psychologie évolutionniste

Dominance perçue sur le visage : un avantage ?

Le 14/09/2021

L'apparence, la structure d’un visage peut traduire de la dominance ou de la soumission (Collins & Zebrowitz 1995 ; Keating et al. 1981b ; Mazur et al. 1984 ; Mueller & Mazur 1996 ; Zebrowitz & Montepare 1992 ; Zebrowitz et al. 1993). Lorsqu’il est perçu comme dominant - je préfère l’adjectif “assertif” pour ma part - le visage est un prédicteur fiable et constant pour prédire la réussite d’une carrière. 

Dans une étude conduite par Mueller & Mazur sur une cohorte de cadets de la promotion d’officiers de 1950 de l’école militaire de West Point (USA, 1998 - “Facial dominance in homo sapiens as honest signaling of male quality”), il ressort que le sentiment de dominance véhiculé par le visage revêt une dimension cruciale du potentiel de statut élevé. Les chercheurs n’ont en revanche pas trouvé de corrélation avec le critère “beauté”.

Mueller et Mazur ont défini la dominance faciale comme “le degré auquel une personne est jugée en fonction de son apparence faciale en tant que dominant, autoritaire et leader, comme opposé  à quelqu’un qui est subordonné, obéissant et suiveur” (trad. P. Gouillou).

Le visage joue un rôle crucial dans la cognition sociale humaine (Morris et al. 1996). Chez tous les primates, les expressions faciales sont des signaux importants des états internes : émotions et intentions. C’est d’ailleurs également le cas dans l’éthologie canine.

Des relations positives ont été observées, dans cette étude, entre le statut élevé et les caractéristiques physiques ostensibles comme la taille, un physique athlétique et l’attractivité. 

L’assertivité dégagée par le visage peut signaler des intentions (Harper 1991 ; Maynard Smith & Harper 1988) ainsi qu'un potentiel d'action ; par exemple, des mâchoires fortes ou des pommettes larges - caractéristiques qui contribuent à la dominance faciale perçue (Cunningham et al. 1990) - peuvent indiquer une force physique supérieure (ex. : Sébastien Chabal). 

À l'inverse, les personnes ayant un visage poupin comme de grands yeux, des sourcils hauts et fins, un visage rond, de petites arêtes nasales sont perçues comme plus enjouées, plus faibles et plus soumises (Berry 1990) et se décrivent comme moins agressives (Berry 1991) (par exemple : Carlos pour ceux qui connaissent).

Il faut par ailleurs distinguer le comportement dominant, qui vise à obtenir et à maintenir un statut élevé d’un comportement qui vise à un plus grand contrôle des ressources sur un congénère. Le comportement dominant peut être utile pour quelqu'un qui aspire à une carrière dite “verticale” (en termes de motivation), cependant cet objectif n'est généralement atteint que si la personne possède d'autres compétences sociales et cognitives nécessaires  pour obtenir des autres une certaine forme d’aide. Sans ces compétences sociales, le comportement dominant sera perçu comme un comportement antisocial et contre-productif. C’est le cas pour les criminels, les pervers narcissiques, les manipulateurs, les harceleurs... Les synergologues reconnaîtront la posture “positive” et “négative” du profil “conquérant”.

Le comportement dominant, assertif, est une attitude sociale élémentaire et importante dans toutes les sociétés humaines et animales. Dans l’étude de Mueller & Mazur, si les personnes interrogées classent de manière fiable les visages selon une dimension de dominance-soumission, il faut bien avoir en tête que leurs réponses correspondent à leur expérience personnelle, individuelle (apprentissage vicariant de Bandura). 

Compte tenu des aptitudes cognitives, empathiques, sociales et sportives requises, la dominance faciale perçue semble être un facteur supplémentaire crucial pour la réussite professionnelle.

 

Carlos chabal