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Jeffrey Epstein : portrait d'un prédateur

Le 22/09/2020

Jeffrey Epstein est né le 20/01/1953 à Brooklyn, New-York et il a été retrouvé pendu dans sa cellule le 10/08/2019. Issu d’une famille juive de classe moyenne, son père était agent municipal des espaces verts. Je n’ai pas trouvé d’information relative à sa mère. Son enfance s’est déroulée à Sea Gate, le quartier de la classe ouvrière à Coney Island. 

Après des études à l’Université Courant Institute of Mathematical Sciences de New York, dont il est ressorti sans diplôme, il est néanmoins devenu professeur à la Dalton School de Manhattan (1973-1975) après avoir menti sur l’obtention de son diplôme. 

Il a fondé son entreprise de gestion d’actifs basé sur le modèle pyramidal de Ponsi. Après une longue enquête, il fut inculpé pour trafic sexuel en bande organisée de mineures. 

Epstein avait mis en place une structure pyramidale d’abus sexuels sur mineures. Environs 80 jeunes filles victimes, entre 2001 et 2006, furent agressées sexuellement ou forcées à avoir des rapports sexuels avec des hommes influants selon plusieurs témoignages, dont celui de Virginia Roberts Giuffre, 17 ans à l’époque des faits.  

Jeffrey Epstein était un self-made-man intelligent, vif d’esprit, sérieux mais un vrai manipulateur charismatique. C’était un introverti dénué d’empathie, incapable de gérer la colère et intolérant à l’angoisse. Il avait du mal à situer la frontière entre le bien et le mal. Sûr de lui, il savait aussi se faire craindre. 

 

Sur cette vidéo : www.youtube.com/watch?v=I6cDF9nSYaU on peut voir Jeffrey Epstein se gratter la mâchoire inférieure avec sa main droite, après avoir jurer de dire la vérité. Avec ce geste effectué sur “yes I do”, il masque son agressivité. 

Sur “is it true sir that…”, il affiche un mépris (à 20 sec.) avec son regard qui s’abaisse, le coin extérieur droit de sa bouche remonte alors que sa main droite vient gratter sa gorge côté droit. Ce geste traduit une envie de ne pas trop en dire.

 

Sur cette vidéo : www.youtube.com/watch?v=PeGMzQ1bRyo après avoir invoqué notamment le 5ème amendement (à 3 min. 28) pour ne pas répondre à la question “avez-vous été abusé sexuellement lorsque vous étiez enfant ?”, Jeffrey Epstein se pince les narines de la main droite et passe son index sous son nez. C’est certainement un moment important dans la mesure où l’on sait que bon nombre de pervers narcissiques ont eux-même été abusés durant leur enfance. Mais Jeffrey Epstein ne veut pas répondre.

 

Du point de vue de la dynamique psychologique, Jeffrey Epstein avait un profil typique du pervers narcissique, du prédateur sexuel. 

Un individu qui n’a pas accès à la symbolisation ira chercher ceux qui sauront nourrir son narcissisme blessé. Que ce soit par la prédation, l’effraction ou l’intimidation.

Dans des conditions normales, la mère attentionnée vient rassurer son nourrisson des agressions extérieures qui le persécutent. Sa mère lui permet de distinguer le bon du mauvais. Le pervers est à l’origine un enfant insécure qui n’a pas la capacité à créer des représentations psychiques, à symboliser, à fantasmer. 

Afin de gérer/diminuer son angoisse d’anéantissement, il va se doter de “prothèses fétichiques”. L’autre est utilisé comme un fétiche et participe à l’auto-érotisme du pervers. Il est donc le garant de l’intégrité narcissique du pervers à condition qu’il soit inanimé et immuable (“objet non objet”, Racamier). 

Le prédateur sexuel a un manque de contrôle pulsionnel, une pauvreté du monde fantasmatique, il se croit omnipotent avec un fantasme de toute puissance et une recherche de contrôle sur l’autre (emprise). Il a également un sens du grandiose, absorbé par des désirs de pouvoir et de grandeur, il a un besoin excessif d’être admiré et il est certain que tout lui est dû. Peu, voire pas d’empathie, il fait preuve d’un comportement hautain, arrogant, noyé dans son égocentrisme.

 

Jeffrey Epstein s’est donc a priori pendu avec des draps dans sa cellule, l’os hyoïde brisé, ce qui est rare dans le suicide par pendaison, moins pour l’étranglement.

Ses dizaine de victimes (connues) doivent survivre et se reconstruire en faisant le deuil d'un procès qui aurait été le premier pas vers la résilience.


Jeffrey epstein

Monde virtuel, hyper nihiliste et violences urbaines

Le 23/08/2020

Le constat quotidien depuis des années est éloquent : des actes de violences sont de plus en plus commis contre les personnes, les institutions avec cette espèce d’impunité et d’irrespect qui semblent animer leurs auteurs. 

Comment, dans une société laïque et démocratique, une telle situation s’impose et semble faire tâche d’huile ?

 

Statistiques selon l’INSEE (source : “les statistiques de la délinquance”, Aubusson-Lalam-Padieu-Zamora, France, Portrait social 2002/2003)

Tout d’abord, les “infractions avec victimes sans violence” (vols sans violence) reculent pour passer de 87% en 1975 à 82% en 2000. Cependant, les “faits constatés” étaient de 1 300 000 en 1975 et sont de 3 000 000 en 2000. En nombre, ils restent significatifs.

Les “majeurs mis en cause” étaient 200 000 en 1975 et sont 250 000 en 2000. L’augmentation n’est pas énorme.

Les “mineurs mis en cause” étaient 60 000 en 1975 puis 100 000 en 2000 avec une nette augmentation en 1993… nous y reviendrons plus loin.

Ensuite, les “victimes directes avec violence” (atteintes physiques caractérisées, agressions sexuelles, vol avec violence) sont passées de 6% du total des faits constatés en 1975 à 10% en 2000 avec une augmentation significative en 1988, et encore plus sensible pour les “mineurs mis en cause” à partir de 1995… Ils étaient 15 000 en 1975 sur 240 000 faits constatés contre 40 000 (+37%) en 2000 sur 400 000 faits constatés (+60%). L’INSEE donne une interprétation en page 8/18.

Enfin, les victimes les plus exposées sont les plus jeunes et celles qui habitent dans les grands ensembles ou un tissu urbain composé d’immeubles collectifs. Près d’1 victime sur 2 a subi au moins 1 agression durant les 2 années précédentes et 1 sur 3 au moins 2 autres (survictimisation). 

Sur 4 600 000 affaires traitées par les Parquets, seules 28% réunissent une infraction constituée et un auteur présumé dont 19% feront l’objet de mesures alternatives aux poursuites (médiation, réparation, rappel à la loi).

Sur les 9 premiers mois de 2019, 14% d’augmentation des violences faites à l’encontre des policiers, une centaine de faits par jour (source : France Info, 4/11/2019, “violences : hausse des agressions contre les policiers”).

“Au sein du couple en 2018 : 121 femmes ont été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire, 28 hommes ont été tués par leur partenaire ou ex-partenaire, 21 enfants mineurs sont décédés, tués par un de leurs parents dans un contexte de violences au sein du couple.

81 % des morts au sein du couple sont des femmes. Parmi les femmes tuées par leur conjoint, 39 % étaient victimes de violences antérieures de la part de leur compagnon. Par ailleurs, parmi les 31 femmes auteures d’homicide, 15 d’entre elles avaient déjà été victimes de violences de la part de leur partenaire, soit 48 %.” (Source : « Etude nationale sur les morts violentes au sein du couple. Année 2018 », ministère de l’Intérieur, Délégation aux victimes)

 

Impatience + éducation sans cadre = violence potentielle

L’équation paraît simpliste mais regardons quand même un peu plus dans le détail.

L’impatience aujourd’hui est générée par internet, l’immédiateté, une intelligence émotionnelle faible ainsi qu’une faible tolérance à la frustration.

L’éducation sans cadre tient de l’échec de la mixité sociale, d’un regroupement ethnique avec une différenciation entre pratiquant et non-pratiquant d’une religion, d’un mode d’éducation parallèle et non formel dont les résultats ne sont pas ceux escomptés, avec un abandon prématuré de la scolarité qui débouche sur une éducation non formelle, l’école de la rue (source : unilim.fr).

Il y a un regroupement entre ethnies parce qu’elles partagent des facteurs de cohésion qui ne sont pas sans rappeler celles des tribus. Facteurs socio affectifs parce qu’elles confèrent au groupe toute son attractivité, ses valeurs, ses motivations, ses émotions, ses valeurs communes. Facteurs opératoires et fonctionnels parce qu’ils permettent au groupe de satisfaire ses propres besoins et de poursuivre ses buts (source : “la dynamique des groupes”, Jean Maisonneuve).

 

Que dit l'évolution des jeux FPS aujourd’hui TPS (third person shooter) ?

Pour mémoire, voyons quelques dates du jeu vidéo dans lequel une personne a la possibilité d’en tuer une autre :

1973, 1er first shoot person (fps) “Maze War”,

1983, “3 demons”,

1991, “Catacomb 3D”,

1992, “Wolfenstein 3D”,

1993, “Doom” avec un mode multijoueurs type deathmatch qui permettait à chacun d’affronter 3 autres joueurs (source : dailygeekshow.com),

1994, internet est utilisé par le grand public en France… vous pouvez relire maintenant les statistiques concernant les mineurs impliqués dans les faits d’agressions avec violence…

1997, le fameux “Grand Theft Auto” (littéralement : vol de voitures) dans lequel le personnage principal peut tout se permettre, même tuer un policier.

Cette évolution montre qu’il y a une perméabilité entre l’utilisation du monde virtuel et le monde réel. Il y a un rapport évident entre l’Avatarisation© (cf. Nadine Touzeau), la zone transverse© (cf. Nadine Touzeau) et ce qu’il se passe dans le monde réel. 

L’Avatarisation© c’est la personne qui se crée un profil sur n’importe quel site internet. Vous et moi, mais aussi biensûr l’auteur de faits de violences et c’est bien lui qui nous intéresse. Il n’assume pas qui il est dans la vie réelle mais il assume son avatar parce qu’il ressemble à l’image qu’il se fait de lui-même. C’est une transposition de son Moi idéal, il a développé un faux self hyper puissant et il est incapable de la moindre remise en question. Il le rend réel  au travers de son avatar, ce qui va aussi modifier son comportement dans le monde réel en fonction de ce qu’il va vivre dans son espace virtuel. Augmentation de sa confiance, de son assurance suite à la reconnaissance par l’objet de son avatar et par l’échange avec sa communauté qui va le conforter dans ses actes et ses comportements.

 

La Zone transverse© est ce qui correspond à la sphère d’intimité selon Edward T. Hall et sa théorie de la proxémie. La transposition des actes de violences effectués dans la sphère virtuelle dans la vie réelle est une importation des comportements liés à l’avatar. Ce qui est novateur, c’est que cette zone transverse© se transpose dans la réalité dès lors qu’il y a utilisation d’un objet connecté. Cela induit une importation des comportements relatifs à la zone virtuelle dans la vie sociale réelle. Comportements que les personnes n’avaient pas sans l’utilisation d’objets connectés. Comportements plus osés, plus risqués issus d’une zone virtuelle hors du temps, malléable, modifiable, adaptable et mobile, répétés dans une zone réelle, sociale, régie par des lois et donc par essence : pouvant générer des frustrations.

 

Il faut considérer le monde réel en lien étroit avec le monde virtuel. Dans le monde réel, nous avons pu observer une éducation permissive de toute une génération d’enfants roi, immatures, incapables de gérer la frustration, impatients et égoïstes dans les relations professionnelles et sociales, ne sachant absolument pas accepter qu’on leur dise “non”, mais sachant parfaitement le dire. Ils sont revendicatifs et sûrs de leur bon droit.

 

Concomitamment, la société est régie par un ensemble de règles, de lois qui apparaît comme un carcan institutionnel à l’opposé de l’éducation reçue qui elle, trouve écho dans le monde virtuel régi par aucune règle. Dans celui-ci, les auteurs de faits de violence volontaire, imbus de leur avatar, retrouvent un comportement hyper nihiliste dans un environnement créé pour eux.

 

Ainsi, l’éducation permissive, l’éducation non formelle (de la rue), le regroupement tribal et le caractère immature vont être le terreau des comportements virtuels répétés dans le monde réel, en toute occasion. Le clivage entre ces avatars-hyper-nihilistes-importés (des fakes en vrai) et les citoyens dits classiques ne cesse de se creuser… jusqu’où ?

 

Anonymous

Redouane Faïd condamné à 28 ans de réclusion : retour sur mon analyse

Le 14/08/2020

Le vendredi 13 mars dernier, le braqueur multirécidiviste Redouane Faïd a été condamné à 28 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises du Pas de Calais. L’occasion pour moi aujourd’hui de revenir sur l’analyse que j’avais faite en 07/2018, dans laquelle je pointais quelques marqueurs gestuels révélants son caractère manipulateur. 

Ce même mois de juillet, Redouane Faïd s’était évadé de façon spectaculaire de la prison de Réau (77) par hélicoptère. Il ne fut arrêté qu’en octobre suivant.

 

Rappel de mon analyse du 05/07/2018 :

Analyse Flash : Redouane Faïd, braqueur un jour, braqueur toujours !

 

3 images simples pour illustrer qui est Redouane Faid, l’enfant qu’il a été et le braqueur qu’il sera toujours.

« Je me suis toujours gardé de véhiculer une aura et une légende en disant que c’est bien de faire ça… »

Il le scande comme un mantra mais il énonce simplement le symbole qui le guide lui, et vers ce à quoi il veut tendre : être plus le plus reconnu de tous les braqueurs !

Les propos sont dits posément, sans agressivité qui elle, est lisible sur son corps. Sa langue sort de sa bouche pour y rentrer rapidement, une image presque imperceptible mais dont le sens est : je ravale mes propos.

Axe de tête latéral droit ajouté à un axe de tête rotatif droit, lesquels sont renforcés par un axe sagital supérieur. Il se croit et se place au-dessus des autres, guidé par l’ambition et la quête de reconnaissance : il se voit comme un rebelle et le dit avec le sourire.

La position du buste en arrière et vers sa droite montre qu’il est dans une posture analytique, réfléchie. Son sourcil gauche est relevé par rapport au droit, ce qui le met à distance des autres. Il se veut à part, différent.

« Quand vous grandissez dans une cité, on fait pas attention à vous… »

Le voilà son point de départ d’adaptation sociale, son T0 qui motive son ambition. C’est ce que je tente de clamer, de relayer haut et fort que l’enfant a besoin d’attention, de bienveillance et d’inclusion. Le cas échéant, nul ne peut prédire les voies créatives qu’il peut emprunter pour arriver à exister.

Son menton est froncé en une moue de regret, de dépit qui transmet au fond une tristesse ressentie et contrebalancé par un sourire ironique qui revient très souvent tout au long de ses interviews. Il nous rit au nez ! Sa tristesse est domestiquée et surmontée à grand renfort de clivage bien versus mal, vision pour le moins binaire et enfantine du monde vu par un petit gars de la cité (rien de péjoratif dans mes propos, je vous rassure). C’est malheureusement trop souvent la loi de la débrouillardise et du plus fort qui l’emporte dans cet environnement.

« Je me suis fait arrêter et ça m’a servi à stopper tout ça… »

Aller, pour un peu on pourrait y croire… Non ? Non, pas une once de vérité dans tout cela. Comment serait-ce possible lorsque la tête se désaxe tellement pour venir se placer à l’opposé de ce que les yeux regardent ?! Ses paroles vont dans un sens, ce qu’il pense réellement va dans l’autre sens.

Criminel un jour, criminel toujours !

 

Redouane faid

Liens :

https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/03/13/le-braqueur-multirecidiviste-redoine-faid-condamne-en-appel-a-vingt-huit-ans-de-reclusion_6033004_3224.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9doine_Fa%C3%AFd

https://www.youtube.com/watch?v=_WJytJmlOqs

http://www.ds2c.fr/blog/analyse-flash-redouane-faid-braqueur-un-jour-braqueur-toujours.html

Crédit photo : Redoine Faïd - Brightcove

Ely-Killeuse : analyse des gestes 2 ans après

Le 05/08/2020

 

En août 2018, j’analysais une vidéo d’Ely Killeuse : “la force d’un témoignage investi et authentique”. Ely Killeuse est une blogueuse ambassadrice du Body Positive.

L’objectif de mon analyse était d’identifier les marqueurs gestuels qui illustrent la véracité d’un témoignage. En l’occurrence, la blogueuse s’exprimait pour un trouble du comportement alimentaire. Au cours de ce témoignage, j’ai mis en évidence l’évocation inconsciente d’une information connexe : le lien mère-fille dans l’enfance.

Dans sa gestuelle, la blogueuse montrait une certaine rigidité liée à elle, à son histoire mais également une gêne, un mélange de peur et de dégoût que j’interprétais comme une répulsion ressentie face à sa maladie et un sentiment de culpabilité qui imposait de ne pas en dire davantage.

Aujourd’hui, Ely Killeuse témoigne pour Brut des tabous autour de la grossesse. 

 

Depuis 2 ans, quel a été son parcours personnel ? Est-ce que son cheminement a été bénéfique ? Est-elle parvenue à passer outre son sentiment de culpabilité ?

Globalement et sans rentrer dans les détails, la blogueuse est toujours aussi authentique, le regard alternant entre passé et futur émotionnel, les sourcils sont mobiles et viennent ponctuer certains mots ou phrases. Ely Killeuse est dans le lien mais avec un esprit analytique, son axe de tête en témoigne et c’est tout à fait logique vu le contexte.

Cela étant, ce qui est intéressant à l’analyse de cette nouvelle vidéo ce sont les gestes parasites et les “non” qu’elle fait de la tête alors que les propos qu’elle tient ne sont pas négatifs. Pourquoi son corps dit “non” alors que ses propos parlent de choses positives ? Pourquoi des gestes qui viennent contrarier son discours ?

 

“La question que tout le monde te pose quand tu es enceinte : combien t’as pris ?” ; “on va se peser : sujet qui fâche”

A 1 min. 51, son index gauche vient micro-démanger l’arc de Cupidon : “la Yasmine d’avant, j’ai eu beaucoup de témoignages, elle n’aurait jamais voulu être enceinte en étant grosse.” Ce geste illustre la relation de dépendance qui existe entre elle et ses followers. Une relation d’influence sans laquelle elle n’aurait pu faire ce travail sur elle. Mais comme toute influence, c’est aussi un signe d’addiction à l’autre dont on se sert pour nourrir son narcissisme blessé.

A 3 min. 04, “(mon corps) il est juste en train de remplir sa fonction” et sa tête fait “non”. Cette sentence n’implique pas de forme négative pourtant...

A 3 min. 10, “j’ai fait une fausse couche avant cette grossesse et aujourd’hui tout ce qui m’importe, c’est que mon bébé aille bien” et sa tête fait “non”. Là non plus, aucune raison pour que son corps dise “non”. 

A 3 min. 36, son index gauche vient micro-démanger sa narine gauche, ce qui illustre que quelque chose dans son image lui est encore dérangeante. Il s’agit bien évidemment de son rapport à son corps et par extension, l’image qu’elle véhicule auprès des autres et celle qu’ils lui renvoient. Il y a bel et bien une distorsion dont elle semble toujours sensible.

La question aurait mérité d’être posée au moment même où elle a fait ces gestes. A quoi pensait-elle à ce moment là ? Ce qui se passe réellement mais dont elle n’a pas conscience, c’est que son corps réagit à ces 2 propos précédents : “combien t’as pris ?” et “Sujet qui fâche !”

Finalement, le corps d’Ely Killeuse ne fait que répondre à ces 2 questions qui ont été posées 2 minutes avant. Son esprit conscient verbalise et construit un discours pour la caméra, il est bien présent alors que son corps ne l’est plus depuis qu’il est resté bloqué sur ces 2 sujets. 

Pourquoi ? Parce que ça la dérange toujours, parce qu’elle n’est pas d’accord, parce que ça la touche encore, parce que c’est un sujet… tabou. Un parallèle est possible entre les troubles des conduites alimentaires (qu’Ely Killeuse a vécu) et le sadomasochisme qui ont de nombreux points communs. Notamment dans la description symptomatique du recours à un rituel avec investissement du geste et de l’objet. Toutes les étapes du rituel doivent être respectées pour se dégager de la tension créée par l’angoisse et l’excitation. Ce sont des rituels obsessionnels et immuables qui revêtent une nécessité pour accéder à un plaisir dominé par l’autoérotisme et la relation d’emprise sous-jacente. Le corps devient le fétiche mais la compulsion de répétition perd ses effets de maîtrise et de réparation narcissique. Le corps est vu comme un objet d’excitation et persécuteur et à ce titre, il doit être puni. L’objet est la cible des attaques et dans le cas des troubles du comportement alimentaire, c’est le corps lui-même et c’est en cela qu’il y a une analogie avec la structure perverse et la destruction de l’autre comme sujet désirant.

Tout cela a construit et façonné Ely Killeuse, ça fait partie de son histoire. Donc, la blogueuse a fait et elle a réussi en partie un travail personnel de longue haleine mais elle n’en a pas tout à fait terminé avec l’image d’elle-même et celle que les autres lui renvoient. Image dont le symbole, le vecteur est son corps. Le jugement de cette image ne devrait plus lui importer mais on ne se débarrasse pas d’une addiction comme ça, surtout lorsqu’on ne l’a pas supprimé totalement de sa vie, de sa façon de fonctionner… le rituel se perpétue par la proxémie créée et entretenue avec son public.

 

Pour conclure, le corps d'une femme ne devrait être un sujet pour personne. Personne ne devrait poser une main sur le ventre d'une femme enceinte sans son approbation.

Tout le monde devrait faire montre d'un peu de psychologie, d'empathie mais malheureusement, l'empathie (cognitive et émotionnelle) a été mise au second plan depuis très/trop longtemps. Mais ça, c'est un autre débat...

 

Ely killeuse 1

 

Le lien vers la vidéo pour cette nouvelle analyse : https://www.brut.media/fr/health/elykilleuse-brise-les-tabous-autour-de-la-grossesse-205b0c2b-0c3a-4f95-89df-78e1b40eaaf8

Lien vers le site d’Ely Killeuse : http://elykilleuse.fr/ (dernière mise à jour en 12/2018)

Lien vers mon analyse : http://www.ds2c.fr/blog/la-force-d-un-temoignage-investi-et-authentique.html

Photo : profil instagram ely-killeuse

 

Comment identifier la couleur d'un échange ?

Le 18/05/2020

Comment identifier la couleur d’une conversation ?

 

L’appel à l’aide de Thierry Beccaro pour les enfants victimes de violences

Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=PNiXy_uCDLM&t=18s

Le sujet de la communication est passionnant et il concerne chacun d’entre nous. Que ce soit dans la sphère professionnelle ou personnelle, nous sommes amenés à échanger avec des personnes avec lesquelles nous avons des intérêts communs, des sentiments, des liens.

Lorsque nous devons prendre une décision, nous pouvons nous montrés rationnels ou instinctifs. Une prise de décision rationnelle est un processus lent, cognitif, abstrait et déconnecté des émotions alors qu’une prise de décision instinctive est un processus rapide, non conscient et qui repose sur sa propre expérience, les feed back et ses émotions (https://www.cairn.info/revue-management-2009-2-page-118.htm).

En communication non verbale, il y a un item très intéressant et très rapide à s’approprier pour percevoir l’état émotionnel d’une personne. Cet item identifié sur l’instant est déterminant pour pouvoir adapter sa communication. Selon sa juste interprétation, le manager qui reçoit un collaborateur pourra questionner de façon plus précise, le thérapeute pourra utiliser plus volontier l’écoute active, le négociateur saura si l’autre s’inscrit dans la bonne dynamique, ou encore si nous plaisons à la femme que l’on aimerait séduire.

Cet item est l’axe de tête. Je devrais d’ailleurs dire LES axes de tête puisqu’il y en a 3 : 

  • l’axe sagittal représente symboliquement la hiérarchie selon que nous nous situons au dessus de l’autre ou en dessous de l’autre. Nous montrons ainsi un visage qui se dresse au dessus de l’autre, au même niveau ou en dessous du visage de notre vis à vis.

  • l’axe rotatif nous permet de comprendre avec quel oeil l’autre nous regarde. S’il nous regarde avec son oeil droit, alors notre interlocuteur fait entrer l’information pour l’intégrer, l’analyser, la classer. Il n’est pas dans le lien, il est dans le contrôle, il y a une distance. S’il nous regarde avec son oeil gauche, il établit un lien émotionnel avec nous.

  • l’axe latéral, est l’axe empathique et s’apprécie à la manière dont la tête penche à droite ou à gauche. Si c’est à droite, la personne est dans le contrôle alors qu’à gauche, elle est plutôt dans l’instinctif.

Vous avez bien compris que ces axes de tête permettent instantanément de percevoir de façon claire, la couleur de l’échange. Leur lecture nous donne l’occasion d’ajuster notre communication en fonction de notre objectif final. 

Un exemple simple, pratique et touchant est le témoignage de Thierry Beccaro en faveurs des enfants victimes de violences familiales. Nous savons aujourd’hui que l’animateur fut lui-même victime de son père. Durant la crise sanitaire, les violences familiales ont augmenté : 

https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/confinement/confinement-et-delinquance-moins-de-vols-et-de-cambriolages-plus-de-violences-familiales-6821122

Le témoignage de Thierry Beccaro nous permet d’identifier les moments où il se place en contrôle, à distance et le moment où il crée du lien. 

Dès les 10 premières secondes nous pouvons constater sa tristesse et son dépit lorsqu’il nous montre sa photo de lui, enfant (sourcils relevés au centre et descendants à leur extrémité, coin extérieur gauche de la bouche descendant).

A la 18ème seconde, l’animateur a du mal à verbaliser des propos difficiles, il les retient avec une bouche dite “en huître”. Ses lèvres rentrent dans sa bouche. 

Lorsqu’il établit un pont entre lui et les enfants qu’il souhaite toucher par cette vidéo, son axe de tête penche sur sa gauche : “... je pouvais m’évader…”, “... c’est parce que je suis passé par là…”, “... je sais qu’il faut faire les devoirs, qu’il faut faire du télétravail…”.

Mais lorsque la maltraitance est verbalisée, lorsqu’il aborde le risque de violence, alors sa tête penche sur sa droite : “... je suis passé par cette phase de maltraitance…”, “... mais là, les enfants ne peuvent pas s’évader…”

Vous pouvez regarder à nouveau cette vidéo en prêtant une attention spécifique à son regard, notamment en vous demandant avec quel oeil l’animateur nous regarde/parle. Vous saurez ainsi si Thierry Beccaro renforce le lien émotionnel qu’il essaie de créer, ou s’il accentue la distance qu’il place inconsciemment entre lui et la violence faite aux enfants.

En cette période difficile psychologiquement, même si le déconfinement se fait, il est important de faire attention aux violences familiales, sur un adulte (une femme dans la majeure partie des cas) ou sur un enfant.

Voici le process mis en place par le gouvernement, au cas où… :

https://www.interieur.gouv.fr/Actualites/Police-de-securite-du-quotidien/Covid-19-La-PSQ-en-periode-de-crise-sanitaire/Mobilisation-contre-les-violences-conjugales-et-intrafamiliales

 

 

 

Photo : https://unmuseepourlemime.com/2019/04/23/corps-parle-compagnie-mouvement-yves-marc/

Axe de tete mouvement

Le mécanisme de la dissociation

Le 02/04/2020

“Je suis en train de crever...(La fille au fond du jardin…)

 

La dissociation est un phénomène vécu et connu de tous. Que ce soit dans nos rêves ou lorsque nous sommes dans la lune, il n’y a rien de plus normal et dans ces cas là, la dissociation n’est pas vécue comme invalidante. 

C’est aussi, malheureusement, un phénomène qui se retrouve assez souvent dans la dépression sévère.

J’ai souhaité aborder ce sujet en prenant comme base le carré sémiotique suivant : 




 



 

Qu’est ce qu’une “dépression / des-pressions” ?

 

C’est exercer une pression du haut vers le bas. C’est la rupture de l’équilibre et d’une conséquente chute de l’état d’esprit (Muriana, 2006).

A l’origine est la perception d’un écart et la mise en place de comportements régulateurs (Haley, 1963). 

Mais qu’est-ce qui fait que cet état dépressif avec dissociation se maintient dans la durée ?

Quels sont les mécanismes à l’oeuvre ?

Parce que l’individu tente de lutter pour retrouver un fonctionnement normal par sa seule volonté et ses efforts, en se contraignant à être dans l’action. Une action d’ailleurs très gourmande en énergie physique et psychologique.

Ces efforts se caractérisent par des injonctions paradoxales : “sois fort”, “soit de bonne humeur”, “bouge toi”, “tu as tout pour être heureux”... toutes ces vaines tentatives exacerbent le problème finalement.

 

Pour être déprimé, il faut d’abord se faire des illusions, idéaliser les choses, les gens, le monde, le travail, les situations, par projections de notre éducation et de notre expérience. Comment devraient se comporter idéalement les individus selon notre propre réalité idéalisée. “Dès que nous sentons que la réalité que nous avions construite ne convient plus, nous n’avons plus de réponse à nos problèmes” (Watzlawick, 2006).

 

C’est la désillusion, la rupture de notre réalité avec notre monde symbolique. Nous étions uni dans un seul corps/esprit, notre individualité éclate en morceaux où le Ça, le Moi et le  Surmoi sont éparpillés dans tous les sens. L’individu tente de reconstruire le puzzle mais l’image s’est effacée, il n’y a plus de modèle, incapable de ressentir et d’appréhender les choses avec recul, ni priorité. C’est la dissociation. La désunion, la fragmentation de la conscience, de la mémoire, de l’identité, des sens et de la perception. La personne à l’impression de vivre en dehors de son corps.

 

Pour Janet, la pensée normale synthétise les niveaux subconscient et conscient, ce qui permet l’unité du Moi. Dans la dissociation, l’individu n’arrive plus à synthétiser les différents phénomènes psychologiques. Certains sont enregistrés par la conscience et d’autres par le subconscient et de manière anarchique. 

Ce rétrécissement de la conscience est provoqué par la fatigue, le stress, le trauma et accentué par certains médicaments.

Pour Freud, il s’agit d’un mécanisme de défense, le refoulement, dont le but est de protéger la conscience sauf que l’inconscient ne supporte qu’un certain niveau de tensions accumulées par les pulsions refoulées. Pour prévenir tous risques de débordement, le psychisme les évacue vers des voies d’allègement automatiques : rêves, lapsus, actes manqués et… somatisation ! Le corps est choisi comme moyen et lieu de décharge. 

 

Tous les appareils du corps peuvent être le siège de la maladie psychosomatiques. Cependant, les troubles psychosomatiques n’ont rien de symbolique. Angoisses archaïques et tentatives pour les contenir et les symboliser. Trauma subi dans l’enfance qui, de l’extérieur semble anodin, mais vécu par l’individu comme terrifiant si bien qu’il ressurgit au cours de la vie lors d’un épisode de peur intense ressentie. Cette peur vient fracturer la conscience causant une angoisse d’effondrement, d’anéantissement, de morcellement et d’intrusion.

 

Cet état de conscience altérée se retrouve dans l’état hypnotique. C’est la simultanéité d’une activité mentale consciente et inconsciente. “En focalisant l’attention du sujet sur un objet ou une sensation et en suggérant l’inhibition des éléments extérieurs, il est possible de créer une forme de dissociation entre l’expérience subjective et le monde environnant” (Laurence et Perry, 1981).

Certaines dissociations traumatiques se rapprochent de l’hypnose dissociante où la personne vit la situation avec détachement, avec du recul, en l’analysant mentalement. Dissociation en tant que mécanisme de défense pour préserver l’intégrité mais aussi pour comprendre une scène trop pleine d’émotions que la personne ne veut pas vivre en tant qu’acteur. 

 

Dans la dépression sévère, avec ses symptômes de dépersonnalisation et de déréalisation, se joue l’équilibre entre pulsion de vie et pulsion de mort. L’objectif crucial est de maintenir puis de développer la pulsion de vie qui se caractérise par le passage à l’acte, par l’agir. 

A l’inverse, ce qui caractérise la pulsion de mort, c’est l’absence de passage à l’acte, c’est l’incapacité à prendre une décision. la pulsion de vie adapte son niveau d’énergie au psychisme de l’individu.

 

Alors, si la pulsion de vie est caractérisée par le passage à l’acte, faut-il voir dans le suicide son acmé ? Malgré le côté définitif du geste qui semble contradictoire ? 

Je veux vivre dépouillée de cette angoisse traumatisante et incapacitante alors je disparais définitivement… je me vois crever donc je passe à l’acte dans une ultime pulsion de vie…” 

 

A chacun de tenter de comprendre, puis de pardonner…


 

La personnalité selon Robert J. Sternberg

Le 21/03/2020

Etude de la personnalité - Les styles de pensées (Robert J. Sternberg)


 

Robert J. Sternberg est psychologue et professeur de psychologie cognitive à l’université privée de Cornell (Etat de New York, USA).

Ses recherches portent sur les différentes formes d’intelligence humaine.

 

La théorie de la personnalité auto-gouvernée (ma traduction certainement impropre) soutient que les styles de pensée peuvent être compris en termes de constructions à partir de nos notions de gouvernement. 

 

Qu’est ce qu’un style pensée ?

Un style de pensée est une façon spécifique et propre de raisonner, d’apprendre et d'engranger des informations. Ce n’est pas une aptitude mais plutôt une façon dont nous utilisons nos aptitudes. Nous n’avons pas un seul style de pensée mais un profil spécifique.

 

  1. Les fonctions : législative, exécutive et judiciaire

 

Législatif : l’individu orienté vers la législation a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui nécessitent la création, la formulation, la planification d'idées, de stratégies, de produits, etc... 

Il aime décider quoi faire et comment le faire, plutôt que d'être informé.

 

Exécutif : l’individu orienté vers l'exécutif a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui fournissent une structure, des procédures ou des règles avec lesquelles travailler, et qui, bien que modifiables, peuvent servir de lignes directrices pour mesurer les progrès. 

Il préfère qu'on lui dise quoi faire.

 

Judiciaire : l'individu à orientation judiciaire a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui nécessitent une évaluation, une analyse, une comparaison-contraste et un jugement des idées, stratégies, projets et autres. 

Il a tendance à évaluer les autres, parfois sur la base d'informations minimales.

 

  1. Les formes : monarchique, hiérarchique, oligarchique et anarchique

 

Monarchique : l'individu monarchique a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui permettent de se concentrer complètement sur une chose ou un aspect à la fois jusqu'à ce qu'il soit terminé. 

Il est déterminé et souvent conduit, et aime terminer une chose avant de passer à la suivante.

 

Hiérarchique : l'individu hiérarchique a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui permettent la création d'une hiérarchie d'objectifs à remplir. Il  aime faire plusieurs choses dans un laps de temps donné. 

Il sait prioriser et s'adapter dans de nombreux contextes. 

 

Oligarchique : l'individu oligarchique a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui permettent de travailler avec des approches concurrentes, avec de multiples aspects ou objectifs qui sont tout aussi importants. Il aime faire plusieurs choses dans un laps de temps donné, mais a du mal à définir des priorités. 

Il s'adapte si les demandes concurrentes ont une priorité à peu près égale, mais il a plus de mal si les choses sont de priorités différentes.

 

Anarchique : l'individu anarchique a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui se prêtent à une grande flexibilité d'approches et à tout essayer quand, où et comment il le souhaite. Cet individu a tendance à être asystématique ou même antisystématique. 

Il a tendance à adopter une approche aléatoire des problèmes et il est parfois difficile à comprendre pour les autres.

 

  1. Les niveaux : local et mondial

 

Local : l'individu local a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui nécessitent un engagement avec des détails spécifiques et concrets. Il aime les détails mais il peut perdre de vue la forêt en ne se concentrant que sur les arbres. Les individus affichant ce style ont tendance à apprécier les tâches qui les obligent à garder une trace des détails et à se concentrer sur les spécificités concrètes d'une situation.

 

Global : l'individu global a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui nécessitent un engagement avec de grandes idées globales et abstraites. Cette personne aime faire face aux grandes idées, mais peut parfois perdre le contact avec les détails - elle peut voir la forêt mais perdre de vue les arbres. 

Les personnes employant ce style apprécient les tâches qui les encouragent à réfléchir aux idées principales et à ne pas avoir à se soucier des détails.

 

  1. Portée : interne et externe

 

Interne : l'individu interne a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui nécessitent des activités qui permettent de travailler indépendamment des autres. Il préfère travailler seul, il est généralement introverti et souvent mal à l'aise en groupe.

 

Externe : l'individu externe a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui permettent de travailler avec d'autres dans un groupe ou d'interagir avec d'autres à différents stades de progression. Il préfère travailler avec les autres, il est généralement extraverti et très à l'aise en groupe.

 

  1. Penchants : libérale et conservatrice

 

Libéral : l'individu libéral a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui impliquent une méconnaissance, allant au-delà des règles ou procédures existantes et maximisant le changement. Parfois, il peut préférer le changement simplement pour le plaisir, même s'il n'est pas idéal. 

Il aime les nouveaux défis et prospèrent dans l'ambiguïté.

 

Conservateur : l'individu conservateur a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui nécessitent le respect des règles et procédures existantes. 

Il aime minimiser les changements et éviter toute ambiguïté.


 

Ce qui est très intéressant avec la théorie de Sternberg, c’est sa simplicité, sa logique et son pragmatisme. Sa mise en oeuvre s’avère simple pour appréhender une personnalité. 

Si je me pose en tant que manager, qualifier une personnalité me permettra d’assigner des tâches en rapport avec le type de fonctionnement de la personne, ce qui maximisera sa bonne réalisation. La personne s’en trouvera valorisée et elle pourra développer ses compétences, professionnelles et même personnelles.

 

Source : Thinking styles, Robert J. Sternberg - Cambridge University Press (1997)

 

Eléments gestuels d'une interview à charge : Juan Branco vs Apolline de Malherbe

Le 23/02/2020

Quels sont les éléments contextuels non verbaux qui accréditent la thèse selon laquelle l’interview d’Apolline de Malherbe était à charge contre l’avocat Juan Branco ?

Pour rappel, l’interview se déroule sur BFM le 17/02 février dernier. Apolline de Malherbe reçoit l’avocat Juan Branco, qui défend Piotr Pavlenski, l’activiste politique qui a diffusé les vidéos privées de Benjamin Griveaux.

Cette interview s’est déroulée durant une vingtaine de minutes dans un climat assez tendu, voire accusateur de la part de la présentatrice. Ce qui est intéressant, c’est la posture de chacun des protagonistes. S’ils sont tous les deux avec le buste bien en avant pour Juan Branco illustrant sa volonté d’échanger, Apolline de Malherbe est également avec le buste en avant mais surtout avec son épaule droite plus en avant que la gauche. C’est une posture qui induit une certaine agressivité dans la communication, la personne a totalement confiance en ses arguments et les défendra avec ardeur. 

Si l’on observe un peu plus en détail l’hémi visage avec lequel la journaliste regarde l’avocat, avec quel oeil elle le regarde, on s’aperçoit que c’est avec le droit. Elle est donc dans une écoute vigilante, elle analyse. Elle n’est pas dans le lien. 

Alors que Juan Branco reste maître de son discours, c’est sa main droite qui l’illustre et ses doigts qui ne montrent aucune tension. En revanche, la journaliste illustre son propos avec sa main gauche, des mains jointes (11 sec., 5 min. 34 sec.), a priori dirigées vers son invité, donc horizontales. Ce geste traduit en principe un désir de rassembler les parties en se plaçant au même niveau. Malheureusement, avec une observation plus fine, on s’aperçoit que les avant bras de la journaliste sont ascendants et non horizontaux, ce qui nous permet de nuancer cette volonté de faire consensus. Au contraire, ce geste vient accréditer la thèse de l’agressivité dans un désir de trancher (3 min. 15 sec.).

Si l’attitude d’Apolline de Malherbe se veut empreinte d’intention combative, la dimension affective vient adoucir son intention et illustrer un stress mal contenu qui, en général, se veut contre productif.

On peut le voir dans le clignement des paupières de la journaliste. Ils sont nombreux comparativement à ceux de l’avocat, qui lui est dans l’analyse, la gestion. L’émotion est donc palpable et mal maîtrisée. 

Également, Apolline de Malherbe se réfugie fréquemment dans une bulle qui fait figure de pare excitation. Son regard s’abaisse vers sa gauche (passé émotionnel) pour se donner de l’allant, mais aussi pour gagner du temps dans la réflexion qui se trouve perturbée par le niveau émotionnel. C’est un item de réassurance. 

Si l’on ne prête aucune attention au contenu verbal de cet échange, posez-vous la question de savoir si celui sort grandi de cette joute n’est pas celui qui maîtrise ses émotions ?

N’est-ce pas dans cet objectif que les formations d’intelligence émotionnelle connaissent (à raison pour autant qu’elles ne soient pas d’anciennes formations remises au goût du jour et simplement rebaptisées) un certain succès ?

 

Lien Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=dR5kBhNdj5I&t=1s

 

 

Juan branco apolline de malherbe