des intérêts communs, des sentiments, des liens.

Lorsque nous devons prendre une décision, nous pouvons nous montrés rationnels ou instinctifs. Une prise de décision rationnelle est un processus lent, cognitif, abstrait et déconnecté des émotions alors qu’une prise de décision instinctive est un processus rapide, non conscient et qui repose sur sa propre expérience, les feed back et ses émotions (https://www.cairn.info/revue-management-2009-2-page-118.htm).

En communication non verbale, il y a un item très intéressant et très rapide à s’approprier pour percevoir l’état émotionnel d’une personne. Cet item identifié sur l’instant est déterminant pour pouvoir adapter sa communication. Selon sa juste interprétation, le manager qui reçoit un collaborateur pourra questionner de façon plus précise, le thérapeute pourra utiliser plus volontier l’écoute active, le négociateur saura si l’autre s’inscrit dans la bonne dynamique, ou encore si nous plaisons à la femme que l’on aimerait séduire.

Cet item est l’axe de tête. Je devrais d’ailleurs dire LES axes de tête puisqu’il y en a 3 : 

  • l’axe sagittal représente symboliquement la hiérarchie selon que nous nous situons au dessus de l’autre ou en dessous de l’autre. Nous montrons ainsi un visage qui se dresse au dessus de l’autre, au même niveau ou en dessous du visage de notre vis à vis.

  • l’axe rotatif nous permet de comprendre avec quel oeil l’autre nous regarde. S’il nous regarde avec son oeil droit, alors notre interlocuteur fait entrer l’information pour l’intégrer, l’analyser, la classer. Il n’est pas dans le lien, il est dans le contrôle, il y a une distance. S’il nous regarde avec son oeil gauche, il établit un lien émotionnel avec nous.

  • l’axe latéral, est l’axe empathique et s’apprécie à la manière dont la tête penche à droite ou à gauche. Si c’est à droite, la personne est dans le contrôle alors qu’à gauche, elle est plutôt dans l’instinctif.

Vous avez bien compris que ces axes de tête permettent instantanément de percevoir de façon claire, la couleur de l’échange. Leur lecture nous donne l’occasion d’ajuster notre communication en fonction de notre objectif final. 

Un exemple simple, pratique et touchant est le témoignage de Thierry Beccaro en faveurs des enfants victimes de violences familiales. Nous savons aujourd’hui que l’animateur fut lui-même victime de son père. Durant la crise sanitaire, les violences familiales ont augmenté : 

https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/confinement/confinement-et-delinquance-moins-de-vols-et-de-cambriolages-plus-de-violences-familiales-6821122

Le témoignage de Thierry Beccaro nous permet d’identifier les moments où il se place en contrôle, à distance et le moment où il crée du lien. 

Dès les 10 premières secondes nous pouvons constater sa tristesse et son dépit lorsqu’il nous montre sa photo de lui, enfant (sourcils relevés au centre et descendants à leur extrémité, coin extérieur gauche de la bouche descendant).

A la 18ème seconde, l’animateur a du mal à verbaliser des propos difficiles, il les retient avec une bouche dite “en huître”. Ses lèvres rentrent dans sa bouche. 

Lorsqu’il établit un pont entre lui et les enfants qu’il souhaite toucher par cette vidéo, son axe de tête penche sur sa gauche : “... je pouvais m’évader…”, “... c’est parce que je suis passé par là…”, “... je sais qu’il faut faire les devoirs, qu’il faut faire du télétravail…”.

Mais lorsque la maltraitance est verbalisée, lorsqu’il aborde le risque de violence, alors sa tête penche sur sa droite : “... je suis passé par cette phase de maltraitance…”, “... mais là, les enfants ne peuvent pas s’évader…”

Vous pouvez regarder à nouveau cette vidéo en prêtant une attention spécifique à son regard, notamment en vous demandant avec quel oeil l’animateur nous regarde/parle. Vous saurez ainsi si Thierry Beccaro renforce le lien émotionnel qu’il essaie de créer, ou s’il accentue la distance qu’il place inconsciemment entre lui et la violence faite aux enfants.

En cette période difficile psychologiquement, même si le déconfinement se fait, il est important de faire attention aux violences familiales, sur un adulte (une femme dans la majeure partie des cas) ou sur un enfant.

Voici le process mis en place par le gouvernement, au cas où… :

https://www.interieur.gouv.fr/Actualites/Police-de-securite-du-quotidien/Covid-19-La-PSQ-en-periode-de-crise-sanitaire/Mobilisation-contre-les-violences-conjugales-et-intrafamiliales

 

 

 

Photo : https://unmuseepourlemime.com/2019/04/23/corps-parle-compagnie-mouvement-yves-marc/

Axe de tete mouvement

"Sors de ta zone de confort !"

Le 27/10/2019

« Tu dois sortir de ta zone de confort ! »

 

Qui n’a jamais été confronté à la nécessité de se remettre en cause, à vouloir changer, à vouloir se dépasser pour atteindre un objectif audacieux, changer d’environnement ou encore tenter de nouveaux défis ?

J’ai souvent entendu des coachs, thérapeutes, art-thérapeutes, formateurs ou entraineurs dirent qu’il était pour cela impératif de dépasser ses limites, de sortir de sa zone de confort. Mais une fois qu’ils ont dit ça, ils n’ont rien dit. Et qu’est-ce que ça veut dire « sortir de sa zone de confort » ou de « dépasser ses limites ? »

Je leur ai toujours rétorqué (et qu’ils n’ont jamais voulu entendre) que si la personne dépasse ses limites, alors elle ne peut plus s’adapter parce qu’elle aura dépassé son point de rupture. C’est le même résultat que faire « tout » ou « rien », c’est-à-dire l’échec, le renoncement, le sentiment de ne pas pouvoir y arriver parce que l’objectif est trop difficile à atteindre. Il me semble important d’aller taquiner ses limites mais sans jamais les dépasser. Petit à petit, la limite s’éloigne un peu plus loin…

Je peux faire le parallèle avec le stress dit normal et le stress dépassé.

Le stress est une réaction réflexe, neurobiologique, physiologique et psychologique d’alarme, de mobilisation et de défense de l’individu à une agression, une menace ou une situation inopinée. Le stress adapté/normal se limite aux manifestations neurovégétatives et ne dure que le temps d’exposition, alors que le stress dépassé provoque sidération, fuite panique et comportements automatiques et dure dans le temps.

Voyez qu’il est donc important de bien connaître ses limites afin de les repousser sans jamais les dépasser.

 

Mais voyons ce qui se joue dans ce changement qui nécessite une adaptation comportementale.

 

Le changement, c’est une nouvelle adaptation qui peut s’appeler aussi « équilibration ».  L’équilibration est le résultat d’une assimilation et d’une accommodation.

Assimiler, c’est incorporer des objets/éléments extérieurs (vus comme des résistances) compatibles avec sa nature, avec lesquels le sujet devra composer. L’équilibration doit être « majorante », c’est-à-dire que nous devrions toujours tendre vers un équilibre supérieur pour nous enrichir, devenir meilleur. Ça devrait être un progrès mais force est de constater que trop de personnes préfèrent l’immobilisme, c’est beaucoup plus simple et moins énergivore.

S’accommoder, c’est se modifier en fonction des particularités des éléments extérieurs en tenant compte des axes « plaisir-déplaisir » et « opérant-inopérant ».

Accepter un nouveau défi (problème), c’est accepter la perturbation (déséquilibre) qu’il va provoquer et dont l’intensité va dépendre des moyens mis en œuvre (compensation) pour relever ce défi et toute sa difficulté. « Les essais nécessaires et leurs ajustements (construction) conduisent progressivement à dépasser les formes antérieures des connaissances pour déboucher sur un nouvel équilibre comparativement meilleur (équilibration majorante). »

 

Comment s’adapter ?

 

Les moyens mis en œuvre pour s’adapter à une nouvelle situation, un nouvel exercice, etc… vont dépendre de 2 processus :

  • L’abstraction simple qui est le fait d’extraire des informations pertinentes de la situation pour mieux l’appréhender et convoquer ses propres ressources pour la dépasser,
  • L’abstraction réfléchissante qui est le fait d’élaborer des relations entre les éléments constitutifs de la situation.

L’adaptation peut se faire à l’intérieur du système, à l’intérieur de nous-même, c’est-à-dire en modifiant notre façon de faire, nos habitudes. Elle peut également se faire à l’extérieur du système, en agissant sur la situation et en dépassant son cadre strict.

 

La théorie des 21 jours

 

Il faut savoir que pour qu’un changement de comportement en remplace un autre, il est nécessaire de le maintenir (sans flancher) durant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Certains coachs en développement personnel vantent la théorie des 21 jours pour tout et rien. A savoir qu’il faudrait 21 jours pour que le cerveau se « reconfigure ». Sauf que cette théorie est une vaste fumisterie qui nous vient d’un chirurgien esthétique américain, Maxwell Maltz, qui dans les années 1960 avait constaté qu’il fallait un minimum de 3 semaines à ses patients pour s’adapter à leurs changements physiques. Il en avait tiré un livre « best-seller » qui continue de faire son effet. A ce jour, aucune étude scientifique vient accréditer cette théorie.

 

Changer, c’est donc une remise en question de son propre fonctionnement mais également la nécessité d’adopter une vue extérieure en se plaçant à distance de la situation. Chaque objectif et sous-objectif pourra être atteint petit à petit, en toute sécurité. Ce qui nous permettra de consolider notre comportement adaptatif.

Source : S. Larivée 1982 – « D’une théorie de la connaissance à la modification du comportement ou quelques liens Piaget-Watzlawick »

 

 

Instant popcorn : analyse comportementale de Jean-François, prétendant dans l'Amour est dans le pré 2018

Le 06/10/2019

Pourquoi Jean-François vous semble bizarre ?

Je me suis étonné de façon candide que Jean-François, prétendant dans l’émission « l’amour est dans le pré » (2018), vous apparaisse bizarre voire limite psychopathe. A-t-il eu une attitude si déroutante et peu engageante au speed dating ? Pas pour tous puisque Aurélia a choisi de le revoir :

https://www.programme.tv/news/tele-realite/202893-lamour-est-dans-le-pre-2018-aurelia-en-pincait-deja-pour-jean-francois-avant-de-le-rencontrer/

Avant d’analyser rapidement ces quelques instants éprouvants pour le candidat, je pense important de repréciser les définitions du stress, de la peur et de l’angoisse.

 

Le stress

C’est une réaction d’adaptation de l’organisme qui sert à maintenir l’équilibre physiologique et psychologique d’un individu qui se trouve confronté à un élément/situation/évènement stresseur. Le stress devient un risque pour la santé lorsqu’il est éprouvé dans la durée.

 

La peur

C’est un sentiment éprouvé en présence ou à la pensée d’un danger, d’une menace réel ou supposé. Elle est immédiate et spontanée.

 

L’angoisse

C’est un sentiment de l’ordre du vécu mais sans objet face à laquelle il semble ne pas y avoir de solution. L’esprit se fige, l’individu a l’impression de ne pas pouvoir la maîtriser (vs l’anxiété).

 

Une fois ce rappel fait, penchons-nous sur la situation !

L’émission diffusée sur M6 connait un certain succès. Les candidats sont mis en situation dans le cadre de rencontres scénarisées. Sur le plateau ou en extérieur, ce sont des caméras omniprésentes, des sources de lumière pour mettre en valeur les candidats et un certain nombre de techniciens également présents. Nous pouvons donc dire qu’il s’agit d’une situation qui n’est pas habituelle pour chacun d’entre nous. Ainsi, face à une situation exceptionnelle et inconnue, le corps et l’esprit doivent s’y adapter pour faire redescendre le niveau de stress à un niveau acceptable.

Je précise que chaque personne possède un niveau d’acceptabilité qui lui est propre. Un individu peut très mal gérer son stress tandis qu’une autre saura le transformer en un stimulant.

 

Le prétendant

Jean-François, la 30aine, ébéniste vivant chez sa mère avec laquelle il a tissé des liens « indestructibles » depuis la mort de son père lorsqu’il était âgé de 14 ans.

Il n’a pas connu ses grands-parents.

 

Qu’observons-nous factuellement ?

Lors du visionnage de la scène, au cours du speed dating qui dure environs 1 minute 30, nous pouvons mettre en exergue plusieurs marqueurs gestuels qui ont tous un horizon de sens spécifique.

La position assise est dite neutre. Il est au milieu de son siège et semble indécis sur l’attitude, la position à tenir. Il y a donc une certaine ambiguïté qui est déjà observable. Nous pouvons déjà dire qu’il y a un « conflit » intra psychique qui tient de l’ordre de l’intentionnalité : « dois-je y aller et m’investir, ce qui revient à me découvrir dans cet environnement inconnu et donc potentiellement hostile ? »

Nous observons également que ses mains sont jointes, doigts repliés, entre ses jambes et sous la table. Elles sont en position basse, ce qui traduit d’emblée une émotion négative. Cette position des mains marque un retour sur soi, une certaine protection face à un danger potentiel et ainsi, une implication mesurée dans la scène.

Nous constatons que Jean-François frotte ses mains paumes contre paumes, comme s’il se les lavait. Ce geste traduit un mal être, un malaise. En psychologie, nous dirions qu’il s’agit d’un geste contra phobique, c’est-à-dire qu’il vient atténuer l’angoisse ressentie (en Synergologie, nous pouvons faire un parallèle avec la goutte de malaise).

JF souffle fort à plusieurs reprises pour se donner du temps, pour améliorer aussi physiologiquement l’apport en oxygène. En psychothérapie, pour gérer son stress, je vais vous inviter à inspirer sur 4 temps et à expirer sur 6 temps de façon à solliciter le système parasympathique qui vous aidera à vous relaxer : http://www.psychomedia.qc.ca/neurologie/2009-07-26/qu-est-ce-que-les-systemes-nerveux-sympathique-et-parasympathique

 

Il se mord également la lèvre inférieure, un geste qui ne se fait que dans des situations anxiogènes, pour ensuite se gratter de la main gauche le côté gauche de sa tête, puis enfin le côté gauche de sa nuque. Ces gestes illustrent la réflexion mais également que quelque chose énerve la personne qui fait tout pour tenter de maîtriser la situation mais sans trop savoir comment communiquer.

Nous pouvons observer ses jambes qui remuent, signe d’un désir de se mettre en marche/en action, signe que la personne subit la situation mais qu’il serait très mal interprété de partir sur le champ.

Enfin, avant dernier marqueur gestuel qui traduit l’authenticité, c’est la défocalisation passive du regard. C’est-à-dire que JF, à certains moments, laisse partir son regard dans le vague de façon inconsciente.

Mais quel est ce marqueur gestuel qui vous semble inquiétant ?

Finalement, c’est bien là la question. Pourquoi, après cette analyse froide et distanciée, optez-vous pour la crainte de lui ? Vous n’aimeriez pas le croiser dans la rue !

 

C’est le regard et les clignements des yeux !

 

Jean-François est victime de son anatomie. Il a des petits yeux noirs enfoncés dans ses orbites, ce qui donne une certaine étrangeté/importance à ses arcades sourcilières.

Il a de plus des lèvres fines, ce qui, dans l’inconscient collectif, est une caractéristique physique des gens nerveux, impulsifs.

En psychologie évolutionniste, nous dirions que ce sont des traits qui représentent un danger potentiel qu’il vaut mieux fuir.

Ensuite, il ne cligne des paupières que lorsque sa tête bouge. On dit qu’il a des clignements psychomoteurs, c’est-à-dire qui ne véhiculent pas d’émotion. Ce qui renforce cette perception de danger potentiel.

Dès lors que vous observez un trait que vous assimilez à un danger, même s’il est minime, c’est bien lui qui donnera la teinte du rapport interindividuel. Ce n’est que dans la discussion que vous vous apercevrez que finalement, le doute du danger potentiel peut être levé… ou pas !

Ainsi, Jean-François est angoissé par la situation, vite débordé par le trac, hypersensible et empathique, il ne sait pas comment gérer ses émotions.

PS : merci à Stéphanie pour la vidéo et à vous, faites attention au biais de confirmation et à votre première impression.

 

L amour est dans le pre 2018 jean francois

Schéma intégratif de la "motivation"

Le 24/08/2019

La recherche d’un schéma intégratif de la « motivation » ainsi que la notion d’ « introjection » sont les 2 sujets que j’ai à cœur et qui me font office de guide line, de fil rouge.

Ce sont des sujets pour lesquels je n’ai de cesse de lire, de me documenter et de m’enrichir.

En ce qui concerne le sujet de la motivation, il est essentiel de répondre à cette question : qu’est-ce qui fait que certaines personnes sont dans l’agir, structurés, pendant que d’autres sont passifs et incapables d'organiser ni de structurer leurs pensées pour tendre vers un objectif ?

Mon souhait était de pouvoir visualiser et de conceptualiser le processus motivationnel, quelques soient l’environnement, l’activité, le domaine. « Intégratif » parce qu’il se veut global et reprend différentes notions de certaines branches de la psychologie.

Aujourd’hui, on ne peut plus se restreindre à défendre sa paroisse sans tenir compte des avancées des autres. Ainsi, un behavioriste ne peut balayer d’un revers de main la psychologie Freudienne et ses 2 topiques, ni les récentes découvertes en matières de neurosciences, la psychologie sociale, la psychopédagogie, la psychologie développementale, la psychologie des organisations, la psychologie familiale, l’éthologie et encore moins les avancées que nous offrent la Synergologie dans la connaissance de la compréhension des gestes.

Ce schéma peut s’appliquer à toute situation pour tenter d’en comprendre les mécanismes (vie quotidienne, sportive, criminelle, management, terroriste…). Même s’il reste à parfaire, il peut être un cependant un bon guide.

 

Description sommaire du schéma

Tout d’abord, la « motivation » part d’un « agent » dans un environnement imposé, choisi ou construit. Un « agent » est une personne qui fait en sorte que les choses arrivent par son action propre et intentionnelle, il est donc acteur de son comportement (vs passif) ! Ce qui ne veut pas nécessairement dire qu'il a les capacités de structurer un plan d'action... mais ça ne veut pas dire non plus qu'il ne peut pas acquérir ces capacités. La visualisation que je propose permet d'identifier l'axe ou les axes à améliorer, mais aussi ceux sur lesquels l'agent peut s'appuyer pour se développer.

Le comportement de cet agent est dépendant d’une causalité triadique réciproque, c’est-à-dire de 3 facteurs de régulations : cognitif (causalité cognitive descendante), affectif (influence de la sensorialité ascendante) et biologique (il existe une corrélation positive entre optimisme et résolution de problème, recherche de soutien social et accent mis sur les aspects positifs de la situation stressante versus pessimisme qui entraîne déni et distanciation).

 

Ainsi peut naître la « motivation » qui se caractérise par 4 critères bien spécifiques :

  1. L’intentionnalité

    C’est avoir la capacité de se représenter une action future (planifier/prévoir).

  2. La pensée anticipatrice

    Les évènements futurs représentés cognitivement vont être des motivateurs mais également des régulateurs du comportement. Plus les objectifs à atteindre sont proximaux et projetés, plus les résultats peuvent être anticipés (versus objectifs distaux).

  3. L’auto-réactivité

    C’est autrement dit l’autorégulation de la motivation, de l’affect et de l’action. Pour se faire, il est nécessaire de faire preuve de réflexivité, c’est-à-dire d’avoir cette capacité à s’intégrer dans le champ de l’observation (auto observation, auto guidance de la performance, auto réaction correctrice). A cela, il existe un mode inhibiteur, garant de l’éthique personnelle, et un mode proactif qui désengage la fonction inhibitrice en déshumanisant la victime, en rendant moralement acceptable une conduite nocive et/ou en déplaçant la responsabilité pour préserver son intégrité.

  4. L’auto réflexion

    C’est la croyance en son efficacité personnelle en termes de défis, d’efforts, de persévérance, de réussites et d’échecs.

    En voici l’illustration :

    Schema integratif motivation

    Sources : "L'imagerie mentale" de Xavier Lameyre - PUF ; "Traité de psychologie de la motivation" sous la direction de Philippe Carré et Fabien Fenouillet - DUNOD ; "Mécanismes de défense et coping" de Henri Chabrol et Stacey Callahan - DUNOD 3ème éd.