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Emilie Konig "je resterai ferme sur ma foi jusqu'à mon dernier souffle"
Le 11/01/2018
Paris Match a publié un portrait d’Emilie König le 02/01 dernier, très bien fait, que je vous invite à lire histoire que vous ayez une idée assez précise de qui est la française partie faire le djihad :
Emilie König a été arrêtée en décembre dernier par la milice kurde YPG qui a diffusé une vidéo lundi :
https://www.youtube.com/watch?v=bCh5LyFIO5k
Mon analyse de sa gestuelle porte, non pas sur la véracité des tortures à l’encontre de la française convertie, mais sur la question de savoir s’il subsiste ce fanatisme religieux en elle. Lors de cette interview, Emilie König doit mettre sur le devant de la scène, en première ligne, le fait qu’elle n’est pas victime de torture, que tout va bien, une vie normale en somme comme toute jeune femme occidentale (qu’elle n’est plus).
Avec cet objectif en tête, EK doit poser un voile (très) épais sur ses convictions religieuses et là, il est (très) intéressant de voir comment le corps va gérer cette dichotomie.
Tout d’abord, il faut bien avoir en tête que le mensonge nécessite une forte concentration, une forte énergie cognitive pour garder le contrôle sur le message verbal relayé par le non verbal, afin que le tout forme un ensemble cohérent (d’autant qu’EK souhaite être jugée en France. Quels sont les atouts d’un système judiciaire tel que le système judiciaire français, face au système judiciaire turque, voire islamique ? C’est une vraie fausse question !).
Outre la concentration gourmande en énergie psychique que nécessite le mensonge, ce dernier est verbalisé avec une voix monocorde avec peu de variation de ton, d’intensité. Le regard est actif, peu dans l’émotionnel (donc dirigé sur les côtés ou vers le haut plutôt que vers le bas) hormis pour tous les souvenirs qui doivent représenter une part de vrai, pour venir enrichir le mensonge. Ce mélange aide à consommer un peu moins d’énergie et à une fonction de déresponsabilisation, « je ne mens pas tout à fait puisqu’il y a une partie de vrai dans ce que je vous raconte. »
A contrario, pour constater si la personne dit la vérité, il faut se poser la question de la fluidité du débit vocal, de la focalisation du regard qui doit à certains moments (inconscient) « être absent », un peu comme si la personne perdait contact avec son interlocuteur.
Enfin, il faut être attentif aux gestes visuo spaciaux qui ont la fonction de mimer et de faire revivre des scènes à la personne. Dans l’authenticité, le regard est actif, il est soutenu et conscient, la personne cligne plus des paupières que la norme (la moyenne est de 15 clignements par minute environs), les sourcils sont mobiles pour appuyer le discours.
Dans cette interview, ce qui est visible immédiatement, c’est que l’image n’est pas inversée, les inscriptions sur son pull sont bien lisibles. C’est aussi le contrôle qu’EK semble vouloir exercer sur son corps. Il est rigide, fixé dans une attitude qui se veut représenter la « détente et l’apaisement », en cela sa gestuelle est déjà un hiatus.
Sur les quelques minutes que représente la séquence, EK alterne le contrôle, la contradiction, le mépris et le désir de convaincre.
Au 1er visionnage, on peut se dire qu’EK semble détendue, autant qu’elle puisse l’être dans sa situation et elle tente de transmettre un message d’apaisement, de détachement voire de nonchalance. Je dirais qu’elle « fait comme si la situation était ordinaire ». Alors qu’elle est extraordinaire ! Son corps agit et réagit à la fois au message corporel de l’interviewer, miroir et réceptacle de son discours, mais aussi à ses propres pensées et valeurs morales bien ancrées dans son corps.
Ainsi, sa main droite est active alors que la gauche semble inerte, la position de son buste est rigide. Ces 2 éléments contribuent à illustrer le contrôle qu’elle souhaite exercer sur ses vrais desseins.
La contradiction entre ses valeurs morales, qu’elle a érigées en protection face à l’absence de son père, et les valeurs occidentales nécessaires à afficher se matérialise par le pouce droit levé lorsque sa main droite est tournée vers elle (à 2 sec.). « Il n’y a pas de différence entre nous et les filles du YPG », le geste de la main avec le poignet cassé et la paume dirigée vers elle signifie son intention de lier les 2 parties différentes entre elles.
C’est aussi le cas par la moue qu’elle fait très souvent avec la lèvre supérieure gauche levée - à 22 sec. sur « j’ai vu que les femmes du YPG ramenaient des bonbons… », à 50 sec. sur « mon arrestation », à 1 min. 18 lorsqu’elle évoque la communication avec sa mère, « je lui ai expliquée tout ça… » ; la langue qui sort au centre de la bouche pour rentrer sur le côté droit à 1 min. 16 sur « j’ai pris peur, j’ai téléphoné à ma mère, je lui ai expliquée tout ça… » ; et l’hémivisage qui, à 42 sec. sur « elles (les filles du YPG) nous apportent tout ce qu’on a besoin… », montre 2 émotions contraires. La partie supérieure du visage exprime la tristesse alors que la partie inférieure exprime la joie par un sourire social.
Ses tentatives de nous prendre à témoins, dans son désir de convaincre du fait qu’elle est bien traitée, sont mises en scène par un regard focalisé (consciemment) droit devant elle, en regardant l’objectif de la caméra à 35 sec. sur « on nous apporte du café… », à 1 min. 09 sur « j’ai entendu les femmes de Daech dirent qu’il y avait beaucoup d’injustice… qu’elles tapaient (les filles du YPG)… » et à 2 min. 08 lorsqu’elle énumère toutes les commodités apportées par les filles du YPG.
Toute cette stratégie s’avère vaine quand on voit/observe le mépris qui pointe insidieusement par les coins extérieurs de la bouche qui s’élèvent à 1 min. 03 juste avant qu’elle n’évoque les femmes de Daech, le menton qui s’élève à 2 min. 03 puis à 2 min. 29 lorsqu’elle évoque les commodités apportées par les filles du YPG et les médecins qui sont là pour les aider, et la moue de la lèvre supérieure gauche sur les mots « la croix rouge est présente… ». Lever le menton lorsqu’on évoque quelque chose c’est se positionner au-dessus et afficher son mépris sans le dire. Ayez en tête ce que représente l’image de la croix pour un musulman qui prône le djihad !
Alors non, EK ne semble pas si paisible que ça, non seulement à cause de sa situation de prisonnière mais encore moins par le fait qu’elle doive faire une croix (jeu de mot facile) sur les valeurs morales qu’elle idéalise, en particulier si elle veut être jugée en France pour pouvoir s’en sortir a minima. EK ment-elle quant à ses conditions de détention ? Pour avoir une idée franche, il aurait fallu procéder à un questionnement spécifique. En revanche ce qui est sûr, c’est qu’elle n’a pas renoncé à ses valeurs morales prônant un Islam radical.
Décryptage de la prise de parole du djihadiste Hocine, arrêté à Raqqa
Le 07/11/2017
Décryptage comportemental, réalisé en binôme, de l’interview du djihadiste arrêté à Raqqa. Vous trouverez dans un premier temps l’analyse globale, puis l’analyse détaillée par séquence. L’interviewer écrit dans son article (LCI, le 30/10/17) que Hocine reconnaît avoir «commis une faute, celle d’être allé en Syrie. »
Conclusions globales de la séquence
Frantz BAGOË : Dans cette interview et face à une journaliste, le djihadiste français affiche une attitude de dominant qui regrette effectivement d’être venu à Raqqa, mais pas pour les raisons que l’on peut croire. Uniquement parce qu’il n’y a pas trouvé la charia telle qu’il l’avait fantasmée et qu’il adore encore.
Elodie MIELCZARECK : Personne dont la gestuelle de domination s’exprime tout au long de l’interview. Le fait que l’interviewer soit une femme biaise un peu la situation à analyser. Les items de dominance viennent parasiter l’échange : parties génitales exposées, gestes en hauteurs, intensité forte de la voix. Son rôle reste difficile à cerner. Cependant, on peut affirmer qu’il n’a sans doute pas été très actif (items plutôt authentique quand il évoque les « 4 vieux mis de côté »). Pour autant, son histoire du « bureau des mariages » est noyée dans un vocabulaire jargonnant et avec de multiples détours. De plus, quand il évoque son action principale, « noter, c’est tout », on observe une gesticulation / agitation des membres et de la voix + un corps qui part vers l’arrière et se désolidarise du propos. On peut en déduire que sans avoir participé aux combats, cette personne a eu un rôle plus important et beaucoup plus engageant que celui qu’elle dépeint. Contrairement à ce qu’elle affirme, l’idéologie islamiste est partagée. Il incarne un certain dégoût / mépris mêlé d’agressivité envers ceux qui ne respectent pas la charia. Il s’agit donc d’un individu « radicalisé ». La fin de l’interview converge vers des items d’authenticité et de sincérité : expressions de peur et d’angoisse (voire de désarroi) quand il évoque sa volonté de rentrer en France. Hypothèse : moins que l’idéologie peu satisfaisante (puisqu’il est pour la charia – contrairement à ce qu’il dira à la journaliste), ce sont sans doute les conditions de réalisation sur place qui l’ont déçues (rencontres, conditions de vie, etc.).
Résultats détaillés séquence par séquence
L’entrée dans la pièce : 1ère séquence
Elodie MIELCZAREK : gestuelle de domination sur la journaliste à 51 sec, avec une micro-traction quand il découvre la scène >>> volonté de performer, de se positionner au-dessus. Exposition des parties génitales tout du long de l’interview.
Frantz BAGOË : entièrement d’accord, il manifeste une volonté d’affirmation de soi, de rétablir son autorité qui est en jeu, notamment face à une journaliste femme. La double micro traction du t-shirt, alors qu’il n’y a aucune raison qu’il le fasse, en est une manifestation tout comme la position assise qu’il adopte, les jambes étant bien écartées et toujours face à la journaliste. C’est un moyen corporel de montrer qui est le mâle et que nous retrouvons fréquemment chez les singes. En Synergologie, nous avons inventé le terme d’EXPEGO pour cette expansion de l’ego.
Il est dans une logique dite « froide », ses propos sont appuyés par sa main droite et son axe de tête penche latéralement à droite, signe d’une volonté de contrôle de son discours (à 53 sec).
Le rôle et les responsabilités décrites : 2ème séquence
Elodie MIELCZARECK : sur son rôle, mi-vérité, pas beaucoup de clignements de paupières quand il évoque le « bureau de mariage » masque de rides sur le front, «là on leur propose des mariages », il noie son rôle en parlant du mot spécifique arabe (jargon) + endroit spécifique, pas de cognition incarnée, les deux mains s’agitent ensemble >>> gros doute.
« C’est de noter c’est tout » : corps qui part vers l’arrière, agitation du corps, accélération du débit vocal >>> il n’est pas à l’aise.
Interprétation : il n’était sans doute pas très actif, n’a pas forcément eu entraînement au combat mais son histoire de bureau des mariages ne tient pas la route. Il ne s’est pas contenté de noter…
Frantz BAGOË : oui, c’est un moment important dans l’interview lorsqu’il dit : « les sœurs qui ont perdu leur mari, on les met dans un endroit spécifique… », il aurait été judicieux de l’interroger dans le détail parce qu’il hoche sensiblement la tête sur le mot « spécifique ». A-t-il participé activement ? A-t-il vécu ça de loin ? Cependant, il semble qu’effectivement il n’ait pas été entraîné au combat, il est sincère.
Elodie MIELCZARECK : « 4 vieux mis de côté » logique chaude, main gauche active, plutôt vrai ?
Frantz BAGOË : je partage ton analyse, d’autant qu’il ne considère pas les jeunes djihadistes qu’il place à sa droite (1 min 14 sec). A ce stade, j’observe que le sourcil droit est continuellement relevé, traduisant une mise à distance des évènements. C’est-à-dire qu’il met toujours de la distance entre le monde extérieur et lui.
Sur l’idéologie islamiste et la charia : 3ème séquence
Elodie MIELCZARECK : sur sa radicalisation, gros items d’agressivité envers les « gens qui ont commis certains délits ». D’ailleurs les items d’agressivité pourraient être contre la charia. Mais le fait qu’ils disent « des gens qui » en épelant « commis certains délit » … « délit qui est contraire à la charia » montre que, contrairement à ce que dit la journaliste en off, il approuve cette loi islamique…
Frantz BAGOË : d’ailleurs lorsque les décapitations sont évoquées, il fait un geste d’arrêt de sa main droite, paume dirigée vers la journaliste, afin de préciser une inexactitude. Comme si ces actes barbares devaient trouver une justification quant à la qualité de leurs victimes.
Son regard semble ahurit voire même béat, comme les victimes de manipulateurs pervers (les gourous). Il n’a pas trouvé à Raqqa l’incarnation qu’il se faisait de la charia : « je suis venu de mon propre gré, sauf que j’ai rencontré des gens contraires » et c’est juste avant de dire cette dernière partie de phrase que son sourcil droit s’abaisse pour se positionner naturellement au même niveau que le gauche (1 min 55 sec). Il est là encore dans la sincérité, il voulait rejoindre un Etat qui appliquait la charia mais il a été déçu de ce qu’il a trouvé.
Elodie MIELCZARECK : « des gens contraires », « des émirs de l’Etat islamiques » : il est réellement déçu de qu’il a trouvé là-bas. Mais il approuve/approuvait l’idéologie islamiste. C’est plutôt les circonstances concrètes qui semblent l’avoir désappointé…
Items d’angoisse et de peur sincère : expressions de peur (rides sur le front) + yeux écarquillés + oui oui oui oui (on peut même parler de désarroi) >>> il veut vraiment rentrer en France !
Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=jnP0wZN8saU
Lien vers le site d’Elodie MIELCZAREK : http://www.analysedulangage.com
Suite au rapport sur le processus de radicalisation
Le 25/08/2017
Je relaye le « rapport de recherche pour la mission de recherche Droit et Justice » qui s’intitule « Saisir les mécanismes de la radicalisation violente : pour une analyse processuelle et biographique des engagements violents », avril 2017, sous la direction scientifique de Xavier Crettiez et Romain Sèze.
Il aborde de manière exhaustive le processus de radicalisation dont les facteurs qui mènent au passage à l’acte terroriste.
Publié cette année, il m’incite à faire un parallèle avec deux articles que j’avais écrit en 2015 :
L’un à propos de « L’hébergeur de Saint-Denis » et l’autre à propos du besoin de solitude, qui expliquent les manques éducatifs et attentionnels.
Voici le lien vers le rapport :
https://www.inhesj.fr/fr/content/rapport-saisir-les-m%C3%A9canismes-de-la-radicalisation-violente
Voici les liens vers mes articles :
http://www.ds2c.fr/blog/pour-en-finir-avec-l-hebergeur-de-saint-denis.html
http://www.ds2c.fr/blog/nous-avons-tous-besoin-de-moments-de-solitude.html
Voici ce que j’écrivais sur l’hébergeur de Saint-Denis suite à mon analyse du langage non verbal.
« Son torse est bombé, le menton est haut pour toiser, regarder de haut et en biais. Drôle d’attitude pour celui dont l’appartement est actuellement pris d’assaut par la police. Ne devrait-il pas être inquiet ? Voire apeuré ?
Votre œil, même néophyte, a capté immédiatement cette attitude désinvolte qui ne cadre pas avec l’horreur des évènements. C’est une attitude arrogante que vous retrouvez systématiquement chez tous les délinquants de cités. (…) Il répond au journaliste mais son regard n’est pas dirigé vers son interlocuteur. Il conserve son ton nonchalant, distancié, (…) très enfantin. C’est ce qui trahit sa pensée. Voyez vos enfants qui ont fait une bêtise et que vous surprenez… ils adopteront la même attitude.
(…) Vigilance teintée d’un sentiment de supériorité affirmé. Ce sont bien les Institutions qu’il défie du regard (…), ce qui traduit une désinvolture méprisante.
Voici donc en 39 secondes, une stratégie comportementale puérile, construite sur la défiance à l’encontre des Institutions, de ce qui représente l’ordre, et qui malheureusement est le creuset des terroristes.
Ces personnes sont du pain béni en mal de valeurs et de reconnaissance.
Mais ne croyez surtout pas que l’hébergeur n’a pas conscience ni de ses actes, ni de la portée des évènements, il n’en a tout simplement pas cure… l’hébergeur est authentique dans son témoignage, il est certainement étonné de se retrouver au premier plan mais il est certain qu’il savait que ces squatteurs étaient des criminels. »
Au travers de ces 2 articles, j’avais rappelé l’importance de la socialisation et de ses effets, l’influence qu’exerce le groupe/le clan/la famille et comment peut naître le déficit d’estime de soi et le manque de reconnaissance de la part des parents en premier lieu, de la démocratie/de l’Etat ensuite.
Comme l’indique le rapport, « dans bien des cas, une situation de non-reconnaissance est renforcée par une combinaison entre, d’une part, une socialisation virile valorisant la force physique (le parallèle avec l’environnement des halls de cités est évident, c’est moi qui le note) et le mépris de la mort et, d’autre part, une dévalorisation volontaire du statut de donateur au sein d’une société, c’est-à-dire la méconnaissance du rôle des acteurs comme contributeur à une sphère d’interaction sociale. » L’hébergeur de Saint-Denis en est le symbole.
Cependant, j’insiste sur le fait que ce sentiment de non-reconnaissance est un sentiment qui, malheureusement, se partage trop facilement versus une émotion positive. Il existe aussi la possibilité qu’a tout individu à se remettre en question et à faire un véritable effort cognitif pour s’inscrire dans une démarche plus valorisante et reconnue par la société. Cet effort cognitif revient à adopter un autre angle de vue et de se dire que finalement, elle (la société) n’a pas vocation à stigmatiser…
Si l’individu ne le fait pas, le Système menant au passage à l’acte va se mettre en marche. Comme le précise le rapport, « le plaisir intense que peuvent retirer les militants politiques à s’engager dans des actions radicales totalement éloignées d’une forme de quotidienneté et assurant à ceux qui s’en prévalent une image de soi grandiose et mythifiée. Un des ressorts de l’engagement armé, surtout lorsque l’on est issu d’un univers social désenchanté, est la possible mutation de soi en un surêtre tout puissant, qui valorise le statut moral de l’acteur et l’introduit dans les délices narcissiques d’un combat glorieux. » C’est exactement ce que je pointais du doigt en 2015 et ce que recherche ces terroristes européens : de la reconnaissance. Cette même reconnaissance que leur offrent les imams salafistes et daech.
Dans un contexte familial perturbé (parents non attentionnés, non sécurisants, père ou mère absent, violent ou addict) peu sécurisant et encore moins valorisant, se construit un faux-self qui va se développer et niant sa part de faiblesse et en mettant en avant la puissance physique qui représente une partie valorisante et noble. Le lien d’attachement avec la mère et le lien extérieur avec le père ont été déficients. Cette déficience a été le terreau du faux-self et a généré frustration et impuissance qui à leur tour ont été alimentés par la société civile dans laquelle ces individus ne se reconnaissaient pas. D’autant plus qu’ils avaient l’exemple de la première génération qu’ils jugent soumise à l’Etat et au peuple judéo-chrétien. Ainsi, révolte et absence d’identification au père sont des éléments communs à ces âmes perdues.
Le rapport illustre cet état de fait par l’exemple d’un djihadiste interrogé en prison, qui fut victime d’un pédophile et qui est dans le déni par rapport au traumatisme subit. A cela s’ajoute des rapports conflictuels avec la mère, l’absence du père, la violence subit de sa mère par ses différents concubins et le placement dans un foyer.
Dans sa partie psychosociale, le rapport évoque « des failles psychiques (…) qui exprimeraient dans le trouble face au contrôle de ses pulsions en particulier dans le rapport aux femmes. Ces dernières, en évoquant une image de désir très fort, renvoient l’islamiste à une forme d’impureté que seule la violence doit permettre de tenir à distance. » Alors disons qu’il s’agit d’une des voies empruntées mais ce n’est certainement pas la seule.
D’un point de vue psychologique, le destin d’une pulsion est soit le renversement en son contraire, soit le renversement contre soi, soit la sublimation, soit le refoulement. Ce dernier, très prisé, est une voie d’allègement de l’inconscient et même refoulée, la pulsion reste à la recherche de se décharger, l’inconscient ne tolérant qu’un certain niveau de tension. Le refoulement ne fait que transférer la pulsion dans l’inconscient qui est lui-même protégé par un système d’évitement de la frustration. La libido (pulsion de vie, de plaisir) est déviée vers un nouveau but, c’est le processus de sublimation. Ces individus auraient pu choisir une voie artistique, spirituelle, intellectuelle ou sportive (les exemples des joueurs de foot ne manquent pas, hein Neymar ?)… que sais-je encore.
Ce qui est dommage, c’est que les autorités semblent investiguer l’analyse sur le « comment » plutôt que sur le « pourquoi ». C’est une question de priorité bien sûr, d’urgence aussi mais il me semble important d’investir massivement la sphère éducative. Pour ma part, vous l’aurez compris, je suis toujours dans la recherche du « pourquoi ».
Quels sont les 3 éléments, selon le rapport, qui mènent aux engagements radicaux ?
- la prise en compte des réactions violentes nées d’un phénomène d’indignation et d’injustice,
- l’influence exercée par la doctrine et l’idéologie professée,
- le lien analytique établi entre idéologie et émotion.
On ne naît pas criminel, même s’il existe des prédispositions à mon avis (cf. psychogénéalogie), on le devient. Intervenir dès la plus tendre enfance est certainement une des clés pour minimiser les risques de déviance. Vaste programme.
"Je suis allé au bout de mes engagements politiques" : Henri Guaino en colère ?
Le 17/06/2017
Les propos d’Henri Guaino sur l’électorat de droite « à vomir » font le buzz. Il a depuis confirmé ses propos en les explicitant et d’après lui, sans colère. Or, la gestuelle inconsciente lors des différentes interviews que j’ai visualisées infirme cela.
Anamnèse
Quels besoins fondamentaux ? Rapide focus sur le passé d’Henri Guaino : comment et sur quoi il s’est construit.
HG est né en 1957, une période après-guerre où il était nécessaire de tout reconstruire. Ce n’était pas des années de légèreté intellectuelle ni comportementale et encore moins d’opulence matérielle.
HG est d’origine italienne et n’a pas connu son père. C’est une information particulièrement importante pour comprendre la construction et le développement de son identité.
Comment se construire sans une figure paternelle dont la fonction est de donner un cadre, des repères, des valeurs et d’être un exemple pour son enfant ?
HG est donc élevé par sa mère femme de ménage – même si elle se remarie, être élevé par un homme qui n’est pas votre père naturel et n’a pas de filiation avec vous reste une phase complexe, encore plus à cette époque - et sa grand-mère, concierge.
Il se construit en se donnant les moyens de ses ambitions avec pour objectif de s’en tirer par le haut. HG obtient une licence d’histoire à Paris-Sorbonne et sort diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris. Voyez comment sa ligne de conduite est droite et déterminée, tournée totalement vers son besoin d’appartenance et de reconnaissance. Soulignons qu’il ne s’agit pas de vouloir être reconnu par ses pairs (jeu de mot conscient et voulu avec « père » évidemment), mais par ceux qui évoluent dans le cercle « supérieur ». Ce point est très important. Appartenir à un cercle de politiciens qui œuvre pour la reconstruction de la France représente un summum dans la reconnaissance personnelle. Pour accéder à un tel rêve, il est primordial de faire montre de ténacité et de persévérance !
Pour résumer cette première partie, les 2 maîtres mots sont : identification et reconnaissance.
A l’envers de ses fondamentaux identificatoires ?
HG est fondamentalement Gaulliste et assimilassionniste. Qu’est-ce donc ?
C’est un « mouvement d’idées qui avait pour objectif de faire disparaître tout particularisme culturel et d’imposer l’assimilation culturelle aux minorités d’un pays » (wikipedia). Plus simplement, issu d’une famille italienne, HG est persuadé que les migrants doivent s’intégrer par le travail d’abord, sans mettre en avant leurs convictions religieuses pour se « fondre dans la communauté d’adoption ».
Voilà ce qu’il faut avoir à l’esprit lorsque vous regardez l’interview d’HG, dont les propos sont certes déplacés mais contextualisés mais qui gardent tout leur sens. Vous comprenez que pour lui, qui n’est pas animé par la langue de bois, il est difficilement compréhensible que les électeurs soient plus fidèles à leur intérêt personnel qu’à leurs idées, leurs présupposées convictions politiques - ce qui sociologiquement s’explique très bien. Disparition de certaines règles, de certaines valeurs mais également disparition de la contrainte du temps et des frontières. A cela vous ajoutez la surreprésentation de l’image et vous avez un terreau fertile pour l’angoisse identificatoire.
Aujourd’hui, les électeurs en particuliers et plus généralement les personnes « connectées » sont plutôt parties prenantes pour suivre un projet sans clivage et novateur. Synonyme d’ouverture d’esprit et de World spirit. Si en plus ce projet peut faire table rase des vieux mammouths de la politique politicienne inflexibles et incapables de s’adapter ou alors juste en adoptant le port de la barbe… alors banco !
Nous sommes dans une société économique et sociale portée par l’internet global et la libre circulation des citoyens. Cette nouvelle façon de voir l’avenir est en totale contradiction avec l’ancien monde dans lequel HG s’est construit. Ainsi naît sa colère clairement exprimée dans ses propos tenus et confirmés depuis dans d’autres émissions.
L’analyse des gestes forts
Malgré mes recherches, je n’ai rien trouvé sur une quelconque maladie qui expliquerait cette notable différence entre l’hémi visage droit et gauche. Cette différence est particulièrement visible, vous l’aurez vous-même noté, sur les paupières et sur la bouche. Effectivement, les fermetures des paupières se font asymétriquement et l’œil gauche d’HG est très souvent plus fermé que le droit. Egalement, le côté gauche de la bouche est sensiblement plus fermé que le droit. Ainsi, je ne relèverai pas cette asymétrie, je constate juste le nombre de clignements de paupières importants et appuyés.
« Je suis allé au bout de mes engagements politiques ».
Lorsque le journaliste lui pose clairement la question : « vous arrêtez HG ? » à 17 sec., le coin extérieur droit de la bouche d’HG est descendant, signe d’une émotion négative liée à l’extérieur.
« Même si l’électorat qui a voté dans la 2ème circonscription de Paris, 6, 5 et 7ème est à vomir… », à 22 sec. est asséné avec une main gauche active et un menton levé. Il se place ainsi au-dessus de cet électorat qui ne représente pas la droite traditionnelle qu’il défend. Le comportement de ces électeurs lui est incompréhensible et le touche profondément dans ses valeurs (main gauche qui illustre la spontanéité et les valeurs personnelles).
HG exprime du dégoût pour ces « bobos qui sont dans l’entre soi » à 43 sec., teinté d’agressivité avec cette lèvre de chien sur « fini l’hypocrisie » à 49 sec. Sentiment appuyé par un menton encore levé et une main droite qui rejette.
Nous retrouvons cette main droite active, avec une tension décelable dans les doigts et le tranchant de la main à 1mn, lorsqu’il évoque la « bourgeoisie traditionnelle de droite » et les électeurs de Patrick Balkany.
HG affirme son positionnement d’homme libre et le rappelle à la journaliste à 1min. 33 sec. : « vous n’allez pas me donner des leçons ce soir ?! » avec une tension très forte dans les lèvres, notamment la lèvre supérieure.
Enfin, à 1 min. 49, le rejet est à nouveau exprimé mais cette fois avec les 2 mains sur « contrairement à tous leurs préceptes moraux ».
La couleur des sentiments
Colère, déception, dépit, ressentiment, rancœur, consternation, déconvenue et enfin désillusion ! Tous ces synonymes sont une sous-rubrique de la colère clairement exprimée par Henri Guaino contre cet électorat infidèle. Ce n’est ni plus ni moins qu’un fort sentiment d’abandon que peut ressentir un enfant face à l’absence du père… une crise identificatoire en somme.
Liens vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=YgYAvlNF-no
https://www.youtube.com/watch?v=4hlxU4JdQwo
Observations complémentaires au débat #MLP vs #EM
Le 08/05/2017
Beaucoup d’analyses ont été faites (presse écrite, télé, vlog) sur les gestes effectués par #MLP et #EM lors du débat d’entre 2 tours. Cependant, je ne vous propose pas une énième analyse qui donnerait mon interprétation sur leur stratégie respective, ni les gestes les plus flagrants qu’ils ont pu faire.
Je vous livre simplement mes observations qui viennent en complément de ces analyses. Mes observations portent sur les attitudes récurrentes durant toute la durée du débat, et sur le type d’émotion transmis par chacun des candidats. Pour moi, il n’y a pas de vainqueur mais deux stratégies biens différentes qui ont malgré tout eu un impact sur les indécis.
#MarineLePen
Son émotion véhiculée est l’agressivité afin de pousser #EM dans ses retranchements. Son écoute est attentive et sur la défensive, illustrée par un visage en axe rotatif gauche et un axe latéral droit – elle regarde #EM avec son hémi visage gauche.
Son buste est très mobile du début à la fin, ce qui donne une image peu rassurante et une personnalité peu stable. Comme mes confrères, je constate de nombreux faux sourires qui ne sont faits que pour atténuer/ironiser la pique lancée, mais j’observe aussi une asymétrie de son visage. Si le côté droit du visage de #MLP est ouvert, c’est bien le contraire pour le côté gauche qui lui s’affaisse. Le côté droit du visage représente le lien avec l’extérieur alors que le côté gauche est plus personnel. Cette asymétrie traduit un malaise de situation, ce que provoque également ce sentiment de colère qu’elle arbore.
Durant la 1ère heure de débat, les mains sont très proches de la table et de son corps. Les mouvements ne sont pas amples et les coudes sont dissimulés. #MLP est dans la retenue malgré ses vociférations. D’ailleurs, elle semble comme étriquée assise sur son siège, les épaules basses, les coudes serrés contre elle. Une attitude très enfantine finalement, un peu tétanisée par l’enjeu du débat. Disons qu’elle fait montre de prudence face à #EM dont elle craint la répartie.
Passée cette heure, les gestes sont plus élevés et les coudes viennent s’ancrer sur la table.
Serait-elle en pleine confiance ? Pas tout à fait… il n’y a qu’à voir les très très nombreux gestes effectués main droite, lorsqu’elle replace une mèche de cheveux derrière l’oreille. #MLP se recadre, se reconcentre, se réassure, se remotive ! Son stress trouve une voie de décompensation par la préhension de son stylo qu’elle manipule.
Hormis cette mèche de cheveux replacée derrière l’oreille, #MLP fait souvent un geste plus symbolique et qui traduit bien malgré elle son agressivité :
Cependant, je trouve un geste que les deux prétendants effectuent souvent et en miroir : les mains jointes qui tranchent (mouvement de haut en bas) ou qui réunissent (mouvement de l’extérieur vers l’intérieur).
#EM
Contrairement à sa vis-à-vis, le futur Président affiche un grand contrôle et une certaine neutralité qu’il va essayer de garder de bout en bout. Il se veut pédagogue et plein de sang-froid, mais certains gestes (que nous verrons un peu plus loin) vont trahir son arrogance, voire sa désinvolture en passant par de l’agacement. #EM ne se laisse pas déstabiliser, il fait même preuve d’assurance. Son buste très en avant dès le début, les coudes bien posés sur la table avec les mains biens hautes. C’est une attitude de dominant.
Les deux mains sont tout de suite très mobiles, elles concluent, énumèrent, ponctuent et illustrent les propos.
Contrairement à #MLP, le visage de #EM est en axe rotatif neutre – c’est-à-dire qu’il la regarde bien en face – et quelques fois en axe latéral droit trahissant une écoute rigide. Cependant, il arbore sur la partie économique un sourire moqueur voire ironique. Il balaie les piques avec sa main droite pleine de désinvolture, et se permet même de reposer son menton sur sa main lorsque le thème de la sécurité intérieure est abordé.
Voilà ce qu’il fallait ajouter à ces différentes analyses et qui, je l’espère, vous éclairera sur les attitudes récurrentes que vous avez pu vous-mêmes observer, sans pouvoir les interpréter.
Le 25/03/2017
Régulièrement, je lis le témoignage de personnes ayant vécu un évènement traumatisant survenu dans leur petite enfance, leur adolescence ou encore à l’âge adulte. Cette démarche de libération de la parole est nécessaire, je la respecte avec force.
Je ne peux m’empêcher de penser à celles qui n’arrivent pas à exprimer ce choc qu’elles ont vécu. Parler à la première personne n’est pas chose aisée, ni forcément souhaitée. C’est un passage à l’acte dont les conséquences sur l’entourage sont à prendre en considération.
Il est cependant possible d’utiliser d’autres moyens qui peuvent être créatifs, comme écrire, sculpter, dessiner, faire du sport, jouer au théâtre… tous moyens de sublimation qui, en apparence impersonnels, auront cette force d’extérioriser le trauma sans que quiconque ne puisse pointer du doigt cette personne comme étant une victime, sans la juger. La victime n’a pas forcément envie de passer comme telle parce qu’elle a pu développer des stratégies comportementales qui lui ont permis de s’en sortir jusqu’aujourd’hui, parce que son entourage ne comprendrait peut être pas, ni bien le vivre non plus, le plaçant face à leurs manques (ne pas s’être aperçu de…, avoir préféré le déni…).
Cependant, comme évoqué dans un précédent article, la verbalisation est salvatrice même si elle est dépersonnalisée et réalisée indirectement… « Le malheur n’est jamais pur, pas plus que le bonheur. Mais dès qu’on en fait un récit, on donne sens à nos souffrances. »
Un traumatisme est une effraction du psychisme suite à un évènement soudain qui porte atteinte à l’intégrité de la personne (guerre, maltraitance, violence…).
« Il semble exister un équilibre neurologique dans un système physiologique distinct qui permet à l’information d’être traitée en vue d’une résolution adaptative. (…) Quand quelqu’un fait l’expérience d’un trauma psychologique grave, un déséquilibre se produit dans le système nerveux. (…) Le système est incapable de fonctionner de façon optimale et l’information acquise au moment de l’évènement est maintenu dans son état perturbant. »
Le traumatisme sera plus difficile à surmonter si la victime s’est vue passive ou si l’action de l’agresseur était volontaire.
Il sera « moins impactant » si la victime a le sentiment de pouvoir, à l’avenir, éviter toutes situations similaires grâce à l’adoption d’un comportement différent comme une attitude corporelle plus affirmée.
Par exemple, nous savons que les criminels violents ciblent les femmes, les personnes âgées et sont à la recherche d’indicateurs de faiblesse ou de peur. En Synergologie, nous avons observé qu’un des signes précurseurs d’une agression physique est le « recentrage » de l’agresseur. Il replace ses vêtements sur lui juste avant de passer à l’acte et avant d’investir la distance « personnelle » puis « intime » de sa victime. Il ne montre aucune micro démangeaison avant l’attaque et ne cligne pas non plus des paupières !
Le traitement que la personne fait consciemment ou inconsciemment de l’évènement traumatique peut ainsi avoir des effets plus bénéfiques que d’autres.
« Nos souffrances ne sont pas vaines, une victoire est toujours possible. »
La résilience est un moyen qui permet de s’en sortir avec le moins de dommage, dans la mesure où la victime se sert de l’évènement pour ajuster sa façon de faire, de voir la vie, d’être. La résilience permet de rebondir pour être plus fort. Cette restructuration cognitive permet une certaine immunisation comportementale face aux évènements stresseurs, mais elle se fait au détriment de l’émotionnel puisqu’il y a surinvestissement dans le cognitif. « Presque tous ceux qui s’en sont sortis ont élaboré, très tôt, une « théorie de vie » qui associait le rêve et l’intellectualisation. (…) L’intellectualisation permet d’éviter l’affrontement qui nous impliquerait personnellement. » De mon point de vue, cette capacité cognitive est déjà ancrée dans l’individu dès son plus jeune âge et ne fait que se renforcer par la suite, au gré des évènements de la vie.
En revanche, une personne plus « émotionnelle » ou avec un sentiment d’efficacité personnelle moins affirmé, aura plus de difficultés parce qu’elle devra faire face à un flux extrêmement fort d’émotions qui ne pourra être dompté, noyant la victime dans un brouhaha émotionnel. Le traumatisme va faire voler en éclats les idéaux de la victime, ses croyances en un monde juste et prévisible et il peut conduire à un syndrome post traumatique.
Comment le thérapeute peut-il aider en identifiant la logique cérébrale ?
Ce n’est pas chose facile que de verbaliser un évènement traumatique, récent ou ancien. C’est se découvrir, se mettre à nu et dévoiler sa faille la plus béante. La crainte d’être jugé est prégnante. La relation thérapeute/patient est fondée sur la confiance, la bienveillance, l’assertivité et l’empathie. Quel est intérêt pour le thérapeute de savoir si son patient est plus cognitif qu’émotionnel ? Eh bien il saura si son patient s’exprime avec spontanéité ou avec des filtres. Il pourra ainsi orienter et affiner son questionnement de façon plus efficiente, plus pertinente.
Une personne qui a une préférence hémisphérique Gauche va présenter préférentiellement son hémi visage Droit ! Elle s’exprimera en contrôlant ses mots, en expliquant son discours et aura les mains plutôt en pronation alors qu’une personne ayant une préférence hémisphérique Droit, présentera plus naturellement son hémi visage Gauche avec toute sa spontanéité et aura les poignets plus ouverts en supination. La première privilégiera l’appui de son discours avec sa main droite, tandis que la seconde utilisera sa main gauche.
Alors, comment s’en sortir réellement ?
Il est nécessaire de multiplier les différentes approches thérapeutiques, c’est-à-dire la Thérapie Cognitive et Comportementale, l’EMDR mais également la psychothérapie.
- être informé sur la normalité des symptômes, sur leur évolution et les possibilités de traitement,
- être incité à visualiser à nouveau l’évènement mais bien sûr dans un environnement (cabinet de psy) sécure,
- utiliser ce pouvoir qu’offre la catharsis,
- réguler l’activité neurovégétative grâce aux méthodes de respiration, de training autogène de Schultz, de yoga, de méditation de pleine conscience…
- utiliser la restructuration cognitive grâce à une grille de traitement des ruminations,
- développer une qualité d’acceptation parce qu’on ne peut pas « effacer » ce qu’il s’est passé et améliorer l’affordance (« faculté qu’a l’organisme de se comporter en percevant ce que l’environnement lui offre en termes de possibilités d’actions »),
- devenir acteur de sa vie en s’impliquant avec créativité dans des relations sociales (associations, formations, loisirs, politique…).
Mais bien sûr, cela ne peut se faire qu’avec un accompagnement psychologique qui est nécessaire et primordial, je le réaffirme.
Aujourd’hui encore plus qu’hier, il est primordial de protéger la petite enfance, l’adolescence mais également les Droits des Femmes en luttant activement contre la violence scolaire, sociale, professionnelle... Oserais-je aller jusqu’à dire qu’il serait nécessaire de dispenser des cours d’éducation parentale concomitamment aux cours d’accouchement ? C’est une évidence…
Réf. : Boris Cyrulnik (« un merveilleux malheur », Odile Jacob), Psychoweb, Jacques Van Rillaer (SPS n°294), Francine Shapiro (« manuel d’EMDR », InterEditions), Jacques Fradin, Inserm, Roger Sperry, Edward T. Hall (« la dimension cachée », Points), Nelly Boulassy (« anticiper une agression physique, étude des signes précurseurs »), slate.fr/life/79723/victime-agression-demarche, acrh.revues.org/7338
Poutine vs Sarkozy : sommet du G8 en 2007
Le 19/02/2017
Le sommet du G8 2007 réunissait les dirigeants des 7 pays démocratiques les plus industrialisés et la Russie, du 6 au 8 juin 2007, en Allemagne. Au cours de ce G8, Nicolas Sarkozy a vivement critiqué la politique menée par Vladimir Poutine. Mais lors d’un tête à tête, le Président russe va réajuster à sa façon l’équilibre des pouvoirs…
Lors de la conférence de presse qui suivit, l’ensemble des journalistes présents a attribué l’attitude de Nicolas Sarkozy à une ivresse, mais la réalité est toute autre.
Au-delà des éléments verbaux repris par Nicolas Hénin, voyons comment cela s’est traduit par le langage non verbal.
[2.06] : NS arrive d’une démarche plutôt assurée pour quelqu’un que les journalistes disent être ivre. Je ne vois pas d’hésitation, le poids du corps s’ancre avec détermination dans chaque pas.
[2.11] : « Vous préférez que je réponde aux questions ? » NS affiche du dépit sur son visage, illustré par la commissure gauche de sa bouche qui est ascendante. Ce dépit se mêle de surprise avec ses rides du front et les sourcils en « accent circonflexe ». Je peux distinguer aussi son hémi visage droit commandé par le cerveau analytique (hémisphère gauche) plus crispé que le gauche.
[2.44] : « Du fait de l’humiliation que venait de lui infliger Vladimir Poutine ». Sur cette image que vous pouvez arrêter, vous pouvez observer une différence évidente de hauteur au niveau des épaules. La gauche est beaucoup plus haute (hypertonique) et contractée afin de se protéger. C’est instinctivement le bras gauche qui s’élève en premier en bouclier vers le danger, pour se protéger. En revanche, la droite est plus basse, en cohérence avec cet hémi visage droit moins expressif.
La mâchoire est pendante, exprimant ainsi le renoncement, l’hébétude.
Enfin, sur cette même image, NS marque un retour sur soi avec son regard et son menton bas, marquant ainsi une infériorité.
[2.45] : Ce sentiment, qui est aussi la peur, est encore plus lisible à ce moment avec des rides en forme de vagues sur le front, avec le blanc des yeux très apparent sur le bas de l’iris.
[2.48] : « Nous avons évoqué tous les sujets… » dit NS avec la bouche en huître (propos retenus) et une crispation des sourcils désireux de marquer/d’insister sur ce point en particulier.
[2.52] : « La Tchétchénie… » avec le sourcil droit levé qui veut mettre le monde extérieur à distance. Le regard est défocalisé et la lèvre est mordue, ce qui ne s’observe que dans un contexte négatif s’il n’est pas associé à un vrai sourire.
[2.58] : « Les Droits de l’Homme… » avec la commissure gauche de la bouche qui remonte (ascendante) avec un mordillement de la lèvre inférieure (encore).
[3.00] : « Le Droit des homosexuels… » avec du dégoût teinté de peur dans l’expression du visage, les dents inférieures sont très visibles et les narines sont retroussées, prêtes à inspirer davantage d’air (qui semble lui manquer).
Comme souvent, nous voyons que la réalité n’est pas forcément celle qu’ON nous présente.
La réalité est que le corps parle à notre insu, qu’il produit des signes observables et que nous avons aujourd’hui les moyens de les décrypter.
Merci à Emmanuelle Fitoussi pour la suggestion.
Lien : https://www.youtube.com/watch?v=HEpcPdcJqR8
Biblio. : Nicolas Hénin, « La France russe », 2016
Pénélope Fillon savait-elle qu'elle était rémunérée ?
Le 04/02/2017
Le regard de Pénélope Fillon me fait fortement penser à celui de Lady Diana. Un regard triste, dirigé vers le bas dans une certaine réserve, très fréquent dans cette séquence. Il va également souvent se perdre à l’extérieur gauche ou droit, une façon d’échapper momentanément à la réalité.
« Que faites-vous de vos journées, quand votre fils est à l’école ? »
A cette question, l’embarras voire même le désarroi se lit sur le visage de Mme Fillon, la bouche reste un instant entrouverte, la commissure des lèvres est ascendante et le corps s’affaisse… jusqu’au moment où il faut bien répondre ! Alors le corps se redresse, la bouche se ferme avec une certaine tension dans les lèvres (dubitative Mme Fillon) puis les sourcils se font plus hauts : il est temps de répondre.
Le corps part alors sur sa gauche dans une argumentation hésitante, timide. L’axe de tête est à gauche, l’œil directeur est le droit, traduisant de la soumission à son rôle de « femme de… » peu valorisant pour elle. A ce moment de sa vie, Pénélope Fillon n’est certainement pas une femme épanouie.
« J’ai toujours vécu comme n’importe qui d’autre. »
Du dépit aussi avec cette réponse qui la renvoie à la banalité du quotidien d’une mère (célibataire ?) qui ne travaille pas. Ses yeux sont grands ouverts, les sourcils très hauts et le regard perdu dans le vague.
Il faut attendre qu’elle évoque son inscription en Littérature Anglaise pour voir enfin un sourire vrai, spontané. Retour sur soi, regard vers le bas, l’évocation de cette activité « loisirs » semble la ravir.
François Fillon laisse-t-il sa femme libre de travailler ?
« Je me suis rendu compte que mes enfants ne me voient que comme leur mère », sa main droite va positionner cette fonction « mère » à sa droite, s’en désolidarisant. Pénélope Fillon aspire à occuper différemment ses journées qu’à materner.
Elle oppose à cette fonction sa formation scolaire : diplôme de français, de droit, concours d’avocat ! C’est dit avec de la tension dans la mâchoire et les dents serrées (agressivité contenue), mais les sourcils et le front sont plissés et montrent toujours cette tristesse.
Enfin, à 4min. 21 je passe l’interview à 25% de la vitesse normale, au moment où Pénélope Fillon dit clairement qu’elle n’a pas été l’assistante de son mari. Elle initie un « non » de la tête par la gauche, en toute sincérité donc !
Cette tristesse prégnante, que j’ai observé tout au long de cette interview, est illustrée par cette image arrêtée à 3min 05 et nous fait, aujourd’hui, nous poser cette question : Pénélope Fillon était-elle au courant de ces indemnités qui lui étaient versées ? La réponse semble évidente maintenant que vous venez de lire mon analyse de sa gestuelle, elle le sera encore plus lorsque vous lirez l’article d’Elodie Mielczareck : http://www.analysedulangage.com/index.php/2017/02/03/penelope-ne-savait-zones-dombre-discours-de-fillon-mots-trahissent-pensee/
Lien vers l'interview : https://www.youtube.com/watch?v=YS1a8n_cBNs