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Verbaliser, c'est guérir

Le 05/12/2016

 

Verbaliser, c’est guérir

La définition de « verbaliser » est : dresser un procès-verbal. C’est aussi s’exprimer, se faire comprendre par le langage, formuler ses pensées par la parole, faire connaître ses sentiments et ses opinions (réf. Larousse).

 

Verbaliser, c’est donc exprimer une idée, un sentiment, une émotion. Au contraire, intérioriser équivaut à garder pour soi, sans partage, au risque de ne pas se faire comprendre.

La conséquence néfaste est le refoulement de cette émotion et la naissance d’un sentiment négatif qui, s’il n’est pas extériorisé, enflera comme une tumeur et générera une stratégie d’adaptation envers l’objet/la personne/la situation qui en est à l’origine.

Ce sentiment négatif ne disparaît jamais, il ne demande qu’à s’exprimer de n’importe quelle façon (sublimation, déplacement…).

 

L’émotion comme système d’échange

Faisons un focus rapide sur la perception et la régulation des émotions. Elles passent par 3 systèmes (réf. Neurofit.ch) :

- le système neurophysiologique (hormonal et neurovégétatif),

- le système moteur (corps, visage, voix),

- le système cognitif expérientiel (c’est la capacité à prendre conscience et à verbaliser le ressenti).

 

L’émotion est le liant entre les individus dont un des buts est l’inclusion (appartenir à un groupe).

L’individu dispose de 2 processus distincts pour appréhender la réalité (réf. Les motivations.net) :

- le système expérientiel qui est instinctif, associatif, orienté vers l’action immédiate mais avec un mode de pensée stéréotypé et émotionnel,

- le système rationnel, plus analytique et logique, dirigé par la raison. L’individu évalue, encode, décode, prévoie et ensuite agit.

 

Dans la communication interpersonnelle, ces 2 systèmes sont aisément identifiables lorsque la personne s’exprime davantage avec l’une ou l’autre de ses mains.

Par exemple, un homme politique comme François Bayrou va s’exprimer en majeur partie avec sa main droite. Un discours qui est donc analytique, ce qui est normal pour un bègue.

Alors que le témoignage d’une personne sur un évènement personnel verra une main gauche plus active que la droite (hémisphéréité).

 

Pourquoi devoir verbaliser ses émotions ?

Mais ne soyons pas clivant. Nous ne sommes ni tout l’un, ni tout l’autre, mais un savant mélange dont notre tempérament et notre caractère sont le reflet. Un cerveau droit (instinctif) qui communique avec un cerveau gauche (analytique) grâce à un corps calleux, véritable autoroute du partage de l’information.

 

Il faut bien avoir en tête que l’Etre Humain recherche la satisfaction de son plaisir personnel (pulsions) et l’évitement du déplaisir face au principe de réalité.

L’Etre Humain doit préserver son équilibre psychique et physiologique (homéostasie) grâce à différentes stratégies d’adaptation. S’il n’y a pas de passage à l’acte pour satisfaire son plaisir, une frustration va naître et se diffuser insidieusement dans le psychisme. Elle va investir chaque recoin de nos pensées, tapie, pour ne demander qu’à être satisfaite d’une manière ou d’une autre.

 

Le déséquilibre psychique (visible sur le corps par des micros démangeaisons au visage et sur les membres) intervient dès lors qu’un trop grand nombre d’envies ne sont pas réalisées, lorsque la coupe des frustrations déborde ou lorsqu’une situation est vécue comme un traumatisme.

 

Les occasions de refouler une idée, un sentiment ou une émotion sont nombreuses, que ce soit au travail, en société ou dans la sphère privée. Mais cela se fait toujours au détriment de soi.

 

Une des stratégies la plus efficace  

Cela va permettre de se concentrer sur l’émotion ressentie, de la décrire, de lui donner corps grâce à la richesse du vocable employé (granularité).  Mettre des mots sur ce qui est ressenti  permet de se respecter et de gagner en estime de soi. Vous occuperez l’espace de communication (professionnel, familial, privé) avec plus d’efficience, vous enrichirez votre point de vue grâce aux différents angles d’analyse qui s’imposeront à vous et enfin, vous responsabiliserez l’autre en lui faisant prendre conscience de l’impact que la situation/parole a eu sur vous.

 

Objectif : être soi

S’exprimer, verbaliser, c’est être plus cohérent avec soi-même et envers les autres. C’est rendre la communication plus fluide, plus honnête mais surtout, c’est une contre-stratégie au  refoulement qui est la porte d’entrée prépondérante de la dépression.

Vous enrichirez votre point de vue grâce aux différents angles d’analyses qui s’imposeront à vous et enfin, vous responsabiliserez l’autre en lui faisant prendre conscience de l’impact que la situation/parole a eu sur vous.

 

 

Verbaliser

 

La larme à l'oeil

Le 20/11/2016

Si vous observez une conversation, vous verrez immanquablement qu’à un moment, une des personnes se grattera une zone du visage à l’évocation d’un fait, d’un souvenir, d’un sentiment ou encore d’une émotion. La psychologie et les neurosciences nous ont appris que le corps ne fait pas les choses sans raison. Ce phénomène, appelé « homéostasie », répond à la nécessité de rétablir l’équilibre psychique.

Un geste qui vient gratter la peau, la caresser ou encore un geste de préhension est là pour décharger une pulsion de façon indirecte car elle est confrontée au principe de réalité des contingences sociales. Mais comme cette pulsion se doit d’être exprimée, le psychisme le fait par des chemins détournés.

Dans un contexte de tristesse ou de joie et lorsque la personne verse des larmes – qui sont l’expression de la sincérité - plusieurs points sont particulièrement intéressants à observer.

  • Quel est le côté du visage qui est touché en premier, lorsque la 1ère larme est essuyée ?
  • Quelle est la main qui intervient pour réaliser ce geste ?
  • Quel est le doigt choisi inconsciemment ?

Nous pouvons logiquement nous demander ce qu’évoquent ces larmes pour la personne ?

Se sent-elle responsable ? Cette situation la touche-t-elle personnellement ?

A l’analyse de plusieurs vidéos, nous avons observé que si la main essuie d’abord le côté gauche du visage, « c’est que la personne se sent pleinement responsable de ce qui lui arrive. Que les larmes soient de tristesse ou de joie. » C’est le cas pour Cécile Bourgeon dont le procès s’instruit actuellement, sa fille Fiona morte suite à des coups portés (https://www.youtube.com/watch?v=XSWBM5unnms).

Par ailleurs, si la main essuie d’abord le côté droit du visage alors « la personne n’est pas responsable de ce qui se passe, elle n’aurait pas pu éviter la situation (positive ou négative) ? » C’est le cas de Christophe Dechavanne lorsque sa fille Ninon parle de lui (https://www.youtube.com/watch?v=aKo5EuemlVo).

Lorsque le geste s’effectue, il est rare que ce soit la main du côté opposé qui le réalise. Généralement, c’est la main du côté identique à la larme essuyée qui intervient.

Cependant, lorsque la personne croise pour essuyer la larme - main droite/œil gauche, main gauche/œil droit - elle fait intervenir une stratégie de défense pour se protéger (de quoi ? Peut-être est-ce à trouver…).

Enfin, lorsque les 2 mains effectuent le geste de façon simultané, nous pouvons émettre l’hypothèse que l’émotion ressentie touche trop profondément la personne qui n’a d’autre stratégie de défense que la régression. La régression, en psychologie, est un retour à des modes de pensée et de conduite qui ne correspondent ni à l’âge, ni à la maturité psychique de la personne (http://www.psychologies.com/Dico-Psycho/Regression). Cette régression fait référence à un évènement qui a marqué l’évolution du développement psychique de l’enfant : perte d’un parent, carence affective précoce, sevrage trop tôt, allaitement exagérément prolongé. C’est le cas pour Mamadou Sakho qui évoque la disparition de son père sur un plateau de télé (https://www.youtube.com/watch?v=mBK9npC8yWI).

Maintenant, nous connaissons également la signification des doigts de la main

Petit rappel sur le choix du doigt qui va nous orienter sur le ressenti de la personne.

- Le pouce est la représentation de notre Ça, de notre identité intrinsèque et instinctive. Je le brandis pour dire « je vais bien » ou encore lors d’une altercation « c’est à moi que tu parles ? »

- L’index est une affirmation du Moi dans l’environnement, c’est dire que notre être instinctif s’exprime en tenant compte des règles sociétales. Je le lève pour prendre la parole.

- Le majeur est intéressant parce qu’il est le doigt le plus long de la main mais surtout parce qu’il SEMBLE sortir de la main pour aller vers l’autre. Je le brandis fièrement dans un contexte de dualité pour dire que « peu importe qui tu es, JE fais ce que je veux ET JE me fiche de ce que TU en penses ! »

- L’annulaire représente le clan, la famille mais aussi la douceur du cocon. Il évoque la relation de couple, de famille.

- L’auriculaire est ainsi le doigt le plus à l’extérieur de notre main et il représente l’harmonie, l’équilibre dans l’environnement.

 

Vous voyez dès à présent que si le pouce est le doigt le plus proche de nous, qu’il représente notre individualité, l’index introduit la notion d’environnement et le majeur la confrontation AVEC cet extérieur.

Quelle que soit la situation évoquée avec l’autre, il est primordial de faire preuve de grande empathie, de le questionner sur ce qu’il ressent et pourquoi il le ressent.

Enfin, gardons bien présent à l’esprit qu’il est juste nécessaire de valoriser l’autre et ce, sans arrière-pensée.

 

Cecile bourgeonChristophe dechavanneMamadou sakho

 

Théo Padnos : ex otage d'Al Nostra. Décryptage

Le 30/10/2016

Théo Padnos, américain de 46 ans, prisonnier pendant 2 ans du front Al-Nostra, la branche syrienne d’Al-Qaïda.

 

Ce témoignage est rare, riche en informations et en émotions.

Plutôt que de lister de façon académique la pléthore de gestes et leurs significations, analysons la vidéo sous le triptyque suivant :

 

- l’envie de témoigner,

- la tension palpable,

- le souvenir/la bulle.

 

Témoigner

Nous pouvons observer que Théo Padnos exprime son envie de communiquer sur son expérience d’otage. Les gestes effectués avec les mains, que ce soit individuellement ou ensemble, illustrent bien ce désir.

A 12 sec. lorsque la main gauche vient gratter la nuque alors que la main droite exprime le rejet.

A 2 min. 17 sec. lorsque la main gauche vient placer les cheveux derrière l’oreille, pour se recadrer et revenir dans l’échange.

La mobilité des sourcils est également un bon indice de cet état d’esprit. Ils se lèvent, s’écarquillent dans une volonté de communiquer, de faire partager.

 

Pour rester sur la zone du visage, les expressions faciales sont les premières à transmettre l’émotion. C’est le cas avec la peur lisible sur le visage de Théo Padnos, à 28 sec.

Mais c’est encore plus le cas avec la cognition incarnée qui est ce moment où la personne revit et mime l’action avec son corps (26 sec. et 33 sec.).

 

Le corps tendu

Il n’en demeure pas moins que le corps est sous tension et qu’il le montre. C’est notamment perceptible lorsque le buste se retire vers l’arrière, pour manifester son envie de fuir l’échange (1 sec.), lorsque les lèvres se mordillent (2 sec.), ou encore lorsque la bouche se pince pour retenir des propos (30 sec. et 53 sec.).

L’axe de tête nous signifie la rigidité et la vigilance qui contribuent à ce corps tendu, comme c’est le cas avec l’axe latéral droit et l’axe rotatif droit qui sont fréquents, tout au long de ce témoignage.

 

Retour dans sa bulle

Enfin, ce qui est particulièrement touchant, c’est l’émotion pudique qui transparaît derrière un clignement d’yeux plus long que d’ordinaire (2 sec.), un regard qui s’abaisse vers sa gauche pour se remémorer les tristes faits (1 sec., 5 sec., 30 sec.), revenant ainsi dans sa bulle.

 

Si je devais choisir une image illustrant cette séquence, ce serait celle-ci :

 

Theo padnos

 

Lien vers la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=f-7rPLoRAkk

 

J’en profite, en cette fin d’année qui approche à grands pas, pour vous remercier de me lire. Vous êtes toujours plus nombreux, canadiens, américains, anglais, espagnol, africains et même français à lire mes articles. Ca me fait plaisir et c’est stimulant.

J’en profite également pour remercier ma relectrice et correctrice, Sophie, qui subit mon immédiateté depuis fort fort longtemps et qui fait en sorte de rendre mes articles lisibles/compréhensibles par le plus grand nombre.

 

A très bientôt

 

 

Koh Lantagonisme !

Le 15/10/2016

Koh Lanta 2016 nous offre une bonne occasion d’observer les différentes stratégies comportementales individuelles, mises en place au sein d’un groupe, pour servir un objectif personnel.

Gardons à l’esprit 2 notions très importantes :

- Will Schutz et l’élément humain (inclusion, contrôle et ouverture). L’inclusion désigne les liens entre les personnes, le désir de recevoir de l’attention, d’interagir, d’appartenir et d’être unique. Le contrôle désigne les relations de pouvoir, d’influence et d’autorité entre les gens. Enfin, l’ouverture est le degré auquel je souhaite être ouvert envers une autre personne.

- le dilemme du prisonnier. Imaginez que 2 prisonniers soient interrogés par les policiers. Ces derniers leurs proposent un choix : dénoncer son complice ou non. Si vous dénoncez votre complice et que lui aussi vous dénonce, vous avez une remise de peine d’1 an tous les deux. Si vous dénoncez votre complice et que lui vous couvre, vous avez une remise de peine de 5 ans et lui a la peine maximale. Enfin, si vous vous couvrez tous les deux, alors vous bénéficiez d’une remise de peine de 2 ans, tous les deux. Vous voyez bien qu’il est nécessaire de coopérer pour vous en sortir à moindre mal…

 

Allez, direction KOH LANTA, l’île au trésor, épisode 7.

L’heure de l’unification a sonné pour les Rouges et les Jaunes. Chaque équipe doit désigner un ambassadeur. Les 2 ambassadeurs s’isolent pour tenter de s’entendre sur un aventurier à éliminer.

Chez les Jaunes, c’est Jérôme qui est désigné après s’être imposé face à Jérémy. En faisant de ce rôle un objectif personnel, il se pose en Sauveur et c’est ce qui le perdra.

Du côté des Rouges, c’est la courte paille qui désigne arbitrairement Julie. Le hasard fait bien les choses, tant elle est « lunaire » mais avec une motivation d’acier.

 

Quel objectif pour chaque ambassadeur ?

Pour Jérôme, c’est de faire plier le Rouge afin qu’un aventurier de cette équipe soit éliminé. Il sera ainsi le Sauveur de son équipe et reviendra auréolé de ce « statut » face à ses coéquipiers.

Pour Julie, c’est de garder sa ligne de conduite : moralité et bienveillance, quitte à sortir du jeu.

 

Que s’est-il passé ?

Stratégiquement, c’est un naufrage. Jérôme se trouve devant l’impossibilité de convaincre Julie d’éliminer une personne de son équipe. Certain et confiant, il n’avait cependant pas tout prévu. Se retrouver face à Julie fut déjà un manque cruel de clairvoyance, mais devoir la laisser tirer en 1er la boule est un oubli qui va précipiter son départ (lui qui était convaincu de sa chance). C’est donc Julie qui tire la boule blanche et pousse l’ambassadeur Rouge vers un retour prématuré en France… oust !

 

Qu’ont-ils oubliés ?

Qu’ils participaient à un jeu et que leur objectif personnel était de le GAGNER.

 

Quelle aurait été la meilleure stratégie à adopter ?

Comme l’a montré le dilemme du prisonnier, la voie à suivre était la COOPERATION et non pas la négociation.

Chaque ambassadeur aurait désigné un aventurier de leur équipe qui représente un obstacle à l’atteinte de leur objectif personnel. Jérémy pour Jérôme car il est mal intégré au groupe ; Stéphane pour Julie car lui la considère comme faible.

Les ambassadeurs auraient eu recours au hasard (tirage à la courte paille pour épargner leur morale) pour sceller le sort d’un des deux protagonistes.

Un petit arrangement entre amis en somme…

 

Que leur a-t-il manqué ?

Ils ont simplement oublié leur objectif personnel en priorisant le groupe et pour ne pas égratigner leur morale (cf. l’élément humain).

Mais en optant pour cette stratégie vouée à l’échec, Jérôme prend un aller simple pour Paris avec pour seul bagage son statut de Sauveur. Son image est sauve face à sa famille, quant au jeu… un rêve s’envole !

 

« La sentence est irrévocable… »

 

Koh lanta

 

 

 

 

 

Ces gestes parlent pour vous !

Le 28/09/2016

Certaines situations vous paraissent d’emblée difficiles, conflictuelles :

un entretien professionnel, une émission de télé, de radio, un RDV avec le prof. principal de votre enfant, que sais-je encore…

Ces moments sont  très stressants. Pour les affronter, nous nous préparons psychologiquement  par des représentations mentales, grâce auxquelles nous visualisons la scène telle qu’elle pourrait se dérouler.

Nous pouvons aussi faire baisser le niveau de stress si nous nous isolons une dizaine de minutes au cours desquelles, nous nous emploierons à imaginer les pires scénarios possibles.

 

Au niveau du corps, nous gérons ces situations par la respiration ventrale, qui a un effet quasi immédiat sur le rythme cardiaque (il va baisser) puisqu’elle sollicite le système parasympathique au détriment du système sympathique.

Nous pouvons également nous concentrer sur chaque partie de notre corps pour en ressentir toutes ses manifestations (chaleur, tremblements, irrigation sanguine, contraction/déconctraction musculaire…). Le focus sur nos sensations va dérouter le cerveau de l’élément stressant.

 

Gérer son stress est une bonne (une excellente) chose, cependant nous restons toujours à la merci d’un imprévu, d’une remarque, d’un geste et ou d’une attitude qui va non seulement nous surprendre, mais nous déconcerter et potentiellement nous faire perdre nos moyens (ressources). Ainsi, tout le travail préparatoire sera réduit à néant.

Savoir reconnaître certains gestes annonciateurs d’un verbiage négatif contribuera à gagner en confiance en soi et nous donnera l’élan nécessaire pour prendre quelques secondes de réflexion, puis s’affirmer.

 

Prenons 2 exemples de gestes typiques :

 

- Votre interlocuteur affiche son plus beau faux-sourire (sans participation du front, ni des yeux bien sûr) et pose ses coudes sur la table. Ses mains sont jointes vers le haut, paume contre paume.

Par ce geste, votre vis-à-vis vous fait comprendre qu’il est celui qui sait et qu’il n’est pas d’accord avec vous. Si une tension musculaire se voit dans son geste, dans ses mains, alors ne soyez pas surpris de voir celles-ci tomber comme un couperet face à vous, bien décidées à trancher (et pas forcément en votre faveur).

 

- Votre interlocuteur affiche toujours son sourire de circonstance, les coudes posés sur la table et les mains ascendantes. Cependant, les doigts s’entrecroisent et les index sont érigés vers le haut à la manière d’un double pistolet.

C’est un geste qui signifie que votre vis-à-vis se sent dominant (ce qui n’est bien sûr pas forcément le cas), qu’il n’est pas d’accord avec vous et qu’il va vous le signifier de façon agressive.

 

Face à ce genre de comportement qui n’a qu’un seul but : vous affaiblir pour mieux vous « détruire » (je vous assure que le terme n’est pas trop fort au regard des quelques exemples vécus que j’ai en tête), votre stratégie dépendra de l’enjeu de la situation et elle est fonction de votre « tempérament ».

 

- Vous pourrez adopter un comportement inhibé, c’est-à-dire que vous aurez du mal à oser, à refuser et à exprimer votre opinion. Cependant, ce sera au détriment du respect de votre propre position.

- Vous pourrez adopter un comportement agressif, dans ce cas-là vous riposterez (avec différentes positions du curseur) parce que vous vous sentirez agressé. Vous respecterez ainsi votre position, vos valeurs mais pas celle de votre vis-à-vis.

- Enfin, vous pourrez adopter un comportement affirmé où vous saurez demander, verbaliser vos avis, vos opinions en cohérence avec vos valeurs, votre interlocuteur et l’environnement (cf. les différentes méthodes d’affirmation de soi).

 

Voici 3 exemples illustrant ces stratégies face au même comportement agressif :

 

Comportement inhibé (à nuancer) : https://www.youtube.com/watch?v=2eSppTMvn54

Comportement agressif (mais amène) : https://www.youtube.com/watch?v=wMWHDdmnao8

Comportement affirmé (voire affable) : https://www.youtube.com/watch?v=q2r68jKbFdw

 

Vous noterez la position du buste pour chaque invité, dirigé vers l’avant lorsqu’il a envie d’échanger, vers l’arrière lorsqu’il « laisse la main ». Lorsqu’il analyse les propos et élabore une contre argumentation (voire une pique), son buste sera tout d’abord vers sa droite en arrière, puis s’avancera vers l’autre pour exposer son propos.

 

Voici pour ces gestes annonciateurs qui ne pourront plus vous surprendre, ni annihiler votre travail préparatoire. Leur reconnaissance ne demande pas beaucoup d’effort cognitif et les reconnaître in situ vous fera certainement sourire en coin.

 

Yann moix 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Yann moix 2

A la recherche de l'authenticité, plutôt que du mensonge

Le 04/09/2016

L’action personnelle l’emportera toujours sur une action poussée par autrui, que le contexte soit celui de la réinsertion, la sortie d’une relation toxique, l’abandon d’une addiction ou d’une idéologie ou encore dans le cadre d’une thérapie comportementale et cognitive.

 

L’homme est heureux quand il décide de faire, d’autant plus qu’il a besoin de communiquer sur ce qu’il fait. Pour cela il recherche des personnes qui partagent certaines de ses valeurs et qui sont susceptibles de lui faire un retour positif, source de valorisation. C’est le processus d’inclusion de Will Schutz  dans « L’élément humain », ce désir de faire partie d’un groupe pour y être reconnu en tant qu’individu.

 

Il est donc nécessaire de faire prendre conscience à la personne son intérêt à changer et à se mettre en action. Gustave Le Bon, dans « psychologie des foules », avançait que la foule est toujours intellectuellement inférieure à l’homme isolé. L’individu a besoin d’être valorisé et respecté mais il est important de recadrer cette valorisation dans un autre contexte plus positif, ouvert et constructif que celui qu’il a connu jusqu’à maintenant (cf. Paul Watzlawick).

 

Mais comment faire comprendre à une personne qu’elle a tout intérêt à changer de perspective ?

 

Selon le domaine d’activité, il sera nécessaire soit de réunir des personnes qui ont des connaissances spécifiques, comme des scientifiques, des sociologues, des psychologues et autres synergologues… soit de collecter préalablement des informations qui seront utile pour offrir d’autres champs de vision à la personne.  

 

Ensuite, la recherche des signes non verbaux de l’authenticité est une posture primordiale et respectueuse versus la recherche du mensonge. C’est une posture parce qu’à trop vouloir rechercher les signes du mensonge, on en voit partout (!) et notre langage non verbal va trahir nos intentions, qui seront interprétées inconsciemment par le vis-à-vis comme une menace. La suggestion ne prendra pas.

 

Lorsqu’un signe non verbal laissera à penser qu’il y a un hiatus de communication, l’interrogatoire devra être suffisamment souple pour aller tirer le fil de la pelote et mettre à jour les non-dits.

 

Mais comment reconnaître l’authenticité ?

 

Gardons bien à l’esprit que lorsqu’une personne bouge (en situation de communication bien sûr), elle change d’état d’esprit. C’est à ce moment qu’elle est la plus lisible.

Une personne qui n’est pas authentique surjoue en termes de gestes, voire de paroles (Fabrice Luchini en est un bon exemple). Elle veut contrôler son corps et son discours. Son attention sera focalisée sur cet objectif de ne rien laisser paraître quoique ce soit de pensée personnelle.

Son regard sera ainsi quelques fois concentré sur un point inexistant, donnant à la personne l’impression qu’elle s’est réfugiée dans son monde. Or, c’est à la meilleure façon de tisser son histoire qu’elle réfléchit. Posez-lui des questions précises et vous observerez que son buste va passer de l’avant vers l’arrière, afin de prendre un temps de réflexion, puis revenir vers l’avant pour vous « servir la soupe ». Prenez de la hauteur à cet échange et vous remarquerez que la personne agit en rythme (cf. « corps de bois » d’Elodie Mielczarek) et que c’est ce rythme qui trahit son désir contrôle.

 

Des yeux pas très ouverts et peu de clignements de paupières sont également de très bons indices. La personne n’enregistre pas ce que vous lui dites, ça entre par une oreille et ressort par l’autre. Trouver un autre angle d’approche pour que son cerveau soit étonné, soit diverti, voire déboussolé. Faites preuve de créativité et n’hésitez pas à être paradoxal dans votre argumentation.

 

L’amplitude de la gestualité est aussi un bon paramètre et raccord avec l’exemple de Fabrice Luchini. Les gestes seront faits avec grande amplitude lorsque la personne se déconnecte de son discours, sans affect. En revanche, ils sont réalisés proche du corps lorsque la personne se projette et s’associe à son discours.

 

Ces clés devraient vous aider à discerner les différentes phases du changement d’état d’esprit de la personne et ainsi, vous pourrez orienter votre questionnement de façon à renforcer la suggestion et faire que la personne y adhère.

 

« Le point de départ de la suggestion est toujours l’illusion produite chez un individu au moyen de réminiscences, puis la contagion par voie d’affirmation de cette illusion primitive ». G. Le Bon

 

 

Prisonnier

 

S'asseoir sur les épaules des géants... et faire le point

Le 25/08/2016

 

« Nous sommes des nains assis sur des épaules de géants. Si nous voyons plus de choses et plus lointains qu’eux, ce n’est pas à cause de la perspicacité de notre vue, ni de notre grandeur, c’est parce que nous sommes élevés par eux ».

Jean de Salisbury, Metalogion, 1159

 

 

La rentrée reprend ses droits avec son implacable marche en avant, après avoir passé des vacances revigorantes, vivifiantes mais également reposantes.

 

Aussi, pour reprendre le rythme et vous fixer des objectifs SMART (Spécifiques, Mesurables, Atteignables, Réalistes et Temporellement définis) pour cette année, je vous propose un exercice très simple de Systémie. Avant de faire le premier pas en avant, il est primordial de prendre de la hauteur pour voir où nous nous situons, de prendre la photographie de notre situation à cet instant de notre vie.

 

C’est un exercice de réflexion où le sentimental et l’émotionnel n’ont pas leur place, par manque d’objectivité. Il va falloir faire preuve d’abnégation pour analyser froidement votre environnement, en mettant de côté vos peurs, vos colères, vos joies, vos emportements passionnels et vos regrets. Que du factuel ! Cette étape est cruciale alors prenez le temps nécessaire.

 

Vous devez tout d’abord identifier les différentes composantes de votre vie d’hier et d’aujourd’hui : amis, collègues, couple, enfant, activités sportives, activités artistiques, faits de vie, etc…

 

Pour les personnes, elles peuvent être des amis proches comme des personnages publics qui ont eu une influence sur votre développement, vos motivations. Pour procéder, vous pouvez vous baser sur les distances chères à Edward T. Hall (proxémie, lien https://www.psychologie-sociale.com/index.php?option=com_content&task=view&id=141&Itemid=44), ce qui peut vous aider à visualiser et donc vous souvenir.

Commencer par la sphère publique, puis la sphère sociale, la sphère personnelle et la sphère intime. Une sphère = une ou plusieurs personnes pour lesquelles vous qualifiez la relation.

Vous ont elles aidées à grandir ou au contraire, vous ont elles freinées dans votre développement ? Quelles sont celles qui ont comptées pour vous en termes de retour d’image, de valorisation ?

 

Pour les activités, elles peuvent être sportives, artistiques, ludiques… Posez-vous la question de savoir si cela vous a coûté de les pratiquer, si elles vous ont apporté de nouvelles ressources/qualités/sensations. Les avez-vous pratiquées pour faire plaisir ou étiez-vous motivé ? Etiez-vous physiquement à ce que vous faisiez et y prêtiez-vous toute votre attention ?

 

Ceci fait, il est temps d’organiser vos données. Placez-vous au centre d’une feuille (dessinez-vous, collez une photo ou un avatar) et organisez tout autour les différentes composantes de votre vie en vous reliant à elles par des lignes, ces composantes sont susceptibles d’être elles aussi détaillées. Vous pouvez, par exemple, préciser si vous avez plusieurs amis sur lesquels vous pouvez compter, ou pas.

 

Ces lignes seront continues pour les composantes positives et d’une couleur qui représente le positif pour vous (genre… bleu), elles seront en pointillées pour les composantes négatives et d’une couleur qui représente le négatif pour vous (genre… rouge).

 

A ce stade, vous savez quelles composantes vous ont aidé à évoluer, celles sur lesquelles vous devez désormais vous appuyer et que vous avez à développer.

Toutes celles qui représentent le négatif, vous pouvez tirer un trait dessus, ne vous y attardez plus parce que c’est une perte de temps et d’énergie.

 

Vous voilà fin prêt pour faire le 1er pas du reste de votre vie et atteindre vos objectifs !

 

 

Monenvironnement

 

Ds2c flyer

 

 

Attentat de Nice : quel témoin croire ?

Le 30/07/2016

Témoignages de l’attentat de Nice : qui croire ? Quel est le vrai héro ?

 

Après l’attentat de Nice du 14 juillet dernier, les différentes rédactions de presse écrites et télévisées se sont lancées dans une course féroce pour interviewer des témoins. Certains sont authentiques alors que d’autres sont sujets à caution.

 

Certains gestes sont propres à un échange authentique, alors que d’autres correspondent à une stratégie consciente de vouloir travestir la vérité, de l’enjoliver pour se donner plus d’importance et dont le seul but est d’être reconnu (l’inclusion).

 

Voici 2 vidéos de témoins de cet attentat, qui illustrent parfaitement ce schéma. 2 liens YouTube avec mon analyse non-exhaustive qui vous permet de vous faire une idée.

 

Témoignage n°1 : https://www.youtube.com/watch?v=Sl9MQ-Pl6Hg

 

L’émotion qui transpire de cette interview est la peur (1 min. 42, 2 min. 23, 2 min. 27, 3 min. 35).

Elle est toujours présente sur le visage du témoin et elle peut prendre plusieurs formes.

Voyez les yeux dans lesquels nous distinguons le blanc entre l’iris et la paupière inférieure en fin d’interview (sanpaku à 4 min. 12, 4 min. 17, 4 min. 38).

Les dents du bas sont très souvent visibles, également de nombreux clignements de paupières : ce sont des items de peur.

Voyez à 1 min. 24, lorsque le témoin dit : « il devait rouler à 90 km/h », les paupières se ferment de façon appuyée et plus longtemps qu’à la normale.

C’est un retour sur soi dans un contexte difficile.

Les sourcils participent activement à l’échange et viennent appuyer les propos (24 sec., 30 sec., 39 sec., etc…).

Le plus marquant, de mon point de vue, c’est ce fréquent petit mordillement de l’intérieur de la joue droite. Ce type de mordillement est fait lorsqu’est évoqué un évènement négatif (25 sec., 40 sec., 57 sec., 1 min. 15, 1 min. 32, 2 min. 33, 2 min. 54, 3 min. 13, 3 min. 30, 4 min, 4 min. 27).

 

Le corps est souple, il n’y a pas de tension dans les épaules et la tête est mobile. Vous devez vous dire que vu ce qu’il a vécu, ce stress devrait se lire sur son corps, les muscles devraient être rigides. Sauf que ce stress était palpable sur le moment, lors de l'attentat. La réaction à la peur fut l’attaque et son corps fut « paramétré » pour frapper. L’action terminée, le corps a en quelque sorte décompensé et il n’a plus à être en mode « guerrier », il est rassuré. De plus, le témoin n’a pas à inventer, ni à édulcorer la vérité, ainsi il n’a pas d’effort cognitif à faire pour livrer son témoignage.

 

Enfin, l’interviewé lève souvent le regard vers le haut (par exemple à 1 min. 28 et à 2 min. 27), ce qui est propre à l’évocation de la vérité.

 

Témoignage n°2 : https://www.youtube.com/watch?v=sVvkjPETTvU

 

La peur est beaucoup moins prégnante, moins évidente, moins dévoilée, dans cette interview parce qu’elle « flirte » avec de la colère retenue.

Sur certaines images arrêtées, nous pouvons distinguer cette colère (2 min. 04) avec les dents du haut apparentes dans un rictus typique.

L’hémi visage gauche est également plus expressif que le droit, plus ouvert traduisant une envie de se mettre en avant.

L’interviewé cligne peu des paupières, il n’est pas dans la relation mais dans son monde.

 

Sa langue sort plusieurs fois. Droit devant lorsque des propos négatifs ou ironiques sont verbalisés (à 11 sec. « j’ai vu une personne se faire écraser… » et à 1 min. 05, lorsqu’il dit en regardant de face la caméra « si cette personne est toujours en vie, j’aimerais bien la rencontrer »).

Elle sort aussi du coin gauche de la bouche pour rentrer au centre (2 min.27), pour traduire ici l’envie de nous faire compatir au fait qu’il n’a pas dormie depuis 36h.

 

Nous pouvons également observer des défocalisations actives du regard. C’est-à-dire que ses yeux vont s’arrêter sur différents points inexistants dans l’espace (défocalisation car son regard n’est plus dans celui de l’autre) mais de façon consciente, donc « calculée ». Ce n’est pas de la concentration qui permet de rappeler des souvenirs mais plutôt une construction consciente d’images où se mêlent réalité et fiction.

 

L’interviewé va aussi focaliser son regard dans celui du journaliste, par exemple à 1 min. 22, lorsqu’il dit avoir entendu le conducteur du scooter taper le camion. Il regarde le journaliste dans les yeux alors que la logique voudrait qu’il ait le regard tourné vers la gauche, plutôt dirigé vers le bas. Là, il cherche l’effet produit de son histoire dans le regard du journaliste pour pouvoir s’y adapter ensuite.

 

Enfin, en augmentant significativement la vitesse de lecture de la vidéo, vous vous apercevez que ses mouvements de tête sont stéréotypés, répondant à un rythme régulier qui est propre au « corps de bois » (cf Elodie Mielczarek, www.leblogdelasemio.com).

 

Pour conclure, le 1er témoignage est évident en termes d’authenticité parce qu’il ne soulève aucune question, même pour un néophyte.

 

Le 2nd en revanche est sujet à caution, tant la réalité vécue et évoquée se mélange dans des souvenirs qui semblent construits. La communication est moins fluide. Cette 2nde interview aurait mérité des questions plus précises de la part du journaliste.

 

Nice 14 juillet 2016