stratégie de communication

Narcisse ou Don Juan ? Perversion ou perversité ?

Le 30/12/2023

Nous sommes tous, à un moment donné, dans une dynamique de séduction avec l’autre et quelque soit l’environnement, le contexte et c’est normal, c’est bien, c’est la vie, c’est le jeu des relations sociales. Une fois cet apophtegme, ce précepte posé, il est important de ne pas sombrer dans l’excès. 

Savoir analyser et reconnaître lorsqu’il y a un excès dans ce fonctionnement va vous permettre une meilleure maîtrise de la situation. 

Voyons cela…

Une personnalité narcissique devient pathologique lorsque les traits du comportement altèrent le quotidien. Elle se classe en deux catégories : 

  • par excès d’amour de soi (mégalomanie),
  • par insuffisance d’amour de soi.

Le narcissisme pathologique se caractérise par le besoin d’être admiré par les autres pour réparer une carence de son amour pour soi. Donc besoin de séduire l’autre mais ce qui ne veut pas forcément dire passage à l’acte, d’où la différence entre Narcisse et Don Juan. 

Il y a donc une érotisation de l’autre d’un côté et une sexualisation de l’autre d’un autre côté. Narcisse est la duplication de l’image de soi dans l’autre pour se rassurer alors que Dom Juan accepte de passer par l’acte pseudo-sexuel pour satisfaire son besoin de maîtrise. 

Cependant, ni l’un ni l’autre ne peuvent supporter l’idée que l’autre les asservisse à son propre narcissisme à elle. Ils veulent avoir la main sur l’autre, garder le contrôle.

A la suite de cette séduction narcissique, la personne “objet” peut être triple : 

- la personne séduite n’a aucune “originalité” et peut se contenter d’une relation pseudo amoureuse. Elle ne tient pas plus que ça à cette relation et sait y mettre un terme le moment venu, laissant le séducteur libre de répéter son schéma avec une autre personne “objet”.

- la personne séduite est, elle aussi, une carencée narcissique. Lorsque la magie de la rencontre opère et qu’elle aura contenté les deux Narcisses alors chacun pourra reprendre son chemin. Mais chacun est aussi libre de conduire le même schéma parallèlement à la relation.

- enfin, il se peut que la personne séduite ait l’espoir d’une pleine relation et devienne ainsi exigeante d’un point de vue investissement personnel.

 

La personnalité pathologique narcissique se croit unique, spéciale, et a un besoin excessif d’être admirée et croit que tout lui est dû. Elle entretient des fantasmes irréalistes et idéalisés de pouvoir, de succès, d’amour ou de beauté.

Pour distinguer ces deux personnalités - lorsqu’elles sont à un niveau pathologique, j’insiste - et faire la différence entre la maladie (perversion) et le vice (perversité), il est nécessaire d’effectuer un examen complet de l’individu (anamnèse) et du mobile de son comportement. La recherche de cette différence est fondamentale en matière judiciaire parce qu’elle permet l’imputation des responsabilités. Seuls les professionnels de la santé mentale sont capables de le faire.

Mais brièvement, la perversité renvoie au plaisir de manipuler l’autre pour avoir une emprise. Il n’y a pas de satisfaction sexuelle dans la perversité.

La perversion, quant à elle, fait référence à une pathologie nommée paraphilie. Il s’agit d’une structure de la personnalité qui renvoie classiquement à des conduites sexuelles déviantes (je vous laisse le soin de rechercher ce qu’est une conduite sexuelle déviante).

Il est important pour tout à chacun d’avoir conscience du rôle qu’il joue dans sa relation avec l’autre et que l’autre joue avec soi. Analyser froidement la situation, en mettant de côté ses émotions, va permettre une meilleure authenticité et surtout de mener sa barque comme VOUS l’entendez.

 

A vous de jouer… 

 

Gerard depardieu

La jalousie vue par la psychologie évolutionniste

Le 11/08/2023

La jalousie est une forme d’adaptation, une solution développée au fil du temps en réponse à un problème récurrent qui menace la pérennité de l’espèce. Elle nous pousse à tenir éloigné nos rivaux à distance. Elle empêche notre partenaire de s’éloigner grâce à une vigilance constante ou à un maximum d’affection. Elle induit l’idée d’engagement à un partenaire hésitant (jalousie hors pathologie évidemment).

Mais il faut faire la distinction entre la jalousie sexuelle et sentimentale. Les hommes sont plus enclins à s’imaginer faire l’amour à plusieurs partenaires mais sans engagement, alors que les femmes s’engagent dans une relation physique généralement lorsqu’elles ressentent des sentiments.

C’est une lapalissade que de dire que les femmes ont besoin de 9 mois pour produire un enfant, alors que les hommes n’ont besoin que de quelques minutes pour produire ce même enfant. L’investissement parental est donc biaisé dès le départ. « Un gouffre sépare donc l’effort consenti par les hommes des neufs mois que consacrent les femmes à l’éclosion d’une nouvelle vie » (Buss).

La stratégie d’unions occasionnelles est donc plus profitable, a priori, aux hommes qu’aux femmes sur le long terme, dans le but de multiplier ses gènes. Tout au moins pour ceux qui séduisent le plus grand nombre de partenaires plutôt que ceux qui ont un nombre limité de partenaires.

Pour celles qui choisissent néanmoins d’avoir plusieurs partenaires, le bénéfice perçu doit être suffisamment important pour justifier la prise de risque et ses conséquences.

Un premier avantage est le gain de ressources fourni par ses partenaires occasionnels (diners, cadeaux, sorties, voyages…).

Un second avantage est un bénéfice génétique. Les femmes choisissent généralement pour amant des hommes plutôt symétriques et en bonne santé, gage de transmission de patrimoine génétique sain. Les femmes qui ont aussi des amants sont aussi celles qui sont susceptibles de produire des enfants avec une plus grande diversité génétique.

Un troisième avantage est ce que David Buss appelle l’« assurance partenaire ». C’est-à-dire la possibilité de se remettre avec quelqu’un rapidement en cas de défaillance du premier (maladie, décès, guerre, séparation…). Baher et Bellis (« Human sperm competition », 1995) ont montré que les femmes infidèles ont tendance à faire coïncider leurs aventures extra conjugales avec leur période d’ovulation, alors que les relations sexuelles avec leur mari le sont en dehors de cette période. Il a été également constaté que la rétention du sperme est plus importante avec l’amant que le mari.

Pour quelles raisons avoir une relation extra conjugale ?

Avant d’apporter une réponse Darwinienne, replaçons le couple à notre époque individualiste. Hommes et femmes vont voir ailleurs parce que les uns comme les autres ne trouvent pas leur compte dans leurs relations sexuelles. Ce peut être en termes de quantité, en termes de qualité, de désir ou encore dans l’éventail des positions et/ou des pratiques acceptées, toute paraphilie mise de côté. Lorsque l’un ou l’autre se trouve lésé ou non contenté, il peut gérer la frustration jusqu’à un certain seuil au-delà duquel il y a un risque potentiel. Il est donc important d’être à l’écoute de l’autre et de son plaisir.

Suite aux divers travaux de David Buss et ses collègues, les stratégies reproductrices reposent sur le court terme et sur le long terme. Pour le court terme, les hommes veulent une variété de matrices pour multiplier les possibilités de produire des enfants (en plus de la diversité recherchée des pratiques sexuelles). Pour les femmes, c’est la possibilité de multiplier la variété génétique (en plus de la diversité des pratiques sexuelles).

Les critères de préférence dans le choix d’un partenaire pour le long terme sont pour les femmes le statut social, la capacité de travail et les perspectives financières. Il est donc plus profitable pour une femme d’épouser un homme moins beau que la moyenne mais qui saura lui apporter une stabilité émotionnelle, financière et qui saura prendre soin de leur progéniture.

Pour les hommes, c’est l’attrait physique qui compte et ce sont des critères universels, nonobstant quelques variations culturelles pour des critères comme le poids, la couleur des cheveux et la taille (Ford et Beach, 1951, « patterns of sexual behaviour », New York).

Mais pour qu’une relation dure, il faut des signes d’engagement, accorder du temps et des efforts, de l’attention de la part des deux partenaires. Après la fiabilité (critère partagé par l’homme et la femme), c’est celui de la maturité émotive qui est attendu avec un bon caractère (Buss et col., n = 9474 issus de 37 cultures différentes, 1990, « international preferences in selecting mates : a study of 37 cultures », Journal of psychology, 21, 5-47).

Une femme peut également se servir d’une liaison pour rompre avec son mari. Grâce à une estime de soi reboostée, un gain de confiance, une sensation de pouvoir encore séduire et jouir. Ce sera le premier pas vers l’autonomie.

Pourquoi la femme n’épouse-t-elle pas l’homme qu’elle a eu pour amant ?

Parce que dans le long terme, il n’est pas pourvoyeur de ressources stables, son investissement parental serait moins optimal que celui de son mari. D’autant que la décision de se mettre en couple est toujours une incertitude et que certains hommes profitent de cette incertitude pour multiplier les conquêtes et potentiellement un nombre important de « matrices ».

Les personnes jalouses se montrent très sensibles aux changements comportementaux et physiques, tout autant qu’aux indices laissés involontairement ici et là. La jalousie se déclenche souvent par des circonstances qui signalent une menace bien réelle pesant sur le couple. Lorsqu’on se pose la question, c’est qu’il y a déjà des signes avant-coureurs. Ça ne veut pas dire que la tromperie a été réalisée, mais l’envie et le désir sont là.

Daly et Wilson (Université de McMaster – Ontario) définissent la jalousie comme un « état déclenché par la perception d’une menace pesant sur une relation ou une position importante et qui motive un comportement destiné à contrer cette menace. »

Une émotion peut être vue comme une adaptation qui sert à identifier une menace. Cette émotion attire notre attention sur l’origine de la menace et stocke l’information dans notre mémoire, ainsi que le comportement qui s’ensuit.

Shackelford, Buss et Bennett (1999, « sex differences in responses to a partner’s infidelity ») ont montré que les hommes se sentent plus en détresse psychologique face à une infidélité sexuelle, alors que les femmes le seront face à une infidélité affective. L’homme se montrera plus agressif pour stopper la tromperie (33 féminicides depuis le début de l’année, 208 000 victimes en 2021, 87% de femmes) et la croyance de tromperie, la femme sera plus dans le déni, dans le rendu coup pour coup, ou dans l’acceptation du fait du coût de l’investissement.

La jalousie est donc un moyen de défense contre la tromperie et l’abandon. Il y a toujours de fausses alertes mais statistiquement, l’histoire nous montre que les signes précurseurs étaient déjà présents. Si l’on se montre à l’écoute de l’autre intellectuellement, émotionnellement et sexuellement, il n’y a pas de raison pour que l’on aille voir ailleurs. Mais cela suppose de l’abnégation et des efforts.

Jalousie femme homme Jalousie homme femme

Une distance analytique

Le 23/07/2023

Un certain nombre de personnes m’ont souvent reproché d’être peu investi émotionnellement, d’être trop froid, de ne pas pouvoir « être lu », d’être trop distant. Alors au-delà du fait qu’il est difficile pour ces personnes d’échanger avec des arguments et de manière contradictoire, au-delà de ma particularité de « haut potentiel » teinté d’un trait autistique (C'est quoi un zèbre ? - Suivez le Zèbre (suivezlezebre.com), je me suis posé cette question :

Que signifie prendre de la distance par rapport aux évènements, à une situation ? Que ce soit dans un contexte familial ou professionnel en tant que psy par exemple.

Prendre de la distance c’est analyser froidement la situation, l’enchaînement des faits, des réactions, en mettant de côté les émotions. C’est imaginer toutes les options possibles sans se mettre de barrières. Barrières relatives à notre vécu, notre expérience qui nous a confrontés aux mêmes situations. C’est appliquer de la distanciation entre soi et la réalité afin d’aborder les choses avec objectivité, dénué d’affect, c’est considéré avec détachement pour apprécier de façon impartiale.

Sauf que nous n’avons vécu que NOS situations en relation avec NOTRE environnement direct, notre foyer, nos parents, nos amis… ce sont donc nos références, pas celles des autres. Notre expérience ne signifie rien chez l’autre qui a ses propres valeurs, qui a fait ses propres expériences. Ses réactions peuvent donc être totalement différentes des nôtres dans un même contexte, elles peuvent même être contradictoires avec les nôtres.

C’est ça qu’il faut garder à l’esprit, être ouvert et se dire que tout est possible, que la nature humaine peut être très créative en matière de fonctionnement et de réactions aux situations rencontrées.

Cette compétence de distanciation peut être consciente ou inconsciente mais elle est plus prégnante chez certains. C’est de l’empathie cognitive (Economie du sadisme ordinaire (ds2c.fr)), de la tempérance (Vers la tempérance... (ds2c.fr)), une lecture purement analytique et comportementaliste, dénué de jugement de valeur. C’est avoir la capacité de relativiser et de replacer toute chose dans son contexte. Mais c’est aussi vouloir se protéger de l’afflux d’informations, des émotions parce qu’on les perçoit plus finement que les autres.  C’est rester dans un équilibre émotionnel qui donne la possibilité d’analyser la situation de façon plus distanciée et de pouvoir décider de façon plus efficiente.

Après tout ça, je suis un pur produit de John Broadus Watson, un neo behavioriste freudien !

 

Distanciation

La mimésis vocale comme stratégie comportementale

Le 01/03/2023

Définir ce qu’est une stratégie comportementale 

Les stratégies comportementales (…) regroupent l’ensemble des comportements observables utilisés par l’espèce pour s’adapter aux conditions d’un environnement afin d’assurer sa survie et sa reproduction. Cette définition réfère à celle des principes d’adaptation et d’évolution tels qu’observés, documentés et décrits par Darwin et se rattache également à la biologie comportementale.

Les stratégies comportementales humaines deviennent psychosociales lorsqu’elles sont plus spécifiques à leur induction par la société. L’espèce humaine est adaptée à son environnement social et y développe des comportements pour s’y adapter et y survivre en interaction avec les autres individus et en fonction des concepts et mécanismes en place dans cet environnement.

Lorsque nous sommes confrontés à des demandes intenses, tant sur le plan physique que psychologique, nous devons y répondre par des stratégies comportementales et cognitives qui nous impliquent, en nous confrontant à la situation ou en la fuyant. Ces stratégies répondent donc à un besoin et ont des objectifs différents selon la nécessité et les individus.

L’objectif peut être l’inclusion dans un groupe, la recherche de reconnaissance, le besoin d’opulence, la séduction… et les moyens mis en œuvre peuvent être cognitifs ou gestuels.

Plus globalement, dans toute interaction avec un ou des autres individus, il y a un dialogue vocal qui se crée dans notre tête qui va nous permettre d’intégrer les informations liées à l’environnement et à la personne, de les interpréter et de réaliser le passage à l’acte.

Ce dialogue vocal est appelé la mimésis vocale, elle fait partie intégrante du discours et concerne chacun d’entre nous. Nous entendons tous des voix dans notre tête et ce n’est pas pathologique pour autant que nous ne perdions pas pieds avec la réalité. « Dans le concert des voix orchestrées dans le langage (Perrin 2006) d’où émane le sens, les voix que tout énoncé rencontre inévitablement dans son processus de production ne sont pas que des métaphores des discours autres, ces voix ont également une consistance matérielle » (Barkat-Defradas, Dufour, 2007). C’est ce que Demers (2003) appelle la « voix sociale. » Elle a comme caractéristiques la voix physiologique en tant que tel, mais aussi la hauteur de voix, la modulation, l’intensité, le timbre et chacun de ces éléments apportent des informations quant au genre, à l’appartenance sociale, à la culture, l’origine géographique… la voix constitue notre identité sociale et identifie notre endogroupe.

Quel rapport avec une quelconque stratégie ?

Avec un dialogue vocal, être conscient de cette mimésis vocale intérieure nous permet de moduler notre voix, notre façon de parler, notre façon d’être tel que nous voulons être perçus, reconnus.

Une mère interagit avec son bébé, ses enfants, en adoptant une voix enfantine, maternelle. Un parent va recadrer son enfant en prenant une voix affirmée, sèche, lorsqu’on veut amadouer l’autre... Ainsi, nous adoptons certains éléments phoniques marqués à des fins de soumission, de dominance ou de marquage identitaire.

Quelques exemples de stratégies comportementales vocales ?

L’imitation est un bon exemple de mimésis vocale dans la mesure où l’imitateur intègre toutes les caractéristiques de la personne qu’il souhaite imiter. Il se crée alors un dialogue intérieur en amont de l’imitation proprement dite. Dans cette production parodique, il est facile de discerner les deux voix différentes.

L’échoïsation ou convergence vocale qui correspond à l’alignement progressif des éléments vocaux au cours d’une conversation (théorie d’accommodation communicative, Giles & Coupland 1991). « Dans une étude s’intéressant à ce phénomène au niveau segmental (consonnes et voyelles) et supra-segmental (prosodie et intonation), Pardo (2006) observe que la similarité phonétique augmente au fur et à mesure du déroulement des interactions. » Cet effet s’observe également dans un groupe ou, plus ou moins consciemment, une et/ou plusieurs personnes vont adapter leur façon de parler en fonction de celle du groupe dominant à des fins d’inclusion (Labov, 1966). « La parole du locuteur socialement inférieur va s’adapter à celle du locuteur socialement supérieur » (Gregory et al. 2001 : 39). J’ai, à titre personnel, très souvent constaté ce phénomène à l’école (collège, lycée), où certaines personnes désireuses d’appartenir à un clan plus affirmé, se sont mises à parler de la même façon, c’est-à-dire avec un accent de banlieue qu’ils n’avaient évidemment pas à l’origine.

« En 1992, Smith a mis en évidence que les femmes japonaises en position d’autorité troquent leur voix naturelle pour une voix sociale claquée sur le modèle masculin. »

Quelles en sont les limites ?

L’effet négatif est la limitation de la créativité, de l’innovation et de la diversité. Cette stratégie peut renforcer les écarts (rétroaction positive en cybernétique).

Imitation 

Sources :

IRASD / SSARI « Institut de recherche en architecture de société durable / Sustainable Society Architecture Research Institute (wordpress.com)

Smith, J. S. – 1992, « women in charge: politeness and directives in the speech of Japanese women”, Language and Society, vol. 21, 59-82.

M. Barkat-Defradas, F. Dufour – 2007, “la mimésis vocale : un phénomène dialogique ? », Cahiers de praxématique [En ligne], 49, document 2 – DOI : 10.4000/praxématique.934

 

Les 4 phases de la tendance

Le 24/12/2022

Franz BRENTANO, philosophe et psychologue autrichien (fin XIXème, début XXème), est connu pour avoir développé le concept d’intentionnalité. Parmi ses élèves, nous retrouvons notamment Husserl, le père de la phénoménologie, rien de moins… Brentano  avait mis au cœur de son programme philosophique une théorie des quatre phases de l’histoire de la philosophie.

Cette théorie prend son point de départ dans l’observation de certaines régularités dans le cours de l’histoire de la philosophie et elle repose sur l’hypothèse que l’on peut identifier, au sein de chacune des trois grandes périodes de son histoire, c’est-à-dire l’Antiquité, le Moyen Age et la Modernité, quatre phases ou moments, la première étant ascendante, et les trois trois dernières marquant son déclin” (D. Fisette).

Ce qui est intéressant avec cette théorie est qu’elle peut également expliquer et mettre en lumière l’évolution d’une tendance. Qu’elle soit vestimentaire, capillaire, verbale ou comportementale, les quatre phases expliquent le chemin parcouru de l’ascension jusqu’à son remplacement par une autre tendance. Je dis “tendance”, mais ces phases fonctionnent avec à peu près tout, y compris les stratégies comportementales basées sur les émotions et sur les comportements qu’il est de bon ton d’adopter lorsque tel sujet est abordé (social, politique, religieux, économique, humanitaire…).

L’ascendance

Au départ, l’intérêt pour une coupe de cheveux, une façon de marcher, de parler et de s’habiller naît au sein d’un groupe identitaire. 

Ce fut le cas pour la grosse moustache chez les homosexuels des 80’s, des blousons anglais “harrington” avec polo Fred Perry chez les skinheads, la démarche des rappeurs et le pan de pantalon remonté sur le mollet, la coupe de cheveux de Presnel Kimpembé… et je ne parle pas des tics de langage (“wesh”, “du coup”...) mais c’est encore plus prégnant avec la mode du tatouage.

Chacun de ces tics, chacune de ces tendances est née au sein d’une tribu, d’un groupe spécifique, identitaire puis ont été repris et démocratisés chez les tout-venants.

L’affaiblissement

L’intérêt pour le tic, la tendance, s’affaiblit au sein du groupe identitaire qui va se mettre à la recherche inconsciemment d’un autre signe distinctif. Lorsque le groupe voit que ses signes distinctifs sont un peu trop généralisés, la nécessité de se réaffirmer et de se reconnaître revient.

Évidemment, le précédent tic a été remarqué par le plus grand nombre, démocratisé, d’où une perte de rigueur et de précision quant à sa réelle définition, sa mise en pratique, sa spécificité. Il a perdu de sa substantifique moelle, comme un mot qui sonne creux, vide de sens.

Le tic est tombé dans le tout-venant par l’intermédiaire des réseaux sociaux, les influenceurs (le paroxysme du vide, je ris pardon, peu sont divertissants mais ceux-là s'inscrivent justement dans une démarche de création) et autres manifestations propres à chaque groupe.

La construction de dogmes

C’est à dire une proposition théorique établie comme une vérité indiscutable, autoritaire et normative, par l’autorité qui régit une certaine communauté ou groupe. Le tout-venant s’accapare ces tendances, ces tics et leurs inventent une nouvelle légitimité et paternité. Il spolie en quelque sorte le groupe initial. Chacun peut revendiquer d’être à l’origine du tic, de la tendance.

La dégénérescence

C'est-à-dire la perte des qualités intrinsèques et naturelles des caractéristiques initiales. L’intérêt tombe en désuétude pour le tout-venant qui cherche une autre façon d’exister, de se démarquer, de combler les vides de sa propre existence en reprenant à son compte d’autres expressions, d’autres coupes de cheveux qu’un authentique créatif aura lui, fait naître.

Voilà les quatre phases qui fonctionnent avec TOUTES les tendances dans la plus stricte tradition mercantile, c’est du business pour ceux qui surfent sur la vague ; c’est du social pour ceux qui s’y reconnaissent réellement. Le truc encore plus sophistiqué, mais les marques de cosmétique, de prêt à porter (entre autres) l’ont déjà bien compris, c’est de créer une pseudo-valeur identitaire autour de leur propre marque ou d’une tendance. 

Si vous avez un ardent désir de vous reconnaître une identité, c’est légitime, essayez déjà de connaître vos valeurs propres. Il y a un effort d’introspection à faire. 

Ensuite il est possible de rechercher quel groupe a en commun vos valeurs. Mon opinion est que trop souvent les individus cèdent à la facilité et ne cherchent pas à se connaître. Ils épousent donc un tic qui semble plaire au plus grand nombre et qu’en soi, ce doit être bon pour eux, pour leur ego… ce sont en réalité de faux-semblants ou biais de conformité.

Mais ce n'est que mon opinion ;-)  

 Point commun

 

La Firme et Meghan Markle

Le 13/11/2022

Après la mort de la reine Elisabeth II et le couronnement du roi Charles III, c’est l’avenir de la Firme qui se joue actuellement. Avec l’autobiographie de Harry, une série documentaire qui permettra de suivre Meghan et Harry dans les coulisses des Invictus Game prochainement diffusée sur Netflix : “Heart of Invictus”. Et également la saison 5 de la série “The Crown” qui vient de sortir, dont l’intrigue évoque le mariage désastreux entre Charles et Diana, et fait polémique en Angleterre.

Au-delà de ça, c’est le pouvoir inquantifiable de l’influence de la Firme qui représente un réel atout financier.

Sources : Le documentaire Netflix de Meghan et Harry sortira-t-il un jour ? | Point de Vue

Quel avenir pour la monarchie britannique après le décès de la Reine Elisabeth ? | Illustré (illustre.ch)

Comment s’inscrit l’avenir du couple Meghan et Harry dans ce contexte, alors que Meghan est la cible récurrente des critiques ? Quel est le rapport entre les frères ? 

Le couple Harry et Meghan

Meghan a fait des études universitaires “relations internationales” et du théâtre, elle a travaillé à l’Ambassade américaine en Argentine et a joué dans quelques séries. Elle a appris à “être” devant une caméra, elle est en permanence dans la séduction en ramenant très souvent ses cheveux en avant, côté gauche avec sa main gauche. Elle est dans la relation avec l’autre, son hémi visage droit est donc plus ouvert que le gauche qui semble plus contracté. Meghan a besoin du regard que le public porte sur elle pour nourrir son ego mais sans s’investir émotionnellement. Elle apparaît comme un produit marketé, superficielle.

Harry quant à lui à l’hémi visage gauche plus expressif, il est plus investi émotionnellement, il ne sait pas faire semblant. C’est le rebel qui veut faire différemment pour échapper aux impératifs liés à son rang. Il apparaît protecteur avec Meghan et n’hésite pas à se mettre en retrait pour lui laisser le devant de la scène. C’est un instinctif, un émotif qui sait que ça peut le desservir, donc il tend à ne pas montrer ses émotions. Sa bouche se ferme à chaque fin de phrase contrairement à Meghan. Il est pudique et perçoit l’environnement comme défavorable, comme risqué.

Le couple William et Kate

Kate est anglaise, elle s’inscrit plus naturellement dans l’avenir de la Firme. Elle fait naturellement partie du groupe “Angleterre” et part ainsi avec un avantage a priori. Elle semble afficher une image plus lisse qui colle davantage avec ses obligations, tout en retenue. Elle se montre très souriante, que ce soit des sourires authentiques ou sociaux, elle détient les codes. De ce fait, son hémi visage gauche est plus ouvert, son œil gauche est plus grand que le droit. Elle paraît ainsi plus authentique, plus dans la relation.

C’est William qui fait le lien entre la Firme et son frère. Il est avenant, patient, plein d’humour. Il se montre prévenant envers sa femme (main sur le dos à Windsor notamment) mais aussi envers Meghan si vous regarder la fin de la marche à Windsor, juste avant que chacun reparte en voiture.

“Windsor walkabout”

Liens :

William, Kate, Harry and Meghan Reunite for Windsor Walkabout - YouTube

Harry and Meghan Make Surprise Appearance with William and Kate at Windsor - YouTube

William, Kate, Harry & Meghan reunite to mourn the Queen - YouTube

Meghan et Harry marchent main dans la main, montrant un attachement, un lien affectif. C’est un geste, qu’il soit conscient ou non, qui montre qu’ils sont unis. C’est dans leur intérêt  de susciter une image positive de leur couple et de leurs intentions. Sur une des premières poignées de main que Meghan a avec le public, il y a un temps long entre le moment où elle tend sa main à la personne et le moment où celle-ci la prend effectivement. C’est une question de timing qui illustre symboliquement que Meghan peine à trouver le bon tempo, les bons codes.

Meghan a sa tête inclinée sur sa gauche avec sa longue chevelure devant son épaule gauche, la gestuelle de la séduction activée mais il s’agit pour elle d’une ritournelle gestuelle. C’est systématique, systémique pourrait-on dire. Le couple semble emprunté, lui a une posture droite, il replace souvent son pan de veste avec sa main pour lui conférer de la prestance, c’est un geste mi-conscient.

Lorsque Meghan prend la jeune femme dans ses bras, son geste est contrit, il y a peu d’amplitude dans le geste alors que la jeune femme lui fait un vrai “hug”. Encore une fois, cela montre une certaine maladresse à “être”hors caméra. 
 

Kate et William quant à eux marchent l’un à côté de l’autre mais pas main dans la main. C’est l’apanage des “vieux couples” pleins de connivences, sans tension, ils ont l’habitude d’être ensemble en toute décontraction et surtout, ils possèdent les codes. Kate se montre très souriante, que ce soit des sourires sociaux ou authentiques. Seule sa main droite est active, un geste nous indique qu’elle est dans le contrôle alors que William a ses deux mains en mouvement. Il se montre déférent en inclinant sa tête lorsqu’il salue une femme du public. Il a le même geste que son frère lorsqu’il replace son pan de veste de costume, c’est un geste de micro traction qui symbolise l’autorité, un geste qu’ils font fréquemment. 

Contrairement à Meghan, les cheveux de Kate sont positionnés de façon naturelle. Le seul geste que Kate fait régulièrement est de se replacer une mèche de cheveux derrière son oreille gauche pour se recadrer, pour bien se centrer sur son sujet. 

Avant de remonter en voiture, on voit bien l’aisance du couple Kate et William par rapport à Meghan et Harry qui semble plus empruntés. On voit que c’est William qui donne le “la” en montrant à Meghan où regarder et à quel moment remercier la foule.

Pourquoi pleurer et montrer que nous pleurons ?

Lien : Meghan Markle Cries at The Queen's Funeral: The Perfect Photo Op - YouTube

De quel côté du visage la main intervient-elle pour essuyer les larmes ? Côté droit, la personne ne se sent pas responsable de ce qui se passe. Elle est triste mais elle n’aurait pas pu éviter la situation. Côté gauche, la personne se sent pleinement responsable et pleinement impliquée dans la situation. Si la personne s’essuie la larme de la main du même côté, c’est un geste sincère. Croiser serait mettre en œuvre davantage une stratégie.

Une étude menée par Wagner et ses associés (1993) et une autre plus ancienne par Hall (1984) ont montré que les femmes sont plus précises dans leur jugement des indices émotionnels que les hommes - expressions faciales et comportements non verbaux. Elles sont donc meilleures que les hommes pour distinguer les faux pleurs des vrais. Les hommes sont quant à eux plus sensibles aux indices émotionnels négatifs des autres hommes, comme la colère. 

Nous sommes plus enclins à porter secours à une personne en larmes, elle nous renvoie à notre impuissance. Une étude hollandaise de Von Royen et ses collègues (Van Roeyen I, Riem MME, Toncic M and Vingerhoets AJJM (2020) The Damaging Effects of Perceived Crocodile Tears for a Crier’s Image. Front. Psychol. 11:172. doi: 10.3389/fpsyg.2020.00172), nous indique que les personnes qui pleurent sont perçues comme étant plus fiables et honnêtes.

Reconnaître de fausses larmes versées par l’autre a de vraies conséquences sur la perception que nous avons de la personne a posterioriLes personnes qui sont perçues comme faisant semblant de pleurer sont perçues comme étant moins fiables, moins chaleureuses, moins compétentes. Elles sont moins bien intégrées dans un cercle d’amis, de collègues… Que les pleurs soient faux ou authentiques, la personne sera disqualifiée du point de vue de son image. 

De prime abord, on voit immédiatement l’intérêt de savoir faire semblant de pleurer pour une personne qui monétise son image sur les réseaux sociaux entre autres… il faut simplement bien le faire pour ne pas être pris à son propre jeu.

Pour en revenir à la “vraie fausse larme” de Meghan Markle, j’émets quelques doutes sur l’authenticité de l’émotion qui n’aurait aucune connection avec la situation immédiate. Meghan bénéficie de sa formation d'actrice pour se remémorer un souvenir triste et personnellement impactant pour verser une larme bien venue.

Ouverture

Meghan est victime d’un biais où les hommes et les femmes manifestent un traitement préférentiel pour les personnes de leur famille, ou d’un même groupe dans lequel les membres sont jugés plus favorablement (Hamilton, 1975 "innate social aptitude of man" ; Schaller, 1992 "endogroupe favoritism and statistical reasoning in social inference" ; Goodall 1986 "the chimpanzee of Gombe : patterns of behavior"). Mais également du fait qu’elle a une formation d’actrice qui lui confère la possibilité de travestir ses émotions.

Selon la Théorie de l'Identité Sociale  (Tajfel & Turner, 1979), les individus sont attachés à certaines appartenances groupales et sont capables de comportements liés à cet attachement au groupe qui véhicule ses propres croyances. Lorsqu'un individu appartient à un groupe social désavantagé, en résulte pour lui une identité sociale négative (Tajfel & Turner, 1979). Pour inverser cette perception et la rendre plus positive, diverses stratégies peuvent être mises en œuvre (van Knippenberg, 1989) comme la mobilité individuelle, la créativité sociale et la compétition sociale (Tajfel & Turner, 1979). Dès 1974, Turner développe la notion de “compétition sociale”. 

Selon la théorie de l’auto-catégorisation (Turner, 1987 ; Turner et al., 1987 ; qui s'est développée à la suite de la Théorie de l'Identité Sociale), “quand les individus se catégorisent en tant que membres d’un groupe, le soi est vu comme un exemplaire du groupe, plutôt que comme un être unique. Les différences interpersonnelles deviennent non pertinentes, et les affinités entre soi et les autres membres du groupe d’appartenance viennent à l’avant-plan. Quand un individu se définit comme une individualité, il est motivé à améliorer son identité personnelle. Mais quand il se définit en tant que membre d’un groupe, il perçoit ses buts, besoins et valeurs comme interchangeables avec les autres membres ; dès lors il est motivé à améliorer le sort commun.” 

Meghan souhaite-t-elle appartenir à la Firme ou se définit-elle en tant qu’individualité ?

 

La firme

Que cache la barbe ?

Le 13/10/2022

Voici quelques idées préconçues à propos de la barbe sur lesquelles je ne vais absolument pas m'appesantir tellement ça n’a aucun intérêt - hormis celui de rechercher du clic :

- la barbe ça fait sale (je nettoie la mienne chaque jour avec un shampoing dédié…),

- la barbe ça n’est pas présentable (vous auriez dû me voir à mon mariage…),

- la barbe ça fait peur (quelle mauvaise expérience avez-vous eu avec un barbu ?),

- la barbe c’est incompatible avec le travail (peignée elle passe très bien),

- la barbe ça prend du temps à entretenir (le temps est une donnée relative),

- la barbe ça n’attire pas (l’attirance ne se commande pas).

 

Ce qui est plus intéressant en revanche, c’est d’analyser les aspects plus sociaux, psycho et psycho évo !

Pour ce qui est de son rôle social, la barbe est essentiellement un élément fort d’inclusion, c'est-à-dire du désir d’appartenance à un groupe, à une communauté.

Si le groupe de référence auquel je souhaite appartenir et m’identifier se différencie par le port de la barbe, je vais vouloir également la porter pour être reconnu et intégré à ce groupe. Je vais personnifier ce groupe, j’en serai un digne représentant et mes valeurs seront alors visibles au premier coup d'œil.

Par exemple, les beatniks (seconde moitié des années 1960) étaient des jeunes anticonformistes qui s’opposaient au pouvoir bourgeois de l’époque et à la société de consommation. Le port de la barbe était un élément de révolte.

Un peu plus tard, les hippies (1970) qui s’opposaient également à la société de consommation, prônant la liberté des mœurs et la non-violence, portaient des barbes bien fournies. L’image de la marguerite dans la barbe s’impose à votre cerveau.

Je peux évoquer également la mode hipster qui reprend des codes vestimentaires des années 30/40, anticonformistes (a priori) également, les hipsters ont démocratisé sérieusement le port de la barbe sous toutes ses formes. Là où dans les années 90 la barbe était mal perçue, sournoise, l’adopter devient alors très tendance et c’est encore le cas aujourd’hui. C’est la cool attitude. 

Enfin, le port de barbe concerne également les communautés religieuses. Quelque soit les religions, les différents styles de barbes portés donnent des indications sur la tendance adoptée. Si je suis simple sympathisant, ma barbe pourra être moins fournie que si j’étais rigoriste voire ultra conservateur.

Donc si nous raisonnons par rapport à l’impact que nous souhaitons avoir auprès des autres, d’un groupe, le port de barbe est un indicateur important et fiable d’inclusion et d’appartenance.

 

Maintenant, la barbe (fournie ou non) cache une bonne partie du visage et en particulier la bouche. La bouche est très importante pour communiquer des intentions, même si la personne ne parle pas. Elle s’étire, se crispe, ses lèvres rentrent dans la bouche, se mordillent, s’entrouvrent… Elle nous en dit long. 

Porter la barbe sert à cacher au premier abord des intentions. Je dis au premier abord car pour les plus téméraires ou les plus curieux, l’obstacle de la barbe passé, l’échange peut s’avérer très fructueux, plaisant, amusant… la barbe sert à faire un tri a priori des personnes qui ne nous semblent sans intérêts. 

Ainsi, la barbe sert à cacher une énergie psychologique que la personne qui la porte n’assume pas réellement mais qui représente une valeur importante ou au contraire qui souhaite l’amplifier.

Par exemple, si je suis une personne très timide mais que physiquement je suis athlétique, pour équilibrer mon état d’esprit et ce que mon corps renvoie comme image, la barbe peut être un bon moyen pour moi, une aide, pour me sentir plus assuré.

A contrario, si je suis doté d’un caractère assertif mais que je suis une personne physiquement frêle ou en surpoids, la barbe peut être un moyen pour me doter d’une image plus représentative de mon caractère.

Ce ne sont que des exemples et tous les cas sont imaginables bien entendu.

 

En psychologie évolutionniste, la barbe est un caractère sexuel secondaire jouant un rôle majeur dans la compétition sexuelle (intra et inter).

“La sélection sexuelle est reconnue pour opérer principalement de deux façons. D’une part, avec la sélection intersexuelle, les femelles et les mâles cherchent le partenaire aux attributs les plus attirants. Cet attribut peut être physique (la queue du paon) ou comportemental (les danses nuptiales). 

Et d’autre part, la sélection intrasexuelle qui favorise une compétition entre les individus de même sexe. Ce sont par exemple les mâles qui vont se battre entre eux pour l’obtention d’une femelle. C’est aussi les hiérarchies de dominance qui s’établissent chez plusieurs espèces et qui donnent un accès prioritaire aux individus du sexe opposé.”

 

En conclusion, le port de la barbe est un outil d’aide pour améliorer, renforcer, notre posture, notre assurance, notre charisme, notre inclusion mais elle sert également à véhiculer des valeurs et à attirer la gente féminine (Capsule outil: La sélection sexuelle et la théorie de l’investissement parental (mcgill.ca).

 

Barbu

 

La pyramide de l'esprit critique

Le 19/09/2022

 

A plus d’un titre, il est intéressant d’identifier le profil d’une personne, de savoir comment elle fonctionne. Est-elle active ? Est-elle réfléchie ? A-t-elle confiance en elle ? Est-t-elle créative, sociale, dominante ou analytique ? Quelles sont ses forces et ses limites et ainsi ajuster sa communication et faire en sorte que la personne puisse donner le meilleur d’elle-même que ce soit en individuel ou au sein d’une équipe.

Identifier comment une personne fonctionne cognitivement peut permettre également de connaître son degré de compétence en termes d’esprit critique.

Pour le Larousse, l’esprit critique se définit comme étant une méthode qui a pour objet de discerner les qualités et les défauts d’une œuvre, la valeur, l’exactitude ou l’authenticité d’un texte, d’une déclaration, d’un fait, etc…

Avoir cette compétence permet de s’extraire de tous les complots faciles, d’être factuel, pragmatique et de ne pas être dans la réaction. A coup sûr, notre décision est biaisée par nos croyances, nos projections et encore plus par les innombrables biais cognitifs qui existent.

Pour y voir plus clair, John A. List (Université de Chicago et économiste américain spécialiste d’économie expérimentale, chercheur associé au National Bureau of Economic Research) a créé une classification très simple mais logique inspirée de la pyramide de Maslow.

Cette classification aide clairement à structurer notre analyse et la voici :  

Au 4ème degré, le plus abouti, les grands penseurs : des penseurs de haut niveau qui comprennent et corrigent leurs propres préjugés et lacunes ainsi que ceux des autres ; l’égocentrisme est complètement mis à l’écart et ils ont une théorie de l’esprit supérieure ; ils réexaminent constamment les hypothèses de pensées et de méthodes pour détecter les faiblesses de la logique ou les préjugés ; ils ne se soucient pas et ils apprécient même la confrontation intellectuelle parce qu’ils sont leur pire critique.

Au 3ème degré, les penseurs habiles : ils commencent à remettre en question de manière critique ; ils comprennent que leur propre pensée a des angles morts et développent des compétences pour y remédier ; ils mettent la plupart de l’égocentrisme sur la touche ; ils comprennent la causalité et divers biais cognitifs et essayent de les éviter ; comprennent la théorie de l’esprit mais ils font quelques erreurs dans son application et ils cherchent à améliorer leur propre théorie de l’esprit.

Au 2nd degré, les penseurs néophytes : ils comprennent l’importance de la pensée mais ils remettent en question les incohérences les plus évidentes ; ils commencent à apprécier la valeur de l’empirisme mais confondent souvent corrélation et causalité ; ils restent largement égocentriques, sujets à divers biais de recherche et de pensée, ils ont peu ou pas de théorie de l’esprit.

Au 1er degré, les penseurs modal : ils font des choix et ils ont des opinions basés sur des idées préconçues, des préjugés, non basés sur la raison ou des faits. Les préjugés et leurs croyances imprègnent leurs recherches (biais du statu quo, biais de confirmation…) car ils acceptent volontiers ce qui est conforme à leurs idées fausses sans poser de questions. 

Mais comment passer d’un état mental à un autre ? Pour certain(e) ça ne se fera jamais parce qu’il faut une bonne dose de remise en question et avoir un ego bien placé. 

Pour les autres, il est nécessaire de procéder de manière “scientifique”.

Kahneman décrit dans son livre “Thinking fast and slow” l’importance de prendre le temps de penser. Nous évitons ainsi les nombreux biais cognitifs qui se glissent dans nos prises de décisions.

John A. List a créé une formation dans laquelle il a listé 6 principes de bases à appliquer pour privilégier une pensée plus efficiente. Il dispense ces principes à ses étudiants afin qu’ils développent leur esprit critique :

  1. Énoncer, expliquer et clarifier la ou les questions,
  2. Réfléchir à la ou aux questions à partir de plusieurs points de vue, en exprimant leurs propres a priori et en utilisant la pensée logique,
  3. Rassembler, organiser, assimiler des informations et des données,
  4. Identifier les hypothèses, les lacunes et les implications du processus de génération de données,
  5. Mettre à jour les priorités et considérer comment les différents points de vue des autres pourraient changer,
  6. Expliquer et appliquer ce qu’ils apprennent, en reliant ce qu’ils viennent d’apprendre à d’autres concepts et/ou à leur vie quotidienne.

Pour info, la théorie de l’esprit est la capacité cognitive qui permet de se représenter les états mentaux d’autres personnes et d’utiliser ces représentations afin d’expliquer ou de prédire leurs comportements. L’émotion n’entre pas en jeu, sinon ce serait de l’empathie.

 

Critical thinking hierarchy

Source : “Enhancing Critical Thinking Skill Formation : Getting Fast Thinkers to Slow Down”, John A. List, 2021.

 

Pourquoi les femmes sont-elles sous-représentées dans les actes de violence ?

Le 08/08/2022

Sur toutes les images échangées sur les réseaux sociaux, la télévision, les médias en général, un grand nombre concerne des actes de violences. Pas un jour sans une attaque au couteau, attaque en bande organisée, attaque d’un individu contre un autre, manifestation qui dégénère… à y regarder de plus près, ce sont majoritairement des hommes qui sont impliqués, peu voire pas de femme.

Alors pourquoi les femmes sont-elles sous-représentées dans des actes de violence ?

Pour répondre à cette question, il est nécessaire de se pencher sur nos cousins les chimpanzés, les singes araignées et les bonobos. 

Globalement, nous apprenons que ces attaques sont toujours perpétrées contre des personnes vulnérables. Si si, un cordon de CRS en statique avec pour ordre de ne pas charger peut être considéré comme vulnérable. Seulement, pour nos cousins les singes, la motivation n’est pas d’ordre idéologique mais plutôt une compétition sexuelle ou intraspécifique de dominance. Il s’agit plutôt d’explorer d’autres territoires en quête de nourriture ou d’aller tester sa capacité de combattant  contre des étrangers - tout comme le font un grand nombre de mineurs étrangers qui sont tout sauf mineurs ou encore les zonards de certaines cités.

Exactement comme nos cousins les singes donc, ces raids violents apparaissent très préparés, très coordonnés avec une stratégie qui semble avoir été réfléchie au préalable. Le parallèle peut se poursuivre dans la mesure où nous vivons tous socialement de la même façon, avec la même organisation en groupes sociaux qui constituent de plus grands groupes. Cette organisation permet à plusieurs mâles de groupes différents de faire campagne ensemble contre un autre groupe de congénères.

Très rarement des femmes se joignent à eux. En France, le taux de féminisation est de 11,2% pour l’armée de Terre, 15,8% pour la Marine, 23,2% pour l’Air et l’Espace et 19% pour la gendarmerie (selon le Rapport Social Unique, 2021). En 2016, elles représentaient 8% de tous les Marines enrôlés actifs (selon Wikipédia), l’armée russe 6,5% en 2016 (selon OPEX360). Ces données ne rapportent pas le taux de femmes qui prennent part directement aux combats. Pour les espèces dont les parents investissent dans leur progéniture, celui qui y contribue le plus sera celui qui aurait le plus à perdre s’il devait se blesser ou mourir lors d’un de ces raids (stratégies r et K). Et bingo, ce rôle tenu dans l’investissement parental, dans le but de transmission des gènes et du microbiome, c’est la femelle qui s’y colle ! Et pour couronner le tout, ces raids violents arrivent après une longue période d’inactivité sexuelle. Il ne faut surtout pas minimiser le rôle fort des femmes dans le maintien de l’ordre social, chez les bonobos, elles sont même co-dominantes. Les femelles ont le statut social le plus élevé du groupe grâce à l’association et la coalition entre femelles. Ce sont les femelles qui initient les interactions sexuelles, les bonobos ne montrent rien de comparable à la forte dominance avec soumission imposée par la violence qui caractérise les chimpanzés (et certains mâles humains ?). 

Le paradoxe norvérgien ! Selon P. Gouillou, “Harald Eia avait réalisé un superbe documentaire pour présenter les différentes approches pour expliquer pourquoi plus d’égalité (en droit) des sexes entraîne plus de différences sexuelles en comportement. (...) Au travers de l’interview de nombreux chercheurs connus, (il) avait montré qu’on y retrouve le résultat d’une interaction entre le biologique et le culturel : quand chaque sexe est socialement plus libre de faire ce qu’il lui plaît, il aura plus tendance à s’orienter vers ce qui correspond à son orientation biologique”. 

 

Evo

Sources :

Latest news from the bonobos: Pan paniscus myths and realities (openedition.org)

Les stéréotypes de genre peuvent expliquer le paradoxe de l’égalité des sexes | CNRS

(PDF) Raiding parties of male spider monkeys: Insights into human warfare? (researchgate.net)

Edward O. Wilson, “la sociobiologie”

 

Pourquoi je mens ?

Le 23/06/2022

Sherri papini

 

 

Le 24 novembre 2016, dans la nuit, Sherri Papini est retrouvée au bord d’une route de Californie. Cette jeune femme est portée disparue depuis plus de 20 jours. Nez cassé, cheveux coupés, marquée par des brûlures, portant une camisole de force. Sherri Papini dit avoir été enfermée dans un placard durant tout ce temps et battue quotidiennement par deux femmes de type sud américain. 

On est à Redding, Californie, USA.

Au cours de l’enquête, des doutes apparaissent dans le récit de la jeune femme. Mère de famille, mariée, deux enfants, elle part faire un jogging le 2 novembre et disparaît. Son mari, parti à sa recherche, ne retrouve que son téléphone avec ses oreillettes, des cheveux posés à côté. 

Les enquêteurs ont l’intime conviction qu’il s’agit d’une mise en scène. 

Une cagnotte en ligne est ouverte pour aider à trouver une piste qui permettrait de mener jusqu’à la jeune femme. Un site internet est ouvert et 24h après sa fermeture, Sherri Papini réapparaît. Elle ne donnera pas l’ombre d’une explication ce qui augmentera la suspicion. 

Internet est un outil puissant et il existe une grande communauté d’internautes qui savent en tirer partie pour creuser, pour enquêter bien plus rapidement que les autorités. 

Certains éléments vont desservir la jeune femme comme le fait que statistiquement, les enlèvements réalisés par des femmes sont rarissimes. On apprend que la mère de Sherri a décrit sa fille, lors d’un appel passé aux autorités en 2003, comme une mythomane qui a besoin d’être hospitalisée. A l’époque, elle se mutilait pour faire chanter sa mère. 

En 2017, une nouvelle analyse ADN sur ses vêtements portées lors de l’enlèvement révèle un profil masculin, qui  s’avèrera être le complice de Sherri Papini. 

Le scénario machiavélique est avoué par la jeune femme, ses blessures elle se les ait infligées avec son complice... Son procès se tiendra cet été. 

Après investigation auprès d’un expert psychiatrique - Dr Ian Lamoureux - Sherri Papini s’avère souffrir d’un désordre de la personnalité narcissique.

Pourquoi inventer des mensonges aussi énormes ? Le mensonge est un signe de détresse qu’envoie le menteur à celui qu’il veut berner. Mais pour quelles raisons ? 

Le mensonge participe à l’organisation psychologique de l’enfant, ça le structure et il contribue (c’est contre intuitif) à faire le lien entre l’enfant et l’autre. Selon Winnicott, les enfants qui s’attendent à être persécutés tentent de résoudre leur problème par un mensonge subtil consistant à se plaindre sans que cette plainte soit l’objectif réel. 

Lorsque l’enfant n’a pas pleinement profité du stade transitionnel, c’est-à-dire qu’il n’a pas su construire efficacement un espace psychique entre le dedans et le dehors. Cet espace transitionnel est là pour rappeler à l’enfant que la personne qui prend soin de lui est près de lui, quelque part, et ça le rassure. Ça fonctionne très bien avec le fameux ours en peluche, le doudou…

Sans cet espace transitionnel efficient, l’enfant conçoit le mensonge comme un facteur d’espoir. En mentant, il oblige l’environnement à le prendre en main pour le rassurer, lui montrer tout l’amour qu’il en attend, dont il a besoin impérieusement. Le mensonge a pour objectif de reconstruire l’aire transitionnelle. Le fait que l’autre tombe dans le panneau va créer le lien narcissique réparateur, ça va rassurer l’enfant menteur (ou l’adulte).

En réalité, c’est un jeu très enfantin comme Winnicott le décrit. C’est la nécessité paradoxale de se cacher pour être trouvé. 

La question qui reste en suspens pour ma part est : quelle enfance Sherri Papini a-t-elle eue ?

 

Macron vraiment méprisant ?

Le 24/04/2022

“Posture familière, (...) surprenante, très sage du bon élève, (...) son attitude révèle un certain mépris pour la candidate, (...) cette position se mue en celle d’un professeur, (...) l’index sur sa bouche intime l’ordre de se taire, (...) désinvolture” sont autant de qualificatifs qui teintent, qui confèrent à l’analyse de la gestuelle d’Emmanuel Macron une certaine subjectivité.

Les quelques analyses que j’ai lues et entendues à propos de la gestuelle d’Emmanuel Macron, suite à son débat face à Marine Le Pen, m’interpellent. Soit elles sont très évasives, dans le ressenti, soit elles vont dans le sens du ressenti commun et retranscrites par les médias c’est-à-dire qu’Emmanuel Macron affichait une attitude méprisante. Mais c’est omettre un peu facilement le contexte, le profil et l’histoire de chacun. Il est nécessaire de qualifier les gestes avec des mots suffisamment précis et neutres pour ne pas céder au ressenti.

Dans ce que j’ai vu durant les trois heures de débat et en tenant compte du contexte… Emmanuel Macron a de l’expérience dans l’exercice du pouvoir. Il a du gérer la crise des gilets jaunes, le COVID, la guerre en Ukraine. Il connaît donc très bien les rouages et la technicité de son statut, que ce soit au niveau national qu’à l’international. Qu’il ait été très précis et très technique dans ses propos ne peut être qu’une évidence. Emmanuel Macron a un profil de dominant, analytique, pragmatique. Il a largement démontré qu’il aimait les échanges avec des personnes partageant ses opinions mais également ceux qui viennent l’interpeller de façon plus âpre. C’est un lettré, il connaît très bien l’économie, il aime expliquer, démontrer, convaincre. Il a été l’ami et l’assistant de Paul Ricoeur (!) ce qui lui donne une assise intellectuelle qui n’est pas à omettre.

Marine Le Pen quant à elle vient avec toute la charge psychologique qu’à imprimé son précédent débat avec Emmanuel Macron. Elle a envie de plaire, elle a un profil plus politique, elle est influente, démonstrative, instinctive, expansive mais elle est aussi la fille de Jean-Marie Le Pen… une personne dominante, imposante, envahissante, impulsive, égotique avec laquelle Marine Le Pen a dû se construire. Il est évident qu’elle ne possède pas les mêmes connaissances opérationnelles qu’Emmanuel Macron. Donc il est aussi normal qu’elle fut plus hésitante, plus approximative.

Durant le débat, le retrait du buste d’Emmanuel Macron avec les bras croisés et les gestes d’auto-contacts ont été largement commentés et phantasmés alors qu’ils participaient à une gestuelle analytique. Il écoutait et analysait les propos de Marine Le Pen et avancait à nouveau son buste pour contre-argumenter. 

Je rejoins l’analyse d’Elodie Mielczarek (cf interview d’Apolline de Malherbe) pour qui, Marine Le Pen était comme prostrée face au danger, incapable de réagir. Elle avait une gestuelle de stress de fuite, bougeant beaucoup sur sa chaise, coupant la parole avec une voix montant dans les aigus. Elle a subi à la fois au niveau de la posture mais également dans la syntaxe de ses phrases. 

L’arrogance est brandie en accusation devant l’impossibilité de réfuter des arguments difficilement opposables par la raison. Il y a un glissement sémantique de la réflexion vers l’émotion. Le contexte et l’histoire de chacun sont des éléments sur lesquels il faut compter et à ne surtout pas oublier tant ils sont la base d’une interprétation plus froide et plus juste.

 

Lepen macron 2
Crédits : Charles Platiau, Julien de Rosa - AFP

L'effet IKEA pour le management

Le 13/03/2022

Une série de 4 études menées avec des personnes qui devaient construire des objets en Lego, faire des origamis ou encore assembler des boîtes Ikea et donner de la valeur à leur réalisation, a permis de montrer ce qu'est l'"effet IKEA". Plus les personnes consacrent du temps et de l'énergie à faire eux-mêmes, plus ils y accordent de la valeur.

Pour que cela fonctionne, il est nécessaire que les personnes participent activement et qu'ils puissent constater le résultat fini (Shapiro, 2004) grâce à l'effort déployé, couplé au sentiment positif et bénéfique du travail achevé et du feedback positif (Dittmar 1992, Furby 1991), sans oublier la croyance d'efficacité personnelle (Rotter, 1954 ; Bandura, 2003). L'effet Ikea est supprimé par la destruction et réduit si la tâche est partiellement remplie.

Les implications pour les managers sont importantes dans un objectif d'inclusion, de développement du sentiment d'appartenance ou encore de l'intentionnalité parce que nous donnons plus d'importance à ce que l'on fait. Donc co-construire un projet d'équipe avec un objectif subdivisé en sous-objectifs fixés dans le temps et atteignables (objectifs proximaux - Galand et Vanlede, 2004) ; communiquer aux autres sur ce projet et exposer les résultats obtenus permet de stimuler la créativité, le processus attentionnel (Moray, 1967 ; Wickens 1984) et motivationnel (Fenouillet, 2003), de renforcer le sentiment d'appartenance et de valoriser la personne et son sentiment d'efficacité (Thill, 1989), la prise d'initiative et l'échange.

CITATION : 

Norton, Michael I., Daniel Mochon, and Dan Ariely. "The IKEA Effect: When Labor Leads to Love." Journal of Consumer Psychology 22, no. 3 (July 2012): 453–460.

 

Effet ikea

 

Qui est Vladimir Poutine ?

Le 11/03/2022

Vladimir Poutine n’est pas un autiste - sa fréquence de clignements d’yeux est conventionnelle, il n’est pas non plus un psychopathe - son corps est mobile et en lien avec l'autre.

Il a un corps qui traduit une personnalité antisociale, assurément, et un fonctionnement comportemental de type “conquérant”. Sa tête est peu mobile lors des interviews et il affiche une posture assez rigide. Il fait peu de gestes inutiles. 

Entre 2002 et 2022, en visionnant plusieurs interviews, on peut se rendre compte que sa posture ne varie pas. Son axe de tête est irrémédiablement le même, sur un axe latéral neutre, ou bien penché sur sa gauche avec son hémi visage gauche souvent plus visible que celui de droite laissant entrer les informations, à l’écoute, il fait preuve d’empathie cognitive. Il est dans une logique froide.

Ses coudes sont très souvent posés sur la table, le buste en avant illustre sa présence au niveau du discours et du lien, l’ego s’avance vers l’autre par intérêt.
Sa main gauche est posée sur sa main droite montrant ainsi qu’il se retient mais qu’il pourrait faire preuve de plus de spontanéité. 
Souvent son sourcil gauche le place à distance des autres en s’élevant. D’ailleurs, on s’aperçoit qu’en 2002 le corps de Vladimir Poutine était plus mobile qu’aujourd’hui, plus souriant se prêtant au jeu social. Ce qui n’est plus le cas depuis quelques années.

VP ne fait pas preuve d'empathie émotionnelle, il est intransigeant, déterminé et n’affiche aucune culpabilité, aucun remord. Le mensonge fait bien sûr partie de son mode de communication tout comme l’intimidation. Il affiche une totale cohérence dans sa façon de faire, de gérer les conflits depuis qu'il est au pouvoir (exemple la prise d’otages dans un théâtre en 2002). 

Le trouble de la personnalité antisociale se caractérise par un motif persistant de mépris pour les conséquences et les droits des autres. 
Je trouve assez léger que certains semblent ne le découvrir qu'aujourd'hui.

Science décalée : on peut détecter un psychopathe grâce aux mouvements de sa tête (futura-sciences.com)
Trouble de la personnalité antisociale - Troubles psychiatriques - Édition professionnelle du Manuel MSD (msdmanuals.com)

 

Vladimir poutine

De l''intentionnalité, s'il vous plaît.

Le 07/03/2022

Lorsque j'ai modélisé mon process d'analyse comportementale il y a quelques années, je l'avais développé autour d'un axe pluridisciplinaire.

J'y abordais l'agentivité, les défenses archaïques, les théories qui portent l'auto réflexion et la construction de la pensée. 

Dans mon management au quotidien et l'animation de mon équipe, les deux valeurs totems que je porte sont l'esprit d'équipe qui doit prévaloir, et l'intentionnalité qui permet de travailler sur l'individu et ses motivations. Ces deux valeurs sont développées dans la contruction de la pensée de mon modèle mais je dois m'arrêter un instant sur cette notion d'intentionnalité qu'Husserl a porté avec la phénoménologie. C'est une pierre angulaire de l'Etre conscient et pour vous définir ce qu'est ce totem, je dois emprunter à Christine Leroy ("La phénoménologie", Ellipses).

"L'acte du sensible et celui du sens sont un seul et même acte, mais leur quiddité n'est pas la même."

Lorsque je perçois un objet, cet objet existe bien sur le plan physique et matériel, mais la sensation que j'en ai n'est pas l'objet lui-même. Ce que j'éprouve de ma sensation de l'objet n'est pas l'objet, c'est ma perception que j'ai de celui-ci en faisant appel à mes sens.

Lorsque nous "intelligeons" un objet, lorsque nous l'intégrons intellectuellement, psychologiquement, nous en saisissons la forme de tel sorte que nous pouvons toujours penser cet objet même en son absence. C'est l'aire transitionnelle de Donald Winnicott, c'est le "noème" de Husserl, qui est l'objet tel qu'on le pense et le phénomène, la forme de l'objet tel qu'il nous apparaît.

Le mot intentionnalité signifie que la conscience est toujours dirigée vers une chose (au sens psychologique, philosophique), elle donne accès à l'objet pour soi.

"En faisant varier, ne serait-ce qu'en imagination, les diverses manières qu'à l'objet de se donner sous la forme de phénomènes, c'est à dire en le considérant sous différentes perspectives, (...) on cherche le dévoilement progressif du processus intentionnel de la conscience" : c'est la variation déictique.

L'intentionnalité de la conscience semble atteindre sa forme la plus élaborée dans le concept de volonté par son faisceau spécifique d'intentionnalités fondé en raison et engageant corporellement autant que moralement. 

Vouloir c'est décider en raison, se mouvoir physiquement et consentir moralement.

L'intentionnalité c'est donc penser la chose, l'objet, dans son entièreté et l'ensemble des sensations/images qu'elle suscite en nous et surtout, c'est être conscient de ce processus.

 

Infographie analyse comportementale

 

 

Les clignements de paupières : un élément gestuel important

Le 01/02/2022

En 1965, Jeremiah Denton, officier dans la Navy, est capturé par les nord-vietnamiens. Un an plus tard, il est forcé de participer à une interview de propagande destinée à être diffusée aux Etats-Unis.

Lors de cette interview, il prétexte les lumières aveuglantes pour cligner des paupières de façon anormale. Lors de la diffusion, la Navy comprend rapidement que ses prisonniers détenus au Vietnam sont torturés. Jeremiah Denton, par ses clignements de paupières, avait transmis un message en morse : T.O.R.T.U.R.E. 

Le clignement des paupières est un élément essentiel pour confirmer qu'une personne ressent effectivement une émotion, positive ou négative. Son intensité sera plus grande encore si l'émotion est spontanée que celle liée à un souvenir.

Il a plusieurs fonctions :

Spontané, la fermeture est fugace et ne gène pas la vision. Elle assure la redistribution du film lacrymal et débarasse le film des impuretés.

- Réflexe, il s'agit de protéger l'oeil. On distingue le réflexe sensitif, à la percussion, optico-palpébral, auriculo-palpébral.

- Volontaire, plus long que le clignement réflexe, les causes sont variables selon les personnes et le contexte (A. Faucher - Univ. Sherbrooke).

Ce dernier est intéressant à observer. Dans un environnement relativement neutre, dénué de toute charge émotionnelle, il est admis qu'une personne cligne en moyenne 15 à 20 fois par minute (Univ. College of London - Current Biology, 2005).

Etre attentif à cet élément gestuel permet d'adapter notre communication pour apaiser l'interlocuteur, lui permettre de se recentrer pour retrouver ses moyens. Cela peut également nous permettre de postuler que notre interlocuteur masque ou modifie une partie de la véracité de son discours. Dans ce cas, il clignera moins parce que cela nécessite beaucoup de ressources cognitives. La personne sera donc concentrée à travestir son discours et l'absence, ou une baisse du nombre de clignements, l'isole du monde extérieur lui permettant ainsi de se focaliser sur son discours.

Lien : 

Jeremiah Denton — Wikipédia (wikipedia.org)

Le saviez-vous ? Un prisonnier a transmis un message codé en morse lors d’une interview (dailygeekshow.com)

Jeremiah denton

 

 

Margaux Pinot, Alain Schmitt : analyse des conférences de presse

Le 05/12/2021

Je souhaitais vivement analyser ce fait de violences conjugales qui a eu lieu le week end dernier, entre Margaux Pinot et Alain Schmitt, tous deux en couple et judokas.

Un fait d’une violence inouïe dont a fait preuve Alain Schmitt à l’encontre de Margaux Pinot. Les stigmates impressionnants sur le visage de Margaux Pinot et son ITT de 10 jours témoignent sans équivoque du déferlement de violence.

Cependant, Alain Schmitt a été relaxé au grand étonnement de tous. Chacun a donné une conférence de presse pour relater sa version des faits. Occasion qui m’est offerte pour observer et analyser les deux stratégies de communication et quels sont les gestes qui pourraient être non congruents avec le discours.

Alain Schmitt apparaît avec un hématome sous l'œil droit. Ce qui me questionne, c’est son discours dissocié avec l’emploi du pronom “on”, formulation très impersonnelle. Il s’extrait, en tant que personne, de l’action. Dans le cadre d’une stratégie où le partage en responsabilité est visé, il a raison mais risqué car pas très fin. Son sourcil gauche est fréquemment surélevé par rapport à celui de droite, ce qui va dans le sens de la dissociation. 

Egalement, il ne cligne que peu des paupières alors que nous pourrions nous attendre à un minimum d’émotion… de type tristesse, peur… mais comme nous le verrons plus loin, l’émotion ressentie est toute autre.

Puisqu’il n’est pas dans l’émotion, il est dans le contrôle pour en dire le moins possible bien sûr, juste ce qu’il faut pour ne pas trop s’incriminer. Le geste qui illustre fort bien cela, c’est sa main droite (l’analyse) qui vient se poser sur son poignet gauche (la spontanéité) pour rester dans le paraître.

Ses lèvres sont contractées, ce qui traduit une colère contenue. Certains gestes sont quand même cohérents, lorsqu’il dit “je suis redescendu dans la voiture” (57sec), sa main droite illustre bien cela. 

Certains éléments semblent anachroniques comme lorsqu’il évoque sa lettre de démission… que vient faire ce détail dans une description des faits qui devraient traduire de l’émotion ? Alain Schmitt fait également des défocalisations actives, c'est-à-dire que son regard vient fixer un point devant lui lorsqu’il relate une action. Mais cela est fait en toute conscience, ce qui l’extrait encore un peu plus de l’action dont il souhaite se soustraire (1 min 16 sec). Cette façon de fixer son interlocuteur avec les sourcils hauts illustre un désir de voir si l’autre est sensible à ses mots. “Tu me crois quand je dis ça”... c’est ce que veut dire cet item.

Le point très important dans ce témoignage, et que je retrouve dans celui de Margaux Pinot, est à 1 minute 33 secondes : “je me retrouve dans le lit”, avec sa main droite qui vient gratter le côté droit de son nez. C’est un item qui indique que ce qu’il dit à ce moment-là le dérange. Et c’est précisément à ce moment-là que tout dérape.  Qu’a-t-il fait pour que Margaux Pinot le rejette et lui fasse perdre son sang froid ? 

Alain Schmitt montre malgré lui qu’il est très sensible à l’humiliation, “je me suis senti humilié”, (3 minutes 05 sec) dit-il en se pinçant le nez avec sa main gauche. C’est lui dans sa chair, alors est-ce que cela lui a rappelé des souvenirs traumatisants subis à l’adolescence ?  

Je peux également le constater lorsqu’il dit : “elle m’a agrippé le col” en se mordant la lèvre inférieure (3 minutes 26 sec), un item de colère contenue ou encore à 6 minutes 14 et 6 minutes 30 lorsqu’il laisse apparaître - dans ce qu’on appelle dans notre jargon de synergologue - une lèvre de chien. La partie droite de la lèvre supérieure se réhausse, laissant apparaître les dents.

Enfin, Alain Schmitt termine cette conférence de presse par un “voilà” qui marque la fin d’une séquence qui aurait très bien pu être un discours de départ en retraite.

La stratégie de Margaux Pinot est toute autre. Elle fait montre de détails et de pronoms personnels, “je”, “il”. Elle cligne des paupières plus qu’à la normale, ce qui montre une forte émotion. Son regard se défocalise passivement dans son discours, c’est-à-dire que son regard se perd mais inconsciemment parce qu'elle se met dans sa bulle pour revoir la scène. Elle s’y associe. Elle s’y revoit.

Les commissures de sa bouche sont tombantes, illustrant de la tristesse sur le mot “alcoolisé”. Malheureusement, cet item induit aussi une récurrence. 

Chaque fait qu’elle relate est ponctué par sa langue qui sort rapidement, symbole qu’elle ne souhaite pas forcément évoquer cela publiquement. 

A 2 minutes 11 secondes, lorsque Margaux Pinot évoque les nombreux propos dévalorisant qu’elle subit, son buste (pour la seule fois de la vidéo) part en arrière. Elle veut fuir ces propos qu’elle a entendu trop souvent et qui, non seulement la blesse, mais lui fait perdre toute confiance en elle. 

A 2 minutes 34 secondes : “il s’est approché du lit, il a fait un geste et je l’ai repoussé”. Cette phrase aurait pu être anodine si le déferlement de violence n’avait pas suivi. Ce geste de rejet qu’elle a eu a été le déclencheur du passage à l’acte. Par ce geste, elle prend l’ascendant sur lui et il ne le supporte pas. 

Mais quel geste a fait Alain Schmitt que Margaux Pinot a repoussé ? Quelle était l’intention d’Alain Schmitt ? Vouloir coucher avec elle et il se serait fait repousser ? Pour une personne qui souhaite avoir l’ascendant sur l’autre, pour quelqu’un qui se considère être un “bonhomme”, un “mec” dans tout le symbolisme du mâle viril, c’est insultant de se faire repousser, c’est intolérable. Si l’envie de lui faire perdre ses gonds était là, voici un levier tout trouvé !

Le geste d’amour qu’il aurait pu avoir eut été de la laisser partir. Mais dans notre société aux comportements violents, que ce soit dans l’éducation, dans la vie sociale, professionnelle, dans l’attitude de certains politiciens, dans les mots employés au quotidien, comment cela pourrait en être autrement ?

Lorsqu’un parent traite son jeune enfant d’idiot, d’imbécile voire de con parce qu’il n’a pas fait quelque chose qui apparaît logique pour le parent, c’est déjà de la violence qui s’imprime dans l’inconscient. C’est déjà le dévaloriser. Le soumettre. Le placer en position d’infériorité. La question est de savoir comment l’enfant va traiter cette information pour faire qu’elle ne l’affecte pas…

 

Les liens vers les vidéos :

Alain Schmitt, conférence de presse : L'ancien judoka Alain Schmitt donne sa version des faits - YouTube

Margaux Pinot, conférence de presse : Violences conjugales: le témoignage de Margaux Pinot en intégralité - YouTube

 

Alain schmitt Margaux pinot

Inhibition Divine...

Le 19/10/2021

Dans les pays anglo-saxons, la part du religieux occupe une place importante que ce soit dans la sphère privée que dans la sphère professionnelle. Ainsi, les croyants passent un temps certain à penser à leur Dieu pendant qu’ils s’affairent.  

Est-ce que pour autant, cela influe sur leur créativité ?

Les recherches actuelles suggèrent qu’effectivement les croyants partent avec un désavantage - par rapport aux non-croyants - dans les tâches qui demandent de la créativité et que cela est nettement renforcé lorsque les croyants pensent activement à leur Dieu et s’en remettent à Lui. Se faisant, les croyants adoptent un état d’esprit passif qui inhibe leur capacité à trouver des solutions novatrices. 

Parce que les adeptes acceptent l’influence de leur Dieu, son omniscience, son omnipotence, cela induit qu’ils s’en remettent totalement à Lui. Les croyants, qui ont une foi profonde, partent donc du principe que leur Dieu seul détient le savoir, la connaissance et l’expertise.

Les croyants construisent socialement leurs rôles en fonction de la vision qu'ils ont quant aux responsabilités inhérentes du rôle de “suiveur” et sur la meilleure façon de les assumer efficacement. L'hypothèse sous-jacente est que les différences de rôles hiérarchiques sont légitimés et justifiées par des différences de connaissances, d'expertises et d'aptitudes. 

Les suggestions qu’ils pourraient faire sont donc auto censurées, même s’ils ont l’opportunité de les verbaliser. Pour eux, ce serait se montrer irrespectueux envers leur Dieu. 

Le fait de suivre passivement leur Dieu ne décourage pas seulement la pensée indépendante, elle donne également la priorité à une vision d’un monde global déjà établi et pétri de certitudes.

S’il y a des croyants passifs, il y a logiquement des croyants actifs.

Pour ces derniers, ils se voient actifs dans leur foi comme producteurs et partenaires dans le process de décision. S’ils acceptent l'influence de leur Dieu, ils soulignent également l'importance de s'exprimer, d'offrir des opinions et de contester de manière constructive les orientations de leur leader. 

 

Divine inhibition: Does thinking about God make monotheistic believers less creative? - ScienceDirect

In god we trust


 

Pourquoi feindre d'être une victime ?

Le 11/10/2021

La victimisation suscite généralement l'empathie/la sympathie des personnes. Dans une stratégie comportementale consciente, jouer les victimes peut s'avérer être d'une efficacité redoutable pour obtenir certaines ressources : financières ou psychologiques en s'octroyant une certaine légitimité et ainsi l'impunité morale.

La plupart des victimes renonceraient à ce "pouvoir" si elles pouvaient se débarrasser de cet état. Mais lorsque le statut de victime apporte certains avantages, cela peut inciter certains manipulateurs à exagérer voire à simuler totalement cet état.

https://quillette.com/2021/02/27/the-evolutionary-advantages-of-playing-victim/

 

Victimisation

Economie du sadisme ordinaire

Le 15/08/2021

En lien avec mon dernier article, il m’apparaît intéressant d’aborder sommairement la façon de fonctionner d’un sadique ordinaire. L’éducation et la préoccupation parentale peuvent ne pas suffire à l’adaptation efficiente et morale de l’enfant à son environnement. Certaines caractéristiques comportementales sont innées et sont très bien expliquées par la médecine (structures corticales, systèmes neurophysiologiques).

Blair (1995) éclaire les mécanismes d’inhibition de la violence par son modèle neurocognitif. Ces mécanismes seraient la base du développement de la moralité et de l’empathie. Ils trouvent écho dans l’éthologie canine et la psychologie évolutionniste et ils passent par la reconnaissance faciale des expressions émotionnelles. 

La reconnaissance des expressions faciales a pour rôle d’être un déclencheur à s’engager dans certains comportements, consécutivement à un passage à l’acte, à la défense d’une ressource ou d’un espace.

Par exemple, 2 chiens qui se battent pour un os ou pour un jouet. Lorsque l’un des deux adopte une position de soumission, cela entraîne l’arrêt immédiat du combat.

De même lorsque vous souhaitez faire savoir à votre chien qu’il n’est pas bien de vous sauter dessus pour vous accueillir, tournez-vous afin de lui présenter votre dos… 

Dans ce cas, qui peut être translaté à l’homme, la reconnaissance de l’émotion de peur et de tristesse opère comme un stimulus positif de renforcement aversif et enclenche l’inhibition du comportement agressif. Plus particulièrement, la peur indique à l’observateur qu’un comportement doit être évité alors que la tristesse entraîne/incite au développement de comportements prosociaux/réparateurs.

Cependant, dans certains cas, ce mécanisme évolutif ne fonctionne pas à cause d’un dysfonctionnement du développement de l’empathie et d’un développement de comportements antisociaux.

Le modèle de Newman et de Lorenz (2003) suggère qu’en plus, la modulation de la réponse doit se faire en prenant en compte les différents éléments contextuels et environnementaux.

Ce qui pourrait sembler contre intuitif, c’est que les traits de sadisme ont une capacité d’empathie intacte.

“Les recherches contemporaines se sont intéressées à la nature même du phénomène d’empathie, tentant d’identifier les mécanismes perceptifs, émotionnels et cognitifs impliqués. Certains auteurs se sont focalisés sur les mécanismes émotionnels, (...) d’autres auteurs se sont focalisés, comme Piaget , sur le processus cognitif de décentration : pour comprendre les émotions d’autrui, l’observateur se met à la place, il adopte son point de vue. Cette dernière conception n’est pas sans rappeler la définition de la théorie de l’esprit, capacité à comprendre les actions d’autrui en inférant ses états mentaux. 

(...) L’empathie implique à la fois des composants émotionnels et cognitifs : l’empathie émotionnelle désignant les réponses affectives de l’observateur face à l’émotion d’autrui ; l’empathie cognitive référant à la capacité d’adopter la perspective d’autrui ainsi qu’à des processus de régulation” (Cairn).

La capacité d’empathie cognitive doit effectivement être intacte pour permettre au sadique de prendre du plaisir à faire souffrir les autres (Baumeister, 1997 ; O’Meara et al., 2011). Les déficits affectifs associés au sadisme se situeraient au niveau de la réponse émotionnelle inadéquate à la souffrance des autres (Bateson et al., 1987 ; Kirsch et Becker, 2007). Les sadiques possèdent une capacité émotionnelle similaire à un individu normal, mais ils seraient incapables de ressentir des émotions négatives à la souffrance des autres versus aux leurs. Les signaux de détresse perçus chez les autres agissent comme des renforçateurs positifs pour les sadiques. 



Sadisme

Réf. : 

“Sadisme commun et traits psychopathiques : Leur association avec la reconnaissance émotionnelle faciale”, V. Germain Chartrand, 2020, mémoire École de criminologie - Faculté des arts et des sciences

Narme Pauline, Mouras Harold, Loas Gwénolé et al., « Vers une approche neuropsychologique de l'empathie », Revue de neuropsychologie, 2010/4 (Volume 2), p. 292-298. DOI : 10.3917/rne.024.0292. URL : https://www.cairn.info/revue-de-neuropsychologie-2010-4-page-292.htm

 

Confiance et inclusion

Le 12/04/2021

Pour certaines personnes, les relations sociales ne sont pas choses faciles. Nous n’avons pas tous la même expérience, nous ne recevons pas non plus la même éducation et surtout, nous ne développons pas les mêmes stratégies adaptatives.

Lorsque nous devons intégrer une nouvelle équipe (sportive, professionnelle, amis…), nous devons faire des efforts cognitifs mi-conscients pour identifier et communiquer sur les mêmes codes de communication. Les individus de caractère bienveillant et sensible peuvent surréagir en positif ou en négatif s’ils pensent que leur intégration est difficile. Surtout si les autres individus ne se montrent pas très coopératifs et qu’ils ne verbalisent pas sincèrement leurs reproches. 

Surréagir en négatif est tout simplement adopter une attitude de confrontation, sans consensus, sans vouloir dialoguer. C’est aussi amplifier les traits qui sont identifiés comme différents du groupe ou au contraire singer les comportements reconnus par le groupe.

Surréagir en positif est au contraire vouloir se dévoiler en toute transparence en misant sur la bonne intention du groupe.

Cependant, aujourd’hui, la société se trouve dans une logique où la confrontation bienveillante de points de vue différents est impossible. C’est une société d’égo, d’hyper narcissisme, de défiance envers celui qui ne partage pas les mêmes valeurs.

“Quand le déclin paraît inéluctable, la résignation prend le pas sur l’espérance. Lorsqu’on ne croit plus le progrès possible, chaque changement prend la direction du pire, chaque compromis est forcément une dépossession, et ce que gagnent les uns est nécessairement pris aux autres. (...) Un groupe social peut vouloir faire perdurer le conflit et refuser toute tentative de résolution, notamment parce que l’identification d’un ennemi lui permet de renforcer son identité” (Chloé Morin, “Le populisme au secours de la démocratie ?”).

 

Qu’est-ce qui fait l’inclusion ?

Il m’apparaît important d’éviter de confondre familiarité et confiance décidée. La familiarité est un haut degré de simplicité, d’intimité, dans les relations sociales ou dans les rapports particuliers qui unissent des personnes non apparentées (cnrtl - centre national de ressources textuelles et lexicales). La confiance décidée est une solution aux problèmes spécifiques posés par le risque (cairn).

Lorsque nous sommes enfants, nous débarquons dans un monde dans lequel nous devons faire des distinctions. Ce qui induit que nous devons nous situer par rapport à cette distinction. De quel côté nous situons-nous ? Pour indiquer ce que nous voulons dire, nous poussons la distinction, nous la développons, nous l’affinons pour distinguer ce qui est familier et ce qui ne l’est pas.

 

Quelle est la distinction entre une confiance assurée et une confiance décidée ?

Les deux concepts font référence à des attentes qui peuvent être déçues. 

Pour la confiance assurée, vous pariez que vos attentes ne seront pas déçues, que la voiture que vous venez d’acheter ne tombera pas en panne, que la télévision 4K a la meilleure définition du marché. Au cas où vous seriez déçu, vous en attribueriez la cause à des éléments extérieurs. L’alternative est de vivre dans un état d’incertitude permanente et de renoncer à vos attentes sans avoir rien d’autre à mettre à leur place. Vivre sans risque.

Pour la confiance décidée, elle requiert un engagement préalable et l’évaluation d’un risque réel avec des dommages possibles plus importants que l’avantage recherché (Deutsch, 1958 ; 1962, p. 302 sq.). Par exemple, je décide de confier un secret intime à une personne sans être certain qu’elle tienne sa langue ; j’achète une voiture bon marché à un particulier sans être certain que le kilométrage affiché est le bon. Si vous êtes déçu, vous en serez la cause.

La distinction entre confiance assurée et confiance décidée dépend ainsi de la perception et de l’attribution. “Si vous n’envisagez pas d’alternatives, vous êtes dans une situation de confiance assurée. Si vous choisissez une action de préférence à d’autres, en dépit de la possibilité d’être déçu par l’action des autres, vous définissez la situation comme une situation de confiance décidée” (cairn). 

Le développement de ce type de confiance (et de méfiance) dépend de l’environnement, de l'état physique, des ressources attentionnelles (disponibilité cognitives), de l’éducation ou encore de l’expérience personnelle. C'est également le cas lorsque nous choisissons un type de réaction plutôt qu'un autre. Le choix dépend de la façon dont nous percevons notre positionnement et ce que nous imaginons être le plus à même de protéger nos ressources.

 

L’inclusion grâce au symbole ?

“Les symboles présupposent la différence entre le familier et le non familier et ils opèrent de façon telle qu’ils permettent à cette différence de rentrer dans le familier. En d’autres termes, les symboles représentent la distinction entre le familier et le non familier à l’intérieur du monde familier. Ils sont les formes de l’autoréférence utilisant celle de la forme” (cairn).

Le malheureux exemple de Candice - cf Koh Lanta 2021 - qui a voulu établir une relation de confiance avec deux de ses coéquipiers, en leur dévoilant sa trouvaille : le collier d’immunité. Se sentant en difficulté au sein de son inclusion dans le groupe, elle a  misé sur les risques encourus si elle confiait son secret. Loupé ! Pourquoi ? Parce qu’elle a abattu ses cartes sans préalable, de façon tout à fait candide, voire naïve. Elle a mal évalué les options qui pouvaient la rapprocher du groupe. Peut-être aurait-elle dû faire une introspection, une analyse des différentes situations et certainement qu’elle aurait ajusté certains de ses comportements. Alors, elle ne se serait pas fait éliminer du jeu, trahie par ses deux coéquipiers...

 

Candice koh lanta 2021

Réf. : “Confiance et inclusion” (Confiance et familiarite | Cairn.info)