Blog

Ely-Killeuse : analyse des gestes 2 ans après

Le 05/08/2020

 

En août 2018, j’analysais une vidéo d’Ely Killeuse : “la force d’un témoignage investi et authentique”. Ely Killeuse est une blogueuse ambassadrice du Body Positive.

L’objectif de mon analyse était d’identifier les marqueurs gestuels qui illustrent la véracité d’un témoignage. En l’occurrence, la blogueuse s’exprimait pour un trouble du comportement alimentaire. Au cours de ce témoignage, j’ai mis en évidence l’évocation inconsciente d’une information connexe : le lien mère-fille dans l’enfance.

Dans sa gestuelle, la blogueuse montrait une certaine rigidité liée à elle, à son histoire mais également une gêne, un mélange de peur et de dégoût que j’interprétais comme une répulsion ressentie face à sa maladie et un sentiment de culpabilité qui imposait de ne pas en dire davantage.

Aujourd’hui, Ely Killeuse témoigne pour Brut des tabous autour de la grossesse. 

 

Depuis 2 ans, quel a été son parcours personnel ? Est-ce que son cheminement a été bénéfique ? Est-elle parvenue à passer outre son sentiment de culpabilité ?

Globalement et sans rentrer dans les détails, la blogueuse est toujours aussi authentique, le regard alternant entre passé et futur émotionnel, les sourcils sont mobiles et viennent ponctuer certains mots ou phrases. Ely Killeuse est dans le lien mais avec un esprit analytique, son axe de tête en témoigne et c’est tout à fait logique vu le contexte.

Cela étant, ce qui est intéressant à l’analyse de cette nouvelle vidéo ce sont les gestes parasites et les “non” qu’elle fait de la tête alors que les propos qu’elle tient ne sont pas négatifs. Pourquoi son corps dit “non” alors que ses propos parlent de choses positives ? Pourquoi des gestes qui viennent contrarier son discours ?

 

“La question que tout le monde te pose quand tu es enceinte : combien t’as pris ?” ; “on va se peser : sujet qui fâche”

A 1 min. 51, son index gauche vient micro-démanger l’arc de Cupidon : “la Yasmine d’avant, j’ai eu beaucoup de témoignages, elle n’aurait jamais voulu être enceinte en étant grosse.” Ce geste illustre la relation de dépendance qui existe entre elle et ses followers. Une relation d’influence sans laquelle elle n’aurait pu faire ce travail sur elle. Mais comme toute influence, c’est aussi un signe d’addiction à l’autre dont on se sert pour nourrir son narcissisme blessé.

A 3 min. 04, “(mon corps) il est juste en train de remplir sa fonction” et sa tête fait “non”. Cette sentence n’implique pas de forme négative pourtant...

A 3 min. 10, “j’ai fait une fausse couche avant cette grossesse et aujourd’hui tout ce qui m’importe, c’est que mon bébé aille bien” et sa tête fait “non”. Là non plus, aucune raison pour que son corps dise “non”. 

A 3 min. 36, son index gauche vient micro-démanger sa narine gauche, ce qui illustre que quelque chose dans son image lui est encore dérangeante. Il s’agit bien évidemment de son rapport à son corps et par extension, l’image qu’elle véhicule auprès des autres et celle qu’ils lui renvoient. Il y a bel et bien une distorsion dont elle semble toujours sensible.

La question aurait mérité d’être posée au moment même où elle a fait ces gestes. A quoi pensait-elle à ce moment là ? Ce qui se passe réellement mais dont elle n’a pas conscience, c’est que son corps réagit à ces 2 propos précédents : “combien t’as pris ?” et “Sujet qui fâche !”

Finalement, le corps d’Ely Killeuse ne fait que répondre à ces 2 questions qui ont été posées 2 minutes avant. Son esprit conscient verbalise et construit un discours pour la caméra, il est bien présent alors que son corps ne l’est plus depuis qu’il est resté bloqué sur ces 2 sujets. 

Pourquoi ? Parce que ça la dérange toujours, parce qu’elle n’est pas d’accord, parce que ça la touche encore, parce que c’est un sujet… tabou. Un parallèle est possible entre les troubles des conduites alimentaires (qu’Ely Killeuse a vécu) et le sadomasochisme qui ont de nombreux points communs. Notamment dans la description symptomatique du recours à un rituel avec investissement du geste et de l’objet. Toutes les étapes du rituel doivent être respectées pour se dégager de la tension créée par l’angoisse et l’excitation. Ce sont des rituels obsessionnels et immuables qui revêtent une nécessité pour accéder à un plaisir dominé par l’autoérotisme et la relation d’emprise sous-jacente. Le corps devient le fétiche mais la compulsion de répétition perd ses effets de maîtrise et de réparation narcissique. Le corps est vu comme un objet d’excitation et persécuteur et à ce titre, il doit être puni. L’objet est la cible des attaques et dans le cas des troubles du comportement alimentaire, c’est le corps lui-même et c’est en cela qu’il y a une analogie avec la structure perverse et la destruction de l’autre comme sujet désirant.

Tout cela a construit et façonné Ely Killeuse, ça fait partie de son histoire. Donc, la blogueuse a fait et elle a réussi en partie un travail personnel de longue haleine mais elle n’en a pas tout à fait terminé avec l’image d’elle-même et celle que les autres lui renvoient. Image dont le symbole, le vecteur est son corps. Le jugement de cette image ne devrait plus lui importer mais on ne se débarrasse pas d’une addiction comme ça, surtout lorsqu’on ne l’a pas supprimé totalement de sa vie, de sa façon de fonctionner… le rituel se perpétue par la proxémie créée et entretenue avec son public.

 

Pour conclure, le corps d'une femme ne devrait être un sujet pour personne. Personne ne devrait poser une main sur le ventre d'une femme enceinte sans son approbation.

Tout le monde devrait faire montre d'un peu de psychologie, d'empathie mais malheureusement, l'empathie (cognitive et émotionnelle) a été mise au second plan depuis très/trop longtemps. Mais ça, c'est un autre débat...

 

Ely killeuse 1

 

Le lien vers la vidéo pour cette nouvelle analyse : https://www.brut.media/fr/health/elykilleuse-brise-les-tabous-autour-de-la-grossesse-205b0c2b-0c3a-4f95-89df-78e1b40eaaf8

Lien vers le site d’Ely Killeuse : http://elykilleuse.fr/ (dernière mise à jour en 12/2018)

Lien vers mon analyse : http://www.ds2c.fr/blog/la-force-d-un-temoignage-investi-et-authentique.html

Photo : profil instagram ely-killeuse

 

Comment identifier la couleur d'un échange ?

Le 18/05/2020

Comment identifier la couleur d’une conversation ?

 

L’appel à l’aide de Thierry Beccaro pour les enfants victimes de violences

Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=PNiXy_uCDLM&t=18s

Le sujet de la communication est passionnant et il concerne chacun d’entre nous. Que ce soit dans la sphère professionnelle ou personnelle, nous sommes amenés à échanger avec des personnes avec lesquelles nous avons des intérêts communs, des sentiments, des liens.

Lorsque nous devons prendre une décision, nous pouvons nous montrés rationnels ou instinctifs. Une prise de décision rationnelle est un processus lent, cognitif, abstrait et déconnecté des émotions alors qu’une prise de décision instinctive est un processus rapide, non conscient et qui repose sur sa propre expérience, les feed back et ses émotions (https://www.cairn.info/revue-management-2009-2-page-118.htm).

En communication non verbale, il y a un item très intéressant et très rapide à s’approprier pour percevoir l’état émotionnel d’une personne. Cet item identifié sur l’instant est déterminant pour pouvoir adapter sa communication. Selon sa juste interprétation, le manager qui reçoit un collaborateur pourra questionner de façon plus précise, le thérapeute pourra utiliser plus volontier l’écoute active, le négociateur saura si l’autre s’inscrit dans la bonne dynamique, ou encore si nous plaisons à la femme que l’on aimerait séduire.

Cet item est l’axe de tête. Je devrais d’ailleurs dire LES axes de tête puisqu’il y en a 3 : 

  • l’axe sagittal représente symboliquement la hiérarchie selon que nous nous situons au dessus de l’autre ou en dessous de l’autre. Nous montrons ainsi un visage qui se dresse au dessus de l’autre, au même niveau ou en dessous du visage de notre vis à vis.

  • l’axe rotatif nous permet de comprendre avec quel oeil l’autre nous regarde. S’il nous regarde avec son oeil droit, alors notre interlocuteur fait entrer l’information pour l’intégrer, l’analyser, la classer. Il n’est pas dans le lien, il est dans le contrôle, il y a une distance. S’il nous regarde avec son oeil gauche, il établit un lien émotionnel avec nous.

  • l’axe latéral, est l’axe empathique et s’apprécie à la manière dont la tête penche à droite ou à gauche. Si c’est à droite, la personne est dans le contrôle alors qu’à gauche, elle est plutôt dans l’instinctif.

Vous avez bien compris que ces axes de tête permettent instantanément de percevoir de façon claire, la couleur de l’échange. Leur lecture nous donne l’occasion d’ajuster notre communication en fonction de notre objectif final. 

Un exemple simple, pratique et touchant est le témoignage de Thierry Beccaro en faveurs des enfants victimes de violences familiales. Nous savons aujourd’hui que l’animateur fut lui-même victime de son père. Durant la crise sanitaire, les violences familiales ont augmenté : 

https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/confinement/confinement-et-delinquance-moins-de-vols-et-de-cambriolages-plus-de-violences-familiales-6821122

Le témoignage de Thierry Beccaro nous permet d’identifier les moments où il se place en contrôle, à distance et le moment où il crée du lien. 

Dès les 10 premières secondes nous pouvons constater sa tristesse et son dépit lorsqu’il nous montre sa photo de lui, enfant (sourcils relevés au centre et descendants à leur extrémité, coin extérieur gauche de la bouche descendant).

A la 18ème seconde, l’animateur a du mal à verbaliser des propos difficiles, il les retient avec une bouche dite “en huître”. Ses lèvres rentrent dans sa bouche. 

Lorsqu’il établit un pont entre lui et les enfants qu’il souhaite toucher par cette vidéo, son axe de tête penche sur sa gauche : “... je pouvais m’évader…”, “... c’est parce que je suis passé par là…”, “... je sais qu’il faut faire les devoirs, qu’il faut faire du télétravail…”.

Mais lorsque la maltraitance est verbalisée, lorsqu’il aborde le risque de violence, alors sa tête penche sur sa droite : “... je suis passé par cette phase de maltraitance…”, “... mais là, les enfants ne peuvent pas s’évader…”

Vous pouvez regarder à nouveau cette vidéo en prêtant une attention spécifique à son regard, notamment en vous demandant avec quel oeil l’animateur nous regarde/parle. Vous saurez ainsi si Thierry Beccaro renforce le lien émotionnel qu’il essaie de créer, ou s’il accentue la distance qu’il place inconsciemment entre lui et la violence faite aux enfants.

En cette période difficile psychologiquement, même si le déconfinement se fait, il est important de faire attention aux violences familiales, sur un adulte (une femme dans la majeure partie des cas) ou sur un enfant.

Voici le process mis en place par le gouvernement, au cas où… :

https://www.interieur.gouv.fr/Actualites/Police-de-securite-du-quotidien/Covid-19-La-PSQ-en-periode-de-crise-sanitaire/Mobilisation-contre-les-violences-conjugales-et-intrafamiliales

 

 

 

Photo : https://unmuseepourlemime.com/2019/04/23/corps-parle-compagnie-mouvement-yves-marc/

Axe de tete mouvement

Le mécanisme de la dissociation

Le 02/04/2020

“Je suis en train de crever...(La fille au fond du jardin…)

 

La dissociation est un phénomène vécu et connu de tous. Que ce soit dans nos rêves ou lorsque nous sommes dans la lune, il n’y a rien de plus normal et dans ces cas là, la dissociation n’est pas vécue comme invalidante. 

C’est aussi, malheureusement, un phénomène qui se retrouve assez souvent dans la dépression sévère.

J’ai souhaité aborder ce sujet en prenant comme base le carré sémiotique suivant : 




 



 

Qu’est ce qu’une “dépression / des-pressions” ?

 

C’est exercer une pression du haut vers le bas. C’est la rupture de l’équilibre et d’une conséquente chute de l’état d’esprit (Muriana, 2006).

A l’origine est la perception d’un écart et la mise en place de comportements régulateurs (Haley, 1963). 

Mais qu’est-ce qui fait que cet état dépressif avec dissociation se maintient dans la durée ?

Quels sont les mécanismes à l’oeuvre ?

Parce que l’individu tente de lutter pour retrouver un fonctionnement normal par sa seule volonté et ses efforts, en se contraignant à être dans l’action. Une action d’ailleurs très gourmande en énergie physique et psychologique.

Ces efforts se caractérisent par des injonctions paradoxales : “sois fort”, “soit de bonne humeur”, “bouge toi”, “tu as tout pour être heureux”... toutes ces vaines tentatives exacerbent le problème finalement.

 

Pour être déprimé, il faut d’abord se faire des illusions, idéaliser les choses, les gens, le monde, le travail, les situations, par projections de notre éducation et de notre expérience. Comment devraient se comporter idéalement les individus selon notre propre réalité idéalisée. “Dès que nous sentons que la réalité que nous avions construite ne convient plus, nous n’avons plus de réponse à nos problèmes” (Watzlawick, 2006).

 

C’est la désillusion, la rupture de notre réalité avec notre monde symbolique. Nous étions uni dans un seul corps/esprit, notre individualité éclate en morceaux où le Ça, le Moi et le  Surmoi sont éparpillés dans tous les sens. L’individu tente de reconstruire le puzzle mais l’image s’est effacée, il n’y a plus de modèle, incapable de ressentir et d’appréhender les choses avec recul, ni priorité. C’est la dissociation. La désunion, la fragmentation de la conscience, de la mémoire, de l’identité, des sens et de la perception. La personne à l’impression de vivre en dehors de son corps.

 

Pour Janet, la pensée normale synthétise les niveaux subconscient et conscient, ce qui permet l’unité du Moi. Dans la dissociation, l’individu n’arrive plus à synthétiser les différents phénomènes psychologiques. Certains sont enregistrés par la conscience et d’autres par le subconscient et de manière anarchique. 

Ce rétrécissement de la conscience est provoqué par la fatigue, le stress, le trauma et accentué par certains médicaments.

Pour Freud, il s’agit d’un mécanisme de défense, le refoulement, dont le but est de protéger la conscience sauf que l’inconscient ne supporte qu’un certain niveau de tensions accumulées par les pulsions refoulées. Pour prévenir tous risques de débordement, le psychisme les évacue vers des voies d’allègement automatiques : rêves, lapsus, actes manqués et… somatisation ! Le corps est choisi comme moyen et lieu de décharge. 

 

Tous les appareils du corps peuvent être le siège de la maladie psychosomatiques. Cependant, les troubles psychosomatiques n’ont rien de symbolique. Angoisses archaïques et tentatives pour les contenir et les symboliser. Trauma subi dans l’enfance qui, de l’extérieur semble anodin, mais vécu par l’individu comme terrifiant si bien qu’il ressurgit au cours de la vie lors d’un épisode de peur intense ressentie. Cette peur vient fracturer la conscience causant une angoisse d’effondrement, d’anéantissement, de morcellement et d’intrusion.

 

Cet état de conscience altérée se retrouve dans l’état hypnotique. C’est la simultanéité d’une activité mentale consciente et inconsciente. “En focalisant l’attention du sujet sur un objet ou une sensation et en suggérant l’inhibition des éléments extérieurs, il est possible de créer une forme de dissociation entre l’expérience subjective et le monde environnant” (Laurence et Perry, 1981).

Certaines dissociations traumatiques se rapprochent de l’hypnose dissociante où la personne vit la situation avec détachement, avec du recul, en l’analysant mentalement. Dissociation en tant que mécanisme de défense pour préserver l’intégrité mais aussi pour comprendre une scène trop pleine d’émotions que la personne ne veut pas vivre en tant qu’acteur. 

 

Dans la dépression sévère, avec ses symptômes de dépersonnalisation et de déréalisation, se joue l’équilibre entre pulsion de vie et pulsion de mort. L’objectif crucial est de maintenir puis de développer la pulsion de vie qui se caractérise par le passage à l’acte, par l’agir. 

A l’inverse, ce qui caractérise la pulsion de mort, c’est l’absence de passage à l’acte, c’est l’incapacité à prendre une décision. la pulsion de vie adapte son niveau d’énergie au psychisme de l’individu.

 

Alors, si la pulsion de vie est caractérisée par le passage à l’acte, faut-il voir dans le suicide son acmé ? Malgré le côté définitif du geste qui semble contradictoire ? 

Je veux vivre dépouillée de cette angoisse traumatisante et incapacitante alors je disparais définitivement… je me vois crever donc je passe à l’acte dans une ultime pulsion de vie…” 

 

A chacun de tenter de comprendre, puis de pardonner…


 

La personnalité selon Robert J. Sternberg

Le 21/03/2020

Etude de la personnalité - Les styles de pensées (Robert J. Sternberg)


 

Robert J. Sternberg est psychologue et professeur de psychologie cognitive à l’université privée de Cornell (Etat de New York, USA).

Ses recherches portent sur les différentes formes d’intelligence humaine.

 

La théorie de la personnalité auto-gouvernée (ma traduction certainement impropre) soutient que les styles de pensée peuvent être compris en termes de constructions à partir de nos notions de gouvernement. 

 

Qu’est ce qu’un style pensée ?

Un style de pensée est une façon spécifique et propre de raisonner, d’apprendre et d'engranger des informations. Ce n’est pas une aptitude mais plutôt une façon dont nous utilisons nos aptitudes. Nous n’avons pas un seul style de pensée mais un profil spécifique.

 

  1. Les fonctions : législative, exécutive et judiciaire

 

Législatif : l’individu orienté vers la législation a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui nécessitent la création, la formulation, la planification d'idées, de stratégies, de produits, etc... 

Il aime décider quoi faire et comment le faire, plutôt que d'être informé.

 

Exécutif : l’individu orienté vers l'exécutif a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui fournissent une structure, des procédures ou des règles avec lesquelles travailler, et qui, bien que modifiables, peuvent servir de lignes directrices pour mesurer les progrès. 

Il préfère qu'on lui dise quoi faire.

 

Judiciaire : l'individu à orientation judiciaire a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui nécessitent une évaluation, une analyse, une comparaison-contraste et un jugement des idées, stratégies, projets et autres. 

Il a tendance à évaluer les autres, parfois sur la base d'informations minimales.

 

  1. Les formes : monarchique, hiérarchique, oligarchique et anarchique

 

Monarchique : l'individu monarchique a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui permettent de se concentrer complètement sur une chose ou un aspect à la fois jusqu'à ce qu'il soit terminé. 

Il est déterminé et souvent conduit, et aime terminer une chose avant de passer à la suivante.

 

Hiérarchique : l'individu hiérarchique a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui permettent la création d'une hiérarchie d'objectifs à remplir. Il  aime faire plusieurs choses dans un laps de temps donné. 

Il sait prioriser et s'adapter dans de nombreux contextes. 

 

Oligarchique : l'individu oligarchique a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui permettent de travailler avec des approches concurrentes, avec de multiples aspects ou objectifs qui sont tout aussi importants. Il aime faire plusieurs choses dans un laps de temps donné, mais a du mal à définir des priorités. 

Il s'adapte si les demandes concurrentes ont une priorité à peu près égale, mais il a plus de mal si les choses sont de priorités différentes.

 

Anarchique : l'individu anarchique a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui se prêtent à une grande flexibilité d'approches et à tout essayer quand, où et comment il le souhaite. Cet individu a tendance à être asystématique ou même antisystématique. 

Il a tendance à adopter une approche aléatoire des problèmes et il est parfois difficile à comprendre pour les autres.

 

  1. Les niveaux : local et mondial

 

Local : l'individu local a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui nécessitent un engagement avec des détails spécifiques et concrets. Il aime les détails mais il peut perdre de vue la forêt en ne se concentrant que sur les arbres. Les individus affichant ce style ont tendance à apprécier les tâches qui les obligent à garder une trace des détails et à se concentrer sur les spécificités concrètes d'une situation.

 

Global : l'individu global a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui nécessitent un engagement avec de grandes idées globales et abstraites. Cette personne aime faire face aux grandes idées, mais peut parfois perdre le contact avec les détails - elle peut voir la forêt mais perdre de vue les arbres. 

Les personnes employant ce style apprécient les tâches qui les encouragent à réfléchir aux idées principales et à ne pas avoir à se soucier des détails.

 

  1. Portée : interne et externe

 

Interne : l'individu interne a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui nécessitent des activités qui permettent de travailler indépendamment des autres. Il préfère travailler seul, il est généralement introverti et souvent mal à l'aise en groupe.

 

Externe : l'individu externe a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui permettent de travailler avec d'autres dans un groupe ou d'interagir avec d'autres à différents stades de progression. Il préfère travailler avec les autres, il est généralement extraverti et très à l'aise en groupe.

 

  1. Penchants : libérale et conservatrice

 

Libéral : l'individu libéral a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui impliquent une méconnaissance, allant au-delà des règles ou procédures existantes et maximisant le changement. Parfois, il peut préférer le changement simplement pour le plaisir, même s'il n'est pas idéal. 

Il aime les nouveaux défis et prospèrent dans l'ambiguïté.

 

Conservateur : l'individu conservateur a une prédilection pour les tâches, les projets et les situations qui nécessitent le respect des règles et procédures existantes. 

Il aime minimiser les changements et éviter toute ambiguïté.


 

Ce qui est très intéressant avec la théorie de Sternberg, c’est sa simplicité, sa logique et son pragmatisme. Sa mise en oeuvre s’avère simple pour appréhender une personnalité. 

Si je me pose en tant que manager, qualifier une personnalité me permettra d’assigner des tâches en rapport avec le type de fonctionnement de la personne, ce qui maximisera sa bonne réalisation. La personne s’en trouvera valorisée et elle pourra développer ses compétences, professionnelles et même personnelles.

 

Source : Thinking styles, Robert J. Sternberg - Cambridge University Press (1997)

 

Eléments gestuels d'une interview à charge : Juan Branco vs Apolline de Malherbe

Le 23/02/2020

Quels sont les éléments contextuels non verbaux qui accréditent la thèse selon laquelle l’interview d’Apolline de Malherbe était à charge contre l’avocat Juan Branco ?

Pour rappel, l’interview se déroule sur BFM le 17/02 février dernier. Apolline de Malherbe reçoit l’avocat Juan Branco, qui défend Piotr Pavlenski, l’activiste politique qui a diffusé les vidéos privées de Benjamin Griveaux.

Cette interview s’est déroulée durant une vingtaine de minutes dans un climat assez tendu, voire accusateur de la part de la présentatrice. Ce qui est intéressant, c’est la posture de chacun des protagonistes. S’ils sont tous les deux avec le buste bien en avant pour Juan Branco illustrant sa volonté d’échanger, Apolline de Malherbe est également avec le buste en avant mais surtout avec son épaule droite plus en avant que la gauche. C’est une posture qui induit une certaine agressivité dans la communication, la personne a totalement confiance en ses arguments et les défendra avec ardeur. 

Si l’on observe un peu plus en détail l’hémi visage avec lequel la journaliste regarde l’avocat, avec quel oeil elle le regarde, on s’aperçoit que c’est avec le droit. Elle est donc dans une écoute vigilante, elle analyse. Elle n’est pas dans le lien. 

Alors que Juan Branco reste maître de son discours, c’est sa main droite qui l’illustre et ses doigts qui ne montrent aucune tension. En revanche, la journaliste illustre son propos avec sa main gauche, des mains jointes (11 sec., 5 min. 34 sec.), a priori dirigées vers son invité, donc horizontales. Ce geste traduit en principe un désir de rassembler les parties en se plaçant au même niveau. Malheureusement, avec une observation plus fine, on s’aperçoit que les avant bras de la journaliste sont ascendants et non horizontaux, ce qui nous permet de nuancer cette volonté de faire consensus. Au contraire, ce geste vient accréditer la thèse de l’agressivité dans un désir de trancher (3 min. 15 sec.).

Si l’attitude d’Apolline de Malherbe se veut empreinte d’intention combative, la dimension affective vient adoucir son intention et illustrer un stress mal contenu qui, en général, se veut contre productif.

On peut le voir dans le clignement des paupières de la journaliste. Ils sont nombreux comparativement à ceux de l’avocat, qui lui est dans l’analyse, la gestion. L’émotion est donc palpable et mal maîtrisée. 

Également, Apolline de Malherbe se réfugie fréquemment dans une bulle qui fait figure de pare excitation. Son regard s’abaisse vers sa gauche (passé émotionnel) pour se donner de l’allant, mais aussi pour gagner du temps dans la réflexion qui se trouve perturbée par le niveau émotionnel. C’est un item de réassurance. 

Si l’on ne prête aucune attention au contenu verbal de cet échange, posez-vous la question de savoir si celui sort grandi de cette joute n’est pas celui qui maîtrise ses émotions ?

N’est-ce pas dans cet objectif que les formations d’intelligence émotionnelle connaissent (à raison pour autant qu’elles ne soient pas d’anciennes formations remises au goût du jour et simplement rebaptisées) un certain succès ?

 

Lien Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=dR5kBhNdj5I&t=1s

 

 

Juan branco apolline de malherbe

 

Le manque de l'autre ou le besoin ?

Le 01/02/2020

Le manque de l’Autre est avant tout un besoin d’éviter un vide intérieur, qui crée inconsciemment des angoisses, des frustrations, de la colère.

 

Le manque de l’Autre (ou le manque à “Etre”) peut être apprivoisé par l’intelligence émotionnelle. Les angoisses suscitées par le manque, le stress, peuvent provoquer des accès d’alexithymie, cette espèce de confusion des sens où le cerveau archaïque vient court-circuiter le cerveau cognitif. L’alexithymie désigne le manque de mots pour qualifier et désigner ses états affectifs, ni de pouvoir les distinguer les uns des autres, l’intelligence émotionnelle permet de nommer avec précision ses ressentis, ses manifestations physiques en lien avec ses émotions. C’est la granularité émotionnelle. 

 

Ce sentiment de manque/besoin vient de la petite enfance où la tendresse souhaitée a manqué. Chercher à la combler inconsciemment en se tournant irrémédiablement vers l’extérieur en se nourrissant de l’autre, persuadé que l’amour donné ou la reconnaissance apaisera, peut amener à rejouer inlassablement la même partition - cercle vicieux.

 

Si une mère se trouve trop angoissée, trop stressée et/ou dans une détresse psychologique, elle sera incapable d'interpréter correctement les signaux non verbaux émis par son nourrisson. Une mère suffisamment bonne, en revanche, est capable inconsciemment de répondre aux besoins de son nourrisson, précisément en adoptant le point de vue du nourrisson.

 

Ce comportement inadéquat de la mère angoissée va générer une vraie frustration pour son nourrisson, faire naître une rage impuissante dit Joyce McDougall, qui va pousser le nourrisson à mettre en oeuvre comme il le peut des moyens de protection qui perdureront dans la vie d’adulte.

L’enfant va ainsi éjecter de lui, vers l’extérieur, vers les autres et qui peut aller vers l’outrancier, cette angoisse qu’il ne peut contenir en surinvestissant les relations interpersonnelles comme dans un sport, une activité, des amis. Comme l’angoisse est née avant l’acquisition de la parole, il est impossible à l’enfant de la symboliser, ni de poser des mots dessus et donc de lui donner du sens. Le vide s’installe et se fait plus prégnant mais il devra être comblé. Cette angoisse peut aussi avoir une résonance (et c’est souvent le cas) particulière sur son propre corps, c’est la somatisation (par exemple, en développant un eczéma). 

 

C’est cette incapacité à symboliser ce qui affecte la personne, l’enfant, qui le pousse à chercher toute sa vie ce qui aurait dû l’aider à le rassurer. Lacan parle d’objet a, Freud de castration, Winnicott de mère suffisamment attentionnée. En tous les cas, c’est ce rôle qu’aurait dû tenir le parent pour aider son enfant à surmonter l’angoisse causée par la séparation (mère-enfant). 

 

Il subsiste inconsciemment cette envie de retourner dans la matrice, dans cette relation dyadique où la mère est omnipotente et comble, ou tout au moins dans nos fantasmes, tous les besoins. C’est l’envie, le désir de l’amour-fusion-universel.

 

L’un des biais les plus courant que j’ai observé, dans ce type de relation interpersonnelle surinvestie, c’est cette obligation de croire que l’autre doit être fusionnel, identique à soi, avoir les mêmes pensées que les siennes, ne pas avoir d’avis différent, être une projection de soi. Ce qui peut créer des incompréhensions avec les autres, à force de projection, la personne peut mal interpréter des propos.

C’est une incapacité à comprendre et à intégrer que l’autre est différent, donc un territoire étranger et qu’il participe à notre développement personnel en nous proposant une lecture contradictoire. Nous sommes fait des autres. 

 

Un autre biais, moins répandu mais que je connais particulièrement bien, c’est la dépendance affective dissimulée sous des strates d’indépendance revendiquée. La peur d’être englouti par l’amour, la peur qu’il cesse et la crainte de ressentir cette béance lorsqu’il n’est plus. Seule parade a priori : le clivage émotion/cognition par l’évitement, la fuite, le déni.

 

Encore une fois, l’intelligence émotionnelle permet de dépasser (doucement) ce clivage en se confrontant à ses ressentis de la rencontre avec les autres (qui n’est pas l’Autre) et de se réapproprier l’expérience de ses sensations corporelles et émotionnelles. Elle rééquilibre nos deux cerveaux. L’autre n’est pas l’idéal ni du Moi, ni de l’Autre, mais certainement qu’il peut nous apporter quelque chose de positif.

 

“La peur de la solitude crée l’attachement, la possessivité, le besoin de manipuler l’autre et de tout contrôler. On devient tour à tour bourreau, victime, sauveur ou jouet, un engrenage qui risque de devenir destructeur. Toutes les dépendances ont la même source : le sentiment de solitude évité.”

 

 

Dock mod

 

Focus : "des-pressions"

Le 04/01/2020

La dépression est une maladie que nous pouvons aborder sous l'angle de l'analyse comportementale.

Parce que le comportement est inhibé, il est intéressant de mettre en lumière les facteurs qui contribuent à cet état et ce, afin de pouvoir agir pour en sortir.

Dans mon processus d'analyse du comportement, il y a l'étude de l'agentivité, de la construction de la pensée, de l'auto régulation et de l'auto réflexion.

Dans ce court article, j'ai choisi d'aborder l'agentivité et plus précisemment (mais succintement) l'environnement et les topiques freudiennes.

 

Pulsion de vie / Pulsion de mort

La dépression, sévère ou non, est un mal redoutable de nature psychosomatique dû à un dérèglement de l'humeur.

L'humeur se définit comme "la disposition affective et émotionnelle qui conditionne la manière dont nous ressentons les évènements qui, normalement, engendrent de la joie ou de la tristesse (source : etat-depressif.com)."

Cet état psychologique peut faire suite à un évènement traumatique, comme par exemple l'attaque de l'hypercasher à Vincennes, le 9 janvier 2015 à 13h (environnement imposé). Il faut bien avoir conscience que les proches habitants, promeneurs et personnels des bureaux situés à proximité ont tous vécus individuellement/subjectivement l'évènement. Selon leur propre ressenti, leur propre histoire, leurs propre ressources (facteurs de régulation).

Les personnes qui n'ont pas pu digérer correctement cette violence gratuite ont développé un état dépressif avec toute sa graduation possible (topiques freudiennes).

Difficultées à travailler, à se concentrer, à avoir une vie sociale... un cercle vicieux où pulsion de vie et pulsion de mort s'affrontent.

Ce qui caractérise la pulsion de vie, c'est l'action, le passage à l'acte, le mouvement, le dynamisme. A l'inverse, pour la pulsion de mort, c'est l'absence de passage à l'acte, l'incapacité à prendre une décision. La pulsion de mort est constante alors que la pulsion de vie s'adapte au niveau énergique du psychisme de l'individu.

 

L'angoisse augmentée

L'inaction augmente l'intensité de l'angoisse, donc pour lutter contre, il est nécessaire de rester ou de se mettre en action, en mouvement. Mais l'angoisse représente un signal face à l'imminence d'un danger pour l'intégrité physique. En fonction de l'intensité de l'angoisse ressentie, le deuil sera possible ou impossible. Deuil de l'idéal du moi.

Lorsque la personne consulte un thérapeute (psychiatre, psychologue, psychothérapeute, psychopraticien...), elle va devoir se questionner pour tenter d'intégrer les évènements traumatisants, pour tenter de revenir au présent alors que son trauma l'a bloquée au moment où le mal a fracturé sa conscience. Mais certaines fois, ce questionnement fait ressurgir des souvenirs d'enfance qui étaient jusque là profondément enfouis dans l'inconscience, fait ressurgir des sensations diffuses et désagréables et jamais expliquées. Ce phénomène peut être la conséquence d'une "crypte" et ce sentiment d'angoisse sera amplifié pour le faire passer au niveau supérieur...

La crypte est un deuil qui s'installe à l'intérieur de la personne. C'est un secret qui peut être intergénérationnel transmis inconsciemment à un proche, à son enfant. Ca peut être un mariage forcé de sa grand-mère, puis sa mère qui a vécu la même chose et qui peut expliquer sa relation aux hommes.

Ca peut être le non désir de parentalité mais que la vie a fait que la personne a quand même eu un enfant. Cependant, ce non désir originel n'aura jamais été avoué à son enfant. Sauf que ce non dit a des répercussions sur la façon d'être avec son enfant, sur les gestes que le parent lui porte et d'autres comportements encore. Qui dit secret, dit honte ressentie par rapport à ce secret vis à vis du monde extérieur. Au niveau de la dynamique psychologique, la crypte est l'incorporation de la perte d'un "objet" (psychologiquement parlant) représentant l'idéal du moi. Pour lutter contre la perte de cet "objet", la personne va s'identifier à celui-ci pour tenter de le conserver en lui. C'est ce qu'on appelle l'identification mélancolique narcissique.

Hélas, la personne s'expose à une double impossibilité :

- impossibilité de constituer un idéal avouable à partir d'un secret honteux et inavouable,

- dénoncer ce secret sous peine de détruire son idéal du moi.

C'est donc une impossibilité de "dire" qui inhibe la névrose elle-même, qui engendre par la suite un sentiment de culpabilité. D'autant que ce sentiment de culpabilité est conscient chez la personne, alors que la crypte est (je vous le rappelle) un phénomène inconscient. Ce qui explique que le niveau d'angoisse monte d'un cran et que le sentiment de ne pas savoir ce qui cause cet état, ou qui l'amplifie, ronge la personne au-delà des mots/maux.

 

La thérapie

Il est donc primordial de s'entourer de personnes bienveillantes, amis, famille, proches, qui vous apporterons leur soutien et une partie des ressources nécessaires pour sortir de cet état dépressif. Comme il est primordial d'en parler avec un professionnel, un psy ou un groupe de paroles. Apprendre à bien respirer (il existe de nombreuses techniques), se faire violence pour marcher tous les jours, s'investir dans un projet même s'il vous paraît minime et si vous pouvez : ne consommez ni alcool, ni drogue, ni neuroleptique dont les effets secondaires sont dévastateurs. L'expérience m'a fait constater leurs effets encore peu connus, dont les médecins restent sans réponse, que sont les symptômes de dépersonnalisation et de déréalisation. Des symptômse sur lesquels je reviendrai lors d'un autre article plus spécifique.

 

Mais soyez convaincu que cet état dépressif se soigne dans la durée, qu'il représente une phase de la vie mais qu'il y a un après. Gardez toujours ça à l'esprit et ce, même si vous êtes dans un accès d'angoisse sévère !!!

 

Instant Popcorn : le comportement agressif est-il précurseur de l'issue d'un combat ?

Le 06/11/2019

Dans un combat ritualisé, l’agressivité est-elle précurseuse de son issue ? Est-il possible de prédire le vainqueur d’un combat futur ?

C’est l’instant Popcorn qui peut vous faire gagner quelques paris en Martial Mixed Art, puisqu’il s’agit là d’analyser la séance de pesée qui se déroule 24h avant le combat.

Pratiquant de Self Defense et de boxe française depuis de nombreuses années, fan également de boxe anglaise et de MMA, je me suis demandé s’il était possible de deviner le vainqueur d’un combat sans le regarder. Pour cela, je me suis intéressé à ce moment particulier qu’est la pesée. Chaque combattant se retrouve en caleçon/shorty/slip sur la balance pour vérifier qu’il est bien au poids de sa catégorie.

C’est aussi un moment de tension où les combattants se retrouvent face à face pour la photo qui annonce leur affrontement. Un moment de tension donc, qui sert à faire le show pour les médias et autres sites de paris.

Sur cette adresse internet, j’ai analysé rapidement les boxeurs et leurs gesticulations :

https://www.youtube.com/watch?.v=K97F666aORU

 

Sur ces 10 pesées, vous pouvez remarquer immédiatement et sans équivoque, celui qui se montre plus agressif. Pour autant, a-t-il été celui qui est ressorti vainqueur du combat ?

Dans l’ordre de la vidéo, voici les résultats :

  • Duffy vs Madady, 2017 : Madady est le plus agressif mais perd aux points,
  • Bisping vs Leites, 2015 : Bisping est le plus agressif et remporte le combat aux points,
  • Allen vs Amirkhani, 2017 : Amirkhani est le plus agressif mais perd le combat aux points,
  • Diakese vs Pachalen, 2017 : Diakese est le plus agressif et remporte le combat par KO,
  • Lawler vs Macdonald, 2019 : Lawler est le plus agressif et remporte le combat par KO,
  • Lee vs Mustafaer, 2016 : Lee est le plus agressif et remporte le combat aux points,
  • Mendes vs McGreggor, 2019 : McGreggor est le plus agressif (pléonasme…) et remporte le combat par KO,
  • Jedrzejczyk vs Penne, 2015 : jedrzejczyk est la plus agressive et remporte le combat par arrêt de l’arbitre,
  • Madadi vs J. Silva, 2017 : Madadi est le plus agressif mais perd le combat aux points (ça fait 2 fois quand même…),
  • Bisping vs A. Silva, 2016 : Bisping est le plus agressif et remporte le combat aux points.

A la lumière de ces constatations, je peux dire que lors de la pesée, le combattant qui se montre plus agressif que l’autre a 7 chances sur 10 de remporter le combat ! Ce qui est tout de même significatif.

Quelles attitudes agressives ont-été observées ?

La gestuelle est ample, large, saccadée. Le combattant occupe un large espace et semble vouloir se donner plus de largeur physique, un peu comme le paon le fait avec sa roue (pour un autre but) ou le porc-épic pour se défendre. Le corps est mobile avec une amplification de la colère, elle est surjouée et s’autoalimente pour croître encore. Celui qui vocifère et gesticule est toujours dans le spectaculaire, alors que l’autre est plus dans une attitude spéculaire (« je suis présent dans la relation et plus authentique ») voire spéculatif (« je suis dans mon monde et je me concentre sur l’objectif de demain »). 

Pourquoi vouloir montrer autant d’agressivité ?

Agressif signifie « aller vers, s’approcher, aborder, entreprendre quelqu’un, attaquer ». L’agression et la recherche d’occuper un espace au dépend d’un autre (en l’occurrence l’octogone) est une recherche de reconnaissance (être déclaré vainqueur). Là où il y a violence verbale, il y a combat territorial, de l’espace.

En éthologie, l’agression a 3 fonctions : la répartition des êtres vivants semblables dans le territoire, la sélection entre rivaux et la défense de la progéniture (Lorenz). Si le taux de testostérone joue un rôle important dans le comportement agressif, le système nerveux central peut produire lui-même des stimulis et s’autoalimenter (Lorenz).

Je précise que la testostérone joue également un rôle pro-social, voire altruiste mais qui n’est pas dénué d’intérêt (de conquérant), le but étant d’atteindre ou de maintenir un statut social ou une position dominante.

Qu’en est-il de l’analyse comportementale selon mon schéma intégratif ? (cf. mes derniers articles)

  • Environnement : choisi, le MMA est un sport de combat multidisciplinaire qui demande un réel investissement physique et mental,
  • Facteurs de régulation : cognitif, il requiert une préparation physique et mentale poussée et stratégique ; affectif, il fait appel à ses instincts grégaires et ne requiert que peu d’intelligence émotionnelle ; biologique, il fait appel à des qualités physiques indéniables.
  • Intentionnalité : combat planifié, structuré avec la recherche d’une stratégie adaptable,
  • Pensée anticipatrice : but proximaux, gagner le combat en vue d’un meilleur classement dans la Fédération et accéder au Top 1 pour être déclaré meilleur que les autres,
  • Auto-réactivité : autorégulation en mode inhibiteur si défaillance de l’auto-observation et de la réaction corrective, en mode proactif si les actions correctives se montrent efficaces,
  • Auto-réflexion : la croyance d’efficacité personnelle est également un point important de la motivation, mais qui s’arrête au moment de monter sur le ring. Sans elle, le boxeur ne sort pas du vestiaire.

En conclusion de cet Instant Popcorn, léger a priori, il en ressort néanmoins une analyse précise sur les éléments de la motivation qui vont jouer un rôle concomitant quant à l’issue du combat. Par extension, quelque soit la personne que vous avez en face de vous et quelque soit la situation, si elle est plus agressive que vous ne l'êtes, alors il est plus sage de rompre le contact ou de le différer. Parce qu'elle aura toujours une intention délétère qui par son intensité vous dépassera, ce ne sera jamais du ressort cognitif et vous en ressortirez grandi !

 

Alors à vos paris en ligne ! Prêt ? Pariez !

Sources :

  • « mécanisme de l’agressivité liée à la testostérone », J Hanoune, G Pinna, E. Costa, A Guidotti (2005),
  • HAL – archives ouvertes, « de l’agression à la violence verbale, de l’éthologie à l’anthropologie de la communication », B Fracciola (2013).

 

Conor mcgregor