Blog

Un geste peut-il sous-tendre un passage à l'acte passé ou futur ?

Le 07/02/2021

Participer de façon anonyme à ce questionnaire rapide dont l'objectif est d'identifier s'il existe un lien entre le geste illustré sur l'image ci-dessous et un passage à l'acte ?

Pour cela, il vous suffit de cliquer ou copier/coller le lien ci-dessous :

https://forms.gle/GeuestVG5TsmcYrm9

 

Main gauche en prise sur le bras

Vers la tempérance...

Le 17/01/2021

La tempérance. 

Peu en parle mais grande est cette vertue. C’est l’aptitude à contenir les émotions excessives. 

Dans le prolongement de Darwin, pour être efficace il est nécessaire d’adapter son comportement au contexte, et non le contraire. Mais ça ne se fait pas aisément, c’est selon la capacité de chaque personne. 

L’intelligence émotionnelle, entre autres formes d’intelligences (8 selon Gardner), permet de développer cette capacité d’adaptation.

Solvay (1990) la définit comme suit :

  • La connaissance des émotions. Elle se développe grâce à la granularité. Bien identifier ses émotions aide à les maîtriser et à comprendre les répercussions de ses propres décisions.
  • La maîtrise de ses émotions permet d’abaisser sa charge émotionnelle à un niveau acceptable pour faire face aux évènements.
  • L’automotivation parce que savoir canaliser ses émotions permet de mieux se concentrer.
  • La perception des émotions des autres, c’est l’empathie, qu’elle soit cognitive ou émotionnelle.
  • La maîtrise des relations humaines c’est cette capacité de savoir entretenir de bonnes relations, c’est savoir gérer les émotions des autres.

Lorsque vous ressentez de la colère suite à un événement, à une dispute ou une critique, vous pouvez l’apaiser en rompant le contact, en sortant, en vous extrayant de la situation. 

Ensuite vous pouvez vous distraire mais je vous recommande d’aller marcher quelques minutes. L’action permet de relativiser, de trouver des solutions et de faire redescendre l’émotion à un niveau satisfaisant. 

Tout en marchant, prenez le temps de bien respirer. Inspirez sur 4 temps, expirez sur 6 temps. Votre rythme cardiaque va retrouver très rapidement son niveau habituel. 

Enfin, une étude de Dolf Zillman a montré que coucher sur papier les pensées hostiles au moment où elles apparaissent permet de les capter, de les identifier, de les contester et de les évaluer.



 

Références : 

“L’intelligence émotionnelle (intégrale)”, Daniel Goleman, éd. J’ai Lu

“Mental Control of Angry Aggression”, Dolf Zillman, in Daniel Wegner et James Pennebaker, Handbook of Mental Control, op; cit.

  

 

Maintenir sa dignité, si possible...

Le 13/01/2021

Julia Minkowski, avocate pénaliste, s’est exprimée lors de l’émission “C à Vous” sur l’affaire qui avait provoquée le retrait de la scène politique de son compagnon Benjamin Grivaux.

Ce qui est terrible de mon point de vue, c’est qu’elle sort un livre sur la condition des femmes avocates et que sa participation à l’émission est suspendue à l’obligation de répondre à quelques questions qui relèvent de la sphère privée.

Voyons comment Julia Minkowski a tout fait pour masquer son dépit et rester digne :

A 11 sec. de la vidéo (lien ci-dessous), nous observons une certaine tension dans les lèvres de l’avocate, ce qui montre de la rigidité. Son port de tête témoigne d’une écoute attentive à l’argumentation et dans ces conditions, il est primordial de rester concentré. Nous ne savons pas comment les propos seront repris, déformés, décontextualisés.

“Je comprends tout à fait que des questions puissent se poser”, dit-elle en replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille gauche, avec sa main droite, tout en baissant son regard vers sa gauche. De ce simple geste lourd de sens, non seulement Julia Minkowski se donne du temps pour se recentrer, mais elle se protège également en plaçant son bras en travers de son buste tout en se replongeant malgré elle dans la situation passée.

“Au-delà de ma propre épreuve”, fit-elle à 1 minute passée, début de phrase qui transpire la tristesse et le dépit. Pour preuve, cette lèvre inférieure côté gauche qui semble s’affaisser en laissant apparaître ses dents inférieures. Pas si simple de gérer cette histoire de façon banale, comme tout couple traversant ce genre de mauvaise passe.

Elle tente ensuite de donner plus de hauteur à son témoignage, un autre angle de vue, à la sauce américaine. Cette tentative se ponctue d’une belle langue de vipère à 1 minute 18 sec. Peine perdue puisqu’elle aura le droit à une dernière question, non sans avoir été rappelée à l’ordre sur le principe de sa participation à l’émission. Intervention d’E. Lemoine qui se fait recadrante, tellement mal approprié. 

L’agacement de Julia Minkowski se traduit aussi par ce regard vers la caméra qui tente de prendre à témoin le téléspectateur à 1 minute 23 sec. Mi sourire également 20 sec. plus tard avec cette bouche qui remonte sur sa gauche, émotion travestie bien sûr. 

Finalement, déshonneur et humiliation publique exprimés d’une main gauche très moïque à 2 minutes de la vidéo. 

Comment rester digne lorsque nous sommes dépassés par la violence de la surexposition médiatique ? Tant que nous aurons une télévision, un média et des téléspectateurs pour ce genre d’interview, l’intelligence collective n’en sortira pas grandie.

 

(1) Affaire Benjamin Griveaux : Julia Minkowski, son épouse, sort du silence - C à Vous - 07/01/2020 - YouTube

 

Julia minkowskiJulia Minkowski, à Paris, le 6 janvier. Photo Samuel Kirzenbaum pour Libération

Violences policières ou débat tronqué ?

Le 22/11/2020

La cristallisation médiatique d’une part, et d’une partie de la population d’autre part sur les violences policières, n’est-elle pas une forme de fascination ?

Comment expliquer une contestation si significative, une remise en question des méthodes employées par la police pour rétablir l’ordre social ? Pourquoi une telle ambiguïté entre le “je t’aime moi non plus” alors que les forces de l’ordre ont œuvré non sans mal pour déjouer les attentats de Paris ? Pourquoi certains individus en viennent-ils à scander, lors de manifestations sur les Champs Elysées : “suicidez-vous !” ? Entre amour et haine, soutien aux forces de l’ordre et contestation, pourquoi une telle fascination ? Pourquoi une telle passion ? Cela ne dépend-il pas d’un certain point de vue ?

C’est le même processus psychologique qui se produit lorsqu’un accident de la route survient et que les automobilistes ralentissent par curiosité. Lorsqu’un fait saillant survient mais qu’il ne concerne en réalité que peu de personnes, d’autres individus viennent forcément se greffer pour observer voire y participer d’une quelconque façon que ce soit. Bien évidemment, que ce soit avec leur téléphone ou avec leur voix, ces mêmes individus vont rapporter leur propre vision de l’évènement à leurs proches, à leurs amis, à leur groupe social, et la diffuser sur les réseaux sociaux avec les conséquences qui peuvent être désastreuses. Leur réalité est-elle d’ailleurs partagée par d’autres qui ont également assisté à la scène ? 

Les contes de Perrault exploitent ce processus psychologique de fascination, de même que les séries à succès The Walking Dead, Viking, The Punisher et autres… C’est cette notion de plaisir/déplaisir , identification/différenciation qui entre en jeu simultanément dans votre psychisme qui est exploitée. Ces contes et ces séries sont produits par l’inconscient collectif et contiennent des images très fortes en sensations comme peuvent l’être les images volées d’une manifestation. Les contes évoquent des histoires qui peuvent arriver à n’importe qui, n’importe quand et n’importe où. Ils n’indiquent aucune date, il n’y a pas de repère temporel et les protagonistes n’ont pas de nom.

Face à l’horreur, nous ressentons de l’empathie ou de l’antipathie (théorie de l’esprit) cependant, nous sommes extérieurs à la situation, ce qui contribue à emprunter une voie de décharge pour les angoisses générées. Parler de la situation, de ce qu’on a vu, de ce qu’on a ressenti, échanger des images nous permet de nous rassurer. Pour certains, il y a là un feedback possible de leur groupe social qui va exciter leur point de vue, leurs valeurs et les renforcer. Ces mêmes personnes peuvent ensuite vouloir rechercher des sensations identiques en participant à nouveau à ce même type d’évènements. En échangeant encore et encore sur les faits, nous renforçons notre sentiment d’appartenance à notre communauté, notre inclusion, nous nous rassurons sur notre normalité et peut être convertissons-nous des esprits dont l’adhésion est encore trop hésitante.

Regarder des faits violents et trouver des coupables, sans se remettre en question nous aide à comprendre et à maîtriser nos angoisses.

Cependant, ce qui est gênant dans ces images diffusées sans recontextualisation, c’est le point de vue qui se veut être celui de l’observateur. Il est généralement à charge. Force est de constater que même ceux qui devraient se positionner en tant qu’observateur sont surtout à l'affût d’un dérapage parce que cela va générer un certain public, une audience, de la publicité, des milliers d’euros à la clé… c’est le nerf de la guerre ! Pour d’autres, cela renforcera leur rôle social, leur ego, leur narcissisme.

Ainsi, ces observateurs vont traiter l’image avec un angle de vue biaisé. 

Violences policieres

Comme l’a démontré Yannick Bressan (“La particule fondamentale de l'Être", 2019,  MJW-Fédition) les personnes qui vont visionner ces images vont en avoir une certaine perception qui correspond ou pas à leurs valeurs (empathie ou antipathie). Des images mentales vont être introjectées, c’est-à-dire que la perception de la situation va “créer une représentation mentale de la réalité à laquelle (l’individu) a immédiatement accès par ses sens et qui est ponctuée par son éducation, ses souvenirs et affects. Ce processus transforme une réalité objective en une réalité subjective”. 

Ces images mentales peuvent également induire une dissonance cognitive, d’autant plus si la source de ces images a été manipulée, tronquée, scénarisée. Il s’agira alors d’une réalité fantasmée induite et prosélyte. Cette nouvelle réalité émergente va ainsi remplacer, se substituer à la réalité de l’individu. Celui-ci va l’intégrer si profondément que son attitude et ses valeurs actualisées en seront modifiées, qu’il adhère ou qu’il n’adhère pas à la situation perçue, pour retrouver enfin son homéostasie.

Selon le rapport de 2019 de l’IGPN, il y a eu +23% d’enquêtes judiciaires entre 2018 et 2019, +38 000 plaintes uniquement liées aux violences volontaires. Le Parquet de Paris ayant demandé à l’IGPN d’enquêter pour toutes plaintes relatives à l’usage de la force, quelque soit la gravité des faits (je n’ai pas réussi à obtenir le nombre de plaintes déposées par les policiers à l’encontre de citoyens, cependant elles existent).

En 2018, il y a eu 10 790 policiers et gendarmes blessés en mission (+15%), selon l’Observatoire National de la Délinquance et des Réponses Pénales, 25 morts soit 10 de plus qu’en 2017, 54 suicides dans la Police Nationale en 2019, 33 militaires en 2018 (source : Sicop et Sirpa).

N’est-il pas possible d’adopter un point de vue de réel observateur afin de relayer les violences de l’une et l’autre des parties, pour que la réponse judiciaire soit transparente et le débat dépassionné ?




 

Affaire DAVAL : rappel de mon analyse comportementale

Le 20/11/2020

Je pense qu'il est intéressant de reposter mon article qui date de l'époque des faits. Article dans lequel j'analysais la gestuelle de l'accusé en mettant en exergue certains items non verbaux. Mon analyse était complétée par des éléments psychologiques qui aujourd'hui trouvent un fort écho par les révélations de l'accusé.

Je poste également les derniers échanges entre JD et sa belle-mère, Isabelle Fouillot, fait rarissime dans un procès. JD confirme la détresse psychologique dans laquelle il était, la force de caractère d'Alexia, la situation conflictuelle autour d'un couple en perdition, un enfant désiré par l'une et non par l'autre et malheureusement, la cocotte minute qui explose.

 

Le gendre idéal : Jonathann Daval !

 Le 03/02/2018

Comment le gendre idéal a-t-il pu berner tout le monde ?

La question aurait pu se poser autrement : comment Jonathann Daval a-t-il pu mentir à tout le monde ? Mais d’ailleurs, a-t-il vraiment menti ? A-t-il caché une partie de la vérité ? A-t-il joué une sombre et cynique comédie ?

Se pose alors la question de l’authenticité et des signes qui permettent de la reconnaître. Lorsqu’une personne montre une émotion qu’elle ressent réellement, on s’attend à voir des épaules hypotoniques ou hypertoniques comme dans la tristesse ou la colère. On s’attend à une augmentation des clignements des paupières, des mouvements de bouche mais également à des gestes effectués avec les mains plus ou moins proches du corps.

Dans le cas de JD, seul le visage (d’après les vidéos que j’ai visionnées) nous apporte des éléments de réponse. Et au final, et évidemment renforcé par ses aveux, il s’agit d’un « mensonge vigilant », c’est-à-dire que JD doit en dire le moins possible afin que le peu d’informations verbales et non verbales extériorisées ne puissent lui être retournées. Il est donc confronté à une double contrainte : laisser s’extérioriser sa tristesse mais en en montrant le moins possible.

Avant d’analyser la vidéo et de vérifier s’il y a une émotion sous-jacente, il est important de rappeler les éléments connus.

 

Quels sont les éléments contextuels ?

D’abord JD affiche un physique petit, fluet, quelques rides sur le front, des sourcils peu mobiles, une coiffure branchée. JD apparaît comme une personne timide voire introvertie, il est informaticien, il est supporté par le père de sa femme lors des différentes sorties filmées. Il est à mille lieux d’un physique à la Charlton Heston et apparaît même efféminé…

JD a rencontré sa femme au lycée et il dit qu’ « elle a changé sa vie (…), qu’elle est une complice délicieuse » (Ouest-France). Elle avait 29 ans, était employée de banque, joggeuse donc active et énergique.

L’enquête a révélé une relation conflictuelle depuis quelques temps, avec des disputes que les voisins qualifient de crises hystériques, puis des échanges de SMS qui révèlent des propos violents de la part d’Alexia et enfin, une difficulté à concevoir un enfant (ce qui ne manque pas de créer des tensions, voire de les exacerber si elles étaient déjà existantes).

 

Meurtrier et triste à la fois ?

A l’analyse de la vidéo, il n’est vraiment pas aisé de se rendre compte que JD est l’auteur de ce crime sordide, cependant, quelques items peuvent être sujets à caution.

JD est authentique parce qu’il ne feint pas la tristesse. Elle est lisible sur toutes les images quand son hémi visage gauche est plus crispé que le droit (4 min. 05), avec les bords extérieurs de la bouche tombants, le menton qui se « froisse », ce ne sont pas des mimiques que l’on peut feindre facilement. Ses larmes sont bien là aussi. Les épaules sont hypotoniques, aucune des deux épaules n’est plus haute que l’autre donc il n’y a pas d’enjeu personnel, pas d’envie de performer. Les clignements d’yeux sont biens présents et même très (trop ?) appuyés, le chagrin éprouvé nécessite même l’ouverture de la bouche pour une meilleure oxygénation, on voit JD souffler souvent pour évacuer cette profonde tristesse. Son regard défocalise souvent mais de manière passive (4 min. 17 ; 4 min. 40 ; 5 min. 32), ce qui va dans le sens d’une authenticité. Par contre, nous ne voyons jamais de mouvement ni des bras, ni des mains, aucune micro démangeaison… mais JD est une personnalité timide et introvertie, voyez sa bouche souvent fermée (4 min. 17), son regard se baisse pour rentrer dans sa bulle (4 min. 44) ce qui est cohérent avec sa gestuelle économe.

 

Cependant, quelques items viennent parasiter le message…

A 4 min. 41, la bouche de JD se ferme en « huître » signifiant que des propos sont retenus, ce qui semble anachronique, d’autant que la langue sort pour rentrer immédiatement confirmant cette envie de ne pas dire.

A 5 min. 47, JD a une déglutition marquée alors que je n’en ai pas vu précédemment et à nouveau sa langue qui sort pour rentrer immédiatement.

Enfin, et c’est pour moi le moment « clé » de ces items, à 5 min. 48, JD a une moue d’agacement, de circonspection avec une mise à distance des autres sur la phrase prononcée par sa belle-mère : « cette marche que nous souhaitons silencieuse… ».

 

Comment expliquer ce hiatus ?

Je me permets une ou deux remarques qui pourront jouer un rôle dans l’explication. Le couple formé par JD et AD ressemble fortement à celui des parents d’AD. La mère est sur le devant de la scène, c’est elle qui parle, elle occupe une fonction de conseillère municipale, c’est donc une femme de pouvoir, alors que le père ne parle pas, il est effacé et soutient physiquement son gendre.

Le couple JD / AD habite dans la maison des grands-parents d’AD, ce n’est pas un bien acquis en commun (et alors me direz-vous ? J’y viens…).

JD a connu sa femme très jeune, au lycée, il dit qu’elle a changé sa vie, il est ainsi entré dans un processus d’idéalisation de sa femme, objet de son surinvestissement émotionnel. Le but étant de réparer évidemment un ego en berne, non valorisé et une faible estime de soi.

Cette idéalisation permet d’éviter la dépression mais qu’en est-il lorsque l’objet idéalisé souhaite vous quitter ? Si cela se réalisait, JD se serait retrouvé sans maison, sans femme, sans enfant promis et surtout, seul face à son narcissisme blessé et donc anéanti dans le sens le plus complet.

Malheureusement statistiquement, les hommes ont une fâcheuse tendance à passer à l’acte contre celle qui les menace de partir.

 

L’idéalisation fixe le couple dans un système non viable à terme, qui ne peut qu’imploser dès lors qu’un élément perturbateur vient mettre son grain de sable dans la machine d’un équilibre précaire. En particulier ici, le désir d’avoir un enfant est une difficulté dont, on peut facilement l’imaginer, chacun peut reprocher le tort à l’autre (je vous rappelle que AD est plutôt affirmée alors que JD est efféminé) et là, à chacun sa méthode… c’est ce qu’attestent les crises d’hystérie relatées par les voisins.

 

A mon humble avis, et là où JD ne pourra pas faire croire à la thèse de l’accident (un étranglement ne prend rarement que quelques secondes…), c’est qu’il avait conscience de ses actes et que le déni affiché lors de la conférence de presse et lors de la marche blanche n’a pas tenu face à la cruelle et sordide réalité.

 

===============================================================================================================================

Lien vers l'article du Figaro : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/tu-ne-l-entendras-plus-tu-as-gagne-elle-s-est-tue-a-jamais-le-dialogue-surrealiste-entre-jonathann-daval-et-la-mere-d-alexia-20201120?utm_source=CRM&utm_medium=email&utm_campaign

 

«Je te souhaite un bon séjour en prison. Adieu» : les mots de la mère d'Alexia à Jonathann Daval

SUIVI D'AUDIENCE - Le président de la cour d'assises a laissé Isabelle Fouillot s'adresser directement à l'accusé.

Par Aude Bariéty

 

Le Figaro retranscrit le dialogue qui a eu lieu ce vendredi 20 novembre devant la cour d'assises de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort, qui juge Jonathann Daval pour le meurtre de son épouse. Isabelle Fouillot, la mère d'Alexia, a longuement questionné son gendre. Un moment rarissime, les parties civiles ne s'adressant normalement pas directement à l'accusé lors d'une audience.

Isabelle Fouillot : Tu as regardé les images [de la confrontation, NDLR] ?

Jonathann Daval : Pas tout le temps.

Isabelle Fouillot : Pourquoi tu ne les as pas regardées ?

Jonathann Daval : Ça fait très mal.

Isabelle Fouillot :Tu as dit que tu as tout perdu, c'est quoi «tout perdu» ?

Jonathann Daval : Alexia, vous, mes parents, ma vie…

Isabelle Fouillot : T'avais peur qu'Alexia te quitte ?

Jonathann Daval : Non.

Isabelle Fouillot : Alors pourquoi t'es pas venu nous voir nous dire «Ça va pas» ? On aurait pu faire quelque chose, on n'était au courant de rien.

Jonathann Daval : J'en ai parlé à personne. On ne pouvait pas parler de nos problèmes de couple.

Isabelle Fouillot : On était là pour vous deux de toute façon, j'arrive pas à comprendre encore aujourd'hui. On a encore que des bribes de vérité, s'il te plaît aujourd'hui lâche toi, s'il te plaît, tu sais que c'est la dernière fois que je te vois, qu'on se parle tous les deux. Écris-le moi si tu veux, mais j'ai besoin de savoir, tu peux comprendre ça, j'ai besoin d'avoir la vérité.

Jonathann Daval : C'est une dispute, la dispute de trop, les mots de trop… Les reproches, tout ce qui est accumulé…

Isabelle Fouillot : Alexia te demandait de revenir vers elle, c'était des appels au secours qu'elle te lançait.

Jonathann Daval : J'ai pas compris tous ses messages.

Isabelle Fouillot : On a l'impression que tu veux tout mettre sur Alexia!

Jonathann Daval : Non j'ai eu mes torts aussi.

Isabelle Fouillot : Dis nous la vérité !

Jonathann Daval : Eviter les conflits, éviter les disputes…

Isabelle Fouillot : Elle te demandait juste de parler !

Jonathann Daval : Il y avait des reproches, plein de choses.

Isabelle Fouillot : Tu te rends compte que tu nous as pris Alexia, que nous on t'a donné notre amour, on t'a toujours aimé et tu nous as tout pris, tu nous as accusés de meurtre. Pourquoi ? Pourquoi t'as fait ça ?

Jonathann Daval : Je voulais fuir la situation, encore fuir.

Isabelle Fouillot : Tu te fichais d'Alexia ?

Jonathann Daval : Non on s'aimait, je l'aimais...

Isabelle Fouillot : Ne me dis pas que tu l'as tuée pour quelques mots, c'est pas possible ?

Jonathann Daval : Elle m'a retenu, j'ai pas pu partir, j'ai pas pu m'enfuir, j'ai perdu pied.

Isabelle Fouillot : Un être raisonné aurait repris ses esprits après un premier coup…

Jonathann Daval : Tout est ressorti, ces années de colère, tout ce que j'ai emmagasiné...

Isabelle Fouillot : C'était quoi la finalité de la tuer ?

Jonathann Daval : Qu'elle se taise.

Isabelle Fouillot : T'es heureux maintenant qu'elle se soit tue ?

Jonathann Daval : Non.

Isabelle Fouillot : Tu ne l'entendras plus, tu as gagné. Elle s'est tue à jamais. Il y a une petite fille dans la famille maintenant, qui ne connaîtra jamais sa tata. Quel gâchis...

Jonathann Daval : J'ai tout détruit.

Isabelle Fouillot : Je voudrais la raison!

Jonathann Daval : C'est une dispute Isabelle, il faut le croire.

Isabelle Fouillot : Pourquoi vous avez pas divorcé?

Jonathann Daval : C'était pas concevable, on n'en a jamais parlé.

Isabelle Fouillot : Est ce que t'as quelque chose à me dire?

Jonathann Daval : Je suis désolé pour tout.

Isabelle Fouillot : C'est bien peu, Jonathann, j'en attendais plus... Je te souhaite un bon séjour en prison. Adieu.

 

Affaire daval

J'ai le pouvoir sur ma vie ! Ou pas... ?

Le 07/11/2020

Les Théories de l’Action Raisonnée et du Comportement Planifié (Fishbein et Ajzen 1975 ; Ajzen 1991) sont des théories dominantes dans l’étude de la relation entre les attitudes et les comportements sociaux. Elles permettent à la fois d’expliquer, de prédire et de modifier les comportements des individus. 

La TAR postule que le comportement dépend de l’intention qui elle même dépend de l’attitude envers le comportement et de la norme subjective. Cette dernière représente la pression sociale perçue par l’individu à effectuer ou non le comportement. 

La TCP y ajoute un élément : le control comportemental perçu. Celui-ci n’est pas sans rappeler le “locus of control” de Julian Rotter (1954) et le “sentiment d’efficacité personnel” d’Albert Bandura. 

L’intention, c’est l’évaluation d’un individu qui considère les implications que pourrait avoir son action avant d’adopter ou non un comportement (théorie de l’attente-valeur de Martin Fishbein, 1970). L’intentionnalité, point de départ de l’agir, rejoint l’agentivité issue de la théorie sociale cognitive de Bandura.

Avec l’intentionnalité et la norme subjective, nous retrouvons les espaces intime et social de l’individu et par extension, l’endogroupe et l’exogroupe lorsqu’elles s’appliquent à un groupe restreint de personnes partageant les mêmes valeurs. Cette notion est importante pour l’analyse de la communication non verbale (Synergologie, P. Turchet).

Dans la TCP, la réalisation ou non du comportement dépend également de facteurs non motivationnels l’opportunité ou les ressources à disposition. 

Dans le prolongement de ces quelques lignes sur la prédictivité des comportements, l’application de ces théories sur des évènements qui nous touchent tous est très intéressante. 

C’est le cas pour la COVID-19 avec cet article que je vous invite à lire : aspects médico-psychologiques relatifs à l’épidémie de coronavirus : l’apport de la théorie de la détection du signal et du concept de lieu de contrôle.

Lien internet : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7270071/

Cit. : Naviaux, A. F., Janne, P., & Gourdin, M. (2020). Aspects médico-psychologiques relatifs à l’épidémie de coronavirus (Covid-19) : l’apport de la théorie de la détection du signal et du concept de lieu de contrôle [Medico-psychological aspects relating to the coronavirus epidemic (Covid-19): The contribution of the theory of signal detection and the concept of place of control]. Annales medico-psychologiques, 178(3), 223–225. https://doi.org/10.1016/j.amp.2020.03.001

 

Locus of control

 

Importer un comportement virtuel dans la vie réelle ?

Le 03/10/2020

L’utilisation quotidienne d’internet, que ce soit depuis un ordinateur, un téléphone ou une tablette, fait que nous avons tous créés des identifiants personnels sur des sites marchands, des blogs… Notre navigation dans ce monde virtuel met en lumière des comportements récurrents que nous n’avons pas forcément dans la vie réelle. 

Pour certaines personnes, la navigation, l’utilisation d’internet se fait dans un objectif de développement personnel et pour d’autres dans un but malveillant voire criminel. Pour tous, notre comportement dans la vie réelle est affecté par celui du monde virtuel, à différents degrés et cela peut également modifier certains traits de caractère.

Comment est-il possible d’importer un comportement virtuel dans la vie réelle ?

Si nous considérons internet comme un monde parallèle à part entière, alors la création d’avatars est symboliquement une nouvelle naissance.

Dans la vie réelle, Henri Wallon a théorisé le stade du miroir qui est le stade formateur de l’identité pour l’enfant âgé de 6 à 18 mois. 

“L’image du corps passe par celle imaginée dans le regard de l’autre.” Le regard de l’autre est donc capital pour le narcissisme de chacun et c’est la capture de son image spéculaire dans le miroir qui permet à l’enfant d’appréhender ce qu’il pense être.

Cette perception se maintiendra si la mère/le groupe/l’autre confirme l’enfant dans cette reconnaissance imaginaire. Ainsi, notre comportement virtuel est perçu par les autres internautes qui interagissent avec nous. Leurs feedbacks vont renforcer ou affaiblir  certains de nos comportements virtuels.

Pour Françoise Dolto, la surface du miroir est une surface psychique omni réfléchissante faisant du miroir une image mais aussi possiblement la voix ou tout autre forme sensible comme peut l’être le comportement. 

Également, dans son concept d’image inconsciente du corps, “le stade du miroir est un structurant symbolique, réel et imaginaire, mais il est surtout l’inscription définitive du sujet dans son corps biologique, une fin et non un début.”

C’est l’autre qui vous reconnaît et c’est la relation avec l’autre qui va faire que nous allons nous exprimer, nous isoler, nous faire sentir confortable, développer notre confiance. Et c’est possible parce que l’autre se projette en nous dans ce qu’il est, ce qu’il n’est pas et ce qu’il voudrait être.

Charles Horton Cooley a développé le concept de “looking-glass self” par lequel les individus construisent leur “self” (leur façon d’être - qui peut être authentique ou feint, dans ce cas nous parlons de “faux self”) en observant comment ils sont perçus par les autres. 

Cooley met en ainsi en avant le côté social de notre construction psychologique en 3 étapes : dans une situation sociale, l’individu imagine comment les autres le voit, comment ils jugent son apparence et comment ce même individu développe des sensations en fonction et répond aux sollicitations.

Mais la multiplicité des surfaces réfléchissantes peut poser question quant au développement du “self”. Être renforcé dans son comportement virtuel par les autres permet de se voir plus confiant, plus fort, de développer son estime de soi et nécessité faisant loi, ces nouveaux traits de caractère sont testés dans le monde réel, que ce soit pour faire le bien... ou le mal.

 

Crapaud boeuf

Jeffrey Epstein : portrait d'un prédateur

Le 22/09/2020

Jeffrey Epstein est né le 20/01/1953 à Brooklyn, New-York et il a été retrouvé pendu dans sa cellule le 10/08/2019. Issu d’une famille juive de classe moyenne, son père était agent municipal des espaces verts. Je n’ai pas trouvé d’information relative à sa mère. Son enfance s’est déroulée à Sea Gate, le quartier de la classe ouvrière à Coney Island. 

Après des études à l’Université Courant Institute of Mathematical Sciences de New York, dont il est ressorti sans diplôme, il est néanmoins devenu professeur à la Dalton School de Manhattan (1973-1975) après avoir menti sur l’obtention de son diplôme. 

Il a fondé son entreprise de gestion d’actifs basé sur le modèle pyramidal de Ponsi. Après une longue enquête, il fut inculpé pour trafic sexuel en bande organisée de mineures. 

Epstein avait mis en place une structure pyramidale d’abus sexuels sur mineures. Environs 80 jeunes filles victimes, entre 2001 et 2006, furent agressées sexuellement ou forcées à avoir des rapports sexuels avec des hommes influants selon plusieurs témoignages, dont celui de Virginia Roberts Giuffre, 17 ans à l’époque des faits.  

Jeffrey Epstein était un self-made-man intelligent, vif d’esprit, sérieux mais un vrai manipulateur charismatique. C’était un introverti dénué d’empathie, incapable de gérer la colère et intolérant à l’angoisse. Il avait du mal à situer la frontière entre le bien et le mal. Sûr de lui, il savait aussi se faire craindre. 

 

Sur cette vidéo : www.youtube.com/watch?v=I6cDF9nSYaU on peut voir Jeffrey Epstein se gratter la mâchoire inférieure avec sa main droite, après avoir jurer de dire la vérité. Avec ce geste effectué sur “yes I do”, il masque son agressivité. 

Sur “is it true sir that…”, il affiche un mépris (à 20 sec.) avec son regard qui s’abaisse, le coin extérieur droit de sa bouche remonte alors que sa main droite vient gratter sa gorge côté droit. Ce geste traduit une envie de ne pas trop en dire.

 

Sur cette vidéo : www.youtube.com/watch?v=PeGMzQ1bRyo après avoir invoqué notamment le 5ème amendement (à 3 min. 28) pour ne pas répondre à la question “avez-vous été abusé sexuellement lorsque vous étiez enfant ?”, Jeffrey Epstein se pince les narines de la main droite et passe son index sous son nez. C’est certainement un moment important dans la mesure où l’on sait que bon nombre de pervers narcissiques ont eux-même été abusés durant leur enfance. Mais Jeffrey Epstein ne veut pas répondre.

 

Du point de vue de la dynamique psychologique, Jeffrey Epstein avait un profil typique du pervers narcissique, du prédateur sexuel. 

Un individu qui n’a pas accès à la symbolisation ira chercher ceux qui sauront nourrir son narcissisme blessé. Que ce soit par la prédation, l’effraction ou l’intimidation.

Dans des conditions normales, la mère attentionnée vient rassurer son nourrisson des agressions extérieures qui le persécutent. Sa mère lui permet de distinguer le bon du mauvais. Le pervers est à l’origine un enfant insécure qui n’a pas la capacité à créer des représentations psychiques, à symboliser, à fantasmer. 

Afin de gérer/diminuer son angoisse d’anéantissement, il va se doter de “prothèses fétichiques”. L’autre est utilisé comme un fétiche et participe à l’auto-érotisme du pervers. Il est donc le garant de l’intégrité narcissique du pervers à condition qu’il soit inanimé et immuable (“objet non objet”, Racamier). 

Le prédateur sexuel a un manque de contrôle pulsionnel, une pauvreté du monde fantasmatique, il se croit omnipotent avec un fantasme de toute puissance et une recherche de contrôle sur l’autre (emprise). Il a également un sens du grandiose, absorbé par des désirs de pouvoir et de grandeur, il a un besoin excessif d’être admiré et il est certain que tout lui est dû. Peu, voire pas d’empathie, il fait preuve d’un comportement hautain, arrogant, noyé dans son égocentrisme.

 

Jeffrey Epstein s’est donc a priori pendu avec des draps dans sa cellule, l’os hyoïde brisé, ce qui est rare dans le suicide par pendaison, moins pour l’étranglement.

Ses dizaine de victimes (connues) doivent survivre et se reconstruire en faisant le deuil d'un procès qui aurait été le premier pas vers la résilience.


Jeffrey epstein