Familicide : le cas David Bain

Le 08/07/2022 0

L’histoire se passe à Dunedin, en Nouvelle Zélande. Lundi 20 juin 1994, David Bain, 22 ans, appelle la police pour signaler que toute sa famille a été tuée. Son père, sa mère, ses 2 sœurs et son frère.

C’est avec le fusil - muni d’un silencieux - de David que son père a été retrouvé mort. Il se serait tiré une balle dans la tête après avoir exécuté sa femme et ses 3 enfants. Le message suivant a été retrouvé écrit sur l’ordinateur de la famille, à l’attention de son fils David : “désolé, toi seul méritait de rester.”

Selon l’enquête, le couple battait sévèrement de l’aile. La mère, ancienne prof de musique,  était sans emploi, narcissique et versait dans l’occultisme pour lequel elle faisait du prosélytisme aussi bien à ses enfants qu’à ses amies. Le père était enseignant et Directeur d’école élémentaire, dépressif et incestueux avec sa fille Laniet. 

David, quant à lui, est décrit comme un jeune homme timide, renfermé, sans ami mais aussi très contrôlant. 

Après être partie s’installer en Papouasie pendant des années, la famille est retournée vivre à Dunedin dans leur vaste maison délabrée, dans le jardin de laquelle se trouve une caravane. A tour de rôle, pour ne pas se croiser, le père et la mère s’y réfugient alternativement. 

Les enfants n’ont pas été scolarisés. La mère faisait l’école à la maison mais le niveau  des enfants était tellement catastrophique qu’ils ont dû être scolarisés urgemment. Mais pour David, 9 ans, il était déjà trop tard. Il fut la risée des autres, et il avait développé une personnalité complexe. Analphabète de surcroît, il avait adhéré aux croyances de sa mère et il était d’une capacité intellectuelle limitée. C’est certainement celui qui avait le plus besoin de sa mère, de son soutien et de tout son amour. Sauf que les parents se montrèrent incapables d’élever leurs enfants. Pour autant, David n’avait pas de maladie mentale. 

Lorsque David est rentré de sa tournée de livraison de journaux, il a trouvé son père allongé face contre terre avec un fusil près de lui. Tout semble faire croire à un suicide. Mais selon le rapport balistique, l’angle de tir et la longueur seraient incompatibles avec un suicide. 

Le père est dès lors mis hors de cause et c’est donc David, seul rescapé de la famille, qui va être arrêté, inculpé et incarcéré à perpétuité. Il a contre lui 20 minutes de temps manquant entre le moment où il découvre le massacre et le moment où il prévient la police. Ses justifications ne sont pas convaincantes, un verre de ses lunettes est retrouvé dans la pièce où son frère est mort, enfin, son visage est tuméfié et ses mains portent les stigmates d’une lutte, tout comme son frère qui semble s’être battu avant de mourir.

L’affaire va connaître un tournant lorsqu’un ancien rugbyman reconverti en homme d’affaires va saisir le Privy Council de Nouvelle Zélande pour demander la révision du procès. Suite à cette nouvelle enquête et plusieurs témoignages, la défense va réussir à immiscer le doute de la culpabilité de David Bain. Il sera finalement déclaré non coupable.

A ce jour, 2 théories s’opposent. La première est que le père serait le meurtrier parce que suite à sa dépression sévère, il aurait perdu tout contact avec la réalité et aurait eu de plus en plus un comportement désorganisé. De plus, il avait publié dans le bulletin de l’école des histoires graphiques inapropriées de violences et de meurtres commis par ses élèves de 9 ans, dont l’une racontait le meurtre de toute une famille. Enfin, la famille était chrétienne et le père était incestueux. Sa fille avait commencé à en parler à la communauté. La seconde est le fils David pour lequel le mobile n’a pas été établi. 

Lorsqu’un foyer n’est pas équilibré, conflictuel voire malsain, que la nature des relations entre les membres du foyer est perverse, que la mère est insécure et que le père ne joue pas son rôle pour poser les limites, alors l’enfant qui est le plus fragile émotionnellement, qui ne trouve pas d’autres figures structurantes, n’aura aucune capacité de résilience. Cependant, si l’enfant s'investit émotionnellement dans une activité qui le passionne, alors il y aura résilience et donc pas de motif de céder à la violence, hormis si un élément extérieur viendrait lui faire revivre un acte traumatique, ce qui serait un élément déclencheur. En situation de stress aigu, un élément extérieur agira telle une étincelle et mettra le feu aux poudres. 

Il ne faut pas perdre de vue que David n’a aucun mobile établi, que le verre de lunette retrouvé dans la chambre de son frère était couvert de poussière et que les 2 seuls éléments à charge sont les 20 minutes “perdues” et son visage et ses mains qui portent les traces d’une lutte. 

Ce que les statistiques nous apprennent, c’est que les “familicides” sont un crime hautement sexiste et que dans 95% des cas, c’est le père qui le commet, le fils dans seulement 1% des cas. Appeler un acte de violence sexiste ne revient pas simplement à suggérer qu’il s’agit de violence masculine à l’égard des femmes, même si c’est souvent le cas. C’est la violence qui est motivée de manière centrale par les dimensions sociales et structurelles du genre.

Dans les 1% des cas où le fils est le meurtrier, il s’avère qu’il a toujours été soit maltraité, soit il souffrait de troubles mentaux graves. 

Un des facteurs clé des familicides est le fait que le partenaire quitte ou communique son intention de quitter l’autre. Le passage à l’acte n’est pas toujours précédé de violences ni même que des violences aient déjà été commises. Le désir et le sentiment d’avoir à contrôler les finances et l’unité familiale est un dénominateur commun. Le passage à l’acte intervient lors d’une perte de contrôle en spirale sur ces thèmes, en particulier par le “chef de famille”. Dès lors que celui-ci ne peut plus exercer son “sur-contrôle” (sur la façon de s’habiller, sur les relations sociales, sur les finances, sur la communication, and so on…), le passage à l’acte est probable. 

Il existe des signes avant-coureur de familicide-suicide après séparation, cependant, ils ne sont pas reconnus ni par la victime, ni par le cercle proche des relations : antécédents de violences infantiles, niveau et dysqualité d’attachements des adultes, niveau de narcissisme.

Il existe a priori 2 types de meurtriers “familicide” : celui pour lequel le passage à l’acte est un acte de vengeance, une punition et celui pour lequel il s’agit d’un acte désespéré, un acte de libération pour sa famille et lui, soit un homicide-suicide altruiste.

Ces derniers représentent entre 0,20 et 0,30 pour 100 000 habitants. Dans la plupart des cas, l’auteur est un homme (85% à 90% des cas), plus âgé que ses victimes, des éléments dépressifs et paranoïaques sont souvent présents et le moyen utilisé est une arme à feu (88% des cas, 1983 N. H. Allen). Le lieu du passage à l’acte se trouve le plus souvent être le domicile de la victime ou de l’auteur et dans la chambre.

Voilà, je pose ça là, je n’arrive pas à la même conclusion que McSkyz, je vous laisse à votre réflexion…


David bain 2

 

Liens pour aller plus loin :

(1) 22 ANS et ACCUSÉ du SORDIDE MASSACRE de sa FAMILLE : Le cas David Bain (#HVF) - YouTube

A case that divides the nation (stuff.co.nz)

David Bain | … the real story (davidbaindonate.nz)

(1) Bain Family Murders | Was David Bain Innocent? - YouTube

David-Bain-appendices-tabs-A-to-E.pdf (justice.govt.nz)

Familicide Suicide | PDF | Attachment Theory | Domestic Violence (scribd.com)

Documents | David Bain (davidbaindonate.nz)

N¡12-Chocard* (senon-online.com)

 

 

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